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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu
Autoren: Steven Pressfield
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muse pour parler à leur place, j’adressais mon appel rauque à l’Archer lointain.
    Si tu m’as vraiment choisi, Archer, que tes flèches acérées jaillissent alors de mon arc. Prête-moi ta voix, Archer qui portes loin. Aide-moi à raconter l’histoire.

2
    Les Thermopyles sont un site thermal. Le mot en grec signifie « Portes chaudes » et il dérive du fait que des sources thermales y jaillissent et, Sa Majesté le sait, que les défilés étroits et vertigineux par lesquels on accède au lieu sont dits en grec Portes de l’Est et de l’Ouest.
    Le Mur Phocidien, où tant des combats les plus désespérés se sont déroulés, n’a pas été construit par les Spartiates pour la bataille ; il était antérieur et fut érigé jadis par les habitants de Phocis et de Locris comme défense contre les incursions de leurs voisins du nord, les Thessaliens et les Macédoniens. Quand les Spartiates sont venus prendre possession de la place, il était en ruines et ils l’ont reconstruit.
    Les sources et le défilé lui-même ne sont pas considérés par les Hellènes comme propriété des habitants de la région, mais comme un bien ouvert à toute la Grèce. On attribue aux bains thermaux des propriétés curatives et, l’été, ils regorgent de visiteurs. Sa Majesté a pu juger du charme de ses bosquets ombragés et de ses maisons de bains, des bouquets de chênes sacrés de l’Amphictyon et du chemin plaisamment tortueux bordé par le Mur des Lions, celui dont on dit qu’il a été bâti par Héraklès lui-même. En temps de paix, il est jalonné des tentes aux couleurs vives et des kiosques des marchands de Trachis, d’Anthela et d’Alpenoi, qui vendent aux voyageurs aventureux ce qui peut leur être utile pour les bains.
    Au pied de la falaise qui se dresse près de la Porte du Milieu jaillit une double source sacrée, dédiée à Perséphone ; on l’appelle la Fontaine Skyllienne. C’est là que les Spartiates ont établi leur camp, entre le Mur Phocidien et la colline où s’est déroulé l’ultime et féroce combat. Sa Majesté sait combien peu d’eau potable dispensent les autres sources des montagnes environnantes. La terre entre les Portes est habituellement si desséchée et poussiéreuse que les thermes chargent des domestiques de huiler les chemins pour la commodité des baigneurs. Le sol lui-même est dur comme de la pierre.
    Sa Majesté a vu à quelle vitesse cette argile aussi dure que du marbre s’est changée en boue sous les masses affrontées des guerriers. Je n’ai jamais vu tant de boue, ni si profonde, et dont l’humidité venait du sang et de l’urine des guerriers saisis de terreur.
    Quand les troupes de tête, les éclaireurs spartiates, arrivèrent aux Thermopyles avant la bataille, quelques heures avant le corps principal qui avançait à marche forcée, elles découvrirent à leur surprise deux groupes de baigneurs, l’un de Tirynthe et l’autre d’Halcyon, une trentaine d’hommes et de femmes séparés et plus ou moins dévêtus. Ces visiteurs furent saisis, pour le moins, de voir soudain apparaître parmi eux des Skirites vêtus de pourpre et en armure ; tous âgés de moins de trente ans, ces derniers avaient été triés sur le volet pour leur vitesse et leur prouesse dans les combats de montagne. Ces éclaireurs chassèrent les baigneurs et leur cohorte de marchands de parfums, de masseurs et de masseuses, de marchands de gâteaux de figues et de pains, de filles de bains, de garçons à racler le corps et tout le reste ; ces gens-là étaient parfaitement informés de l’avance des Perses, mais ils avaient cru que la récente tempête en amont de la vallée avait rendu impossible l’approche des défilés par le nord. Les éclaireurs confisquèrent la nourriture, les savons, le linge et les accessoires médicaux, ainsi que les tentes des thermes, qui devaient paraître plus tard tellement incongrues, alors qu’elles étaient joyeusement gonflées par le vent au-dessus du carnage. Ils remontèrent ces tentes à l’arrière, dans le camp Spartiate de la Porte du Milieu, les réservant à Léonidas et à sa garde royale.
    Quand il arriva, le roi de Sparte refusa de se servir de ces tentes, les jugeant inconvenantes. L’infanterie lourde Spartiate les refusa également. Par une de ces ironies du sort auxquelles les guerriers sont rompus, elles échurent donc aux hilotes spartiates, thespiens, phocidiens et esclaves locriens d’Oponte, ainsi qu’à
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