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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu
Autoren: Steven Pressfield
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d’autres intendants du corps d’armée, qui avaient été blessés par un tir de flèches et de projectiles. Le jour suivant, néanmoins, ces derniers rejetèrent ces abris et les tentes de lin égyptien aux couleurs vives servirent en fin de compte à abriter les bêtes de trait de l’intendance, mulets et ânes ; mais, terrorisés par le spectacle et les fracas de la bataille, ces animaux devinrent rétifs et incontrôlables, et les tentes finirent en lambeaux comme l’a constaté Sa Majesté. À la fin, on y tailla des pansements pour les Spartiates et leurs alliés.
    Quand je dis « Spartiates », je me sers du mot grec qui désigne les Lacédémoniens de la classe supérieure, les Spartiates de plein droit, homoioi ou Pairs. Aucun membre de la classe dite des Néodamodes, des hilotes affranchis, ni de celle des Périèques, des Spartiates de seconde classe, ni encore de ceux qui furent mobilisés dans les villes lacédémoniennes voisines ne s’est battu aux Murailles de Feu ; ce n’est qu’à la fin, quand les survivants spartiates étaient si peu nombreux qu’ils ne pouvaient plus former une ligne de front, qu’un « certain élément de soutien », comme dit Dienekès, esclaves affranchis, porteurs d’armes et valets d’intendance, fut autorisé à remplir les places vacantes.
    Quant à ma position dans le corps de l’armée, il me faudra pour l’expliquer faire une digression dont j’espère que Sa Majesté aura la patience de l’écouter.
    J’ai été capturé, ou plus exactement je me suis rendu à douze ans à un heliokekaumenos, terme Spartiate de dérision qui signifie littéralement « brûlé par le soleil ». Le mot s’applique à une jeunesse quasiment sauvage, tannée par les éléments au point d’en être presque aussi noire que les Éthiopiens ; il y en avait beaucoup dans les montagnes, avant et après la première guerre contre les Perses. J’avais auparavant été rejeté parmi les hilotes, cette classe de serfs que les Lacédémoniens avaient créée avec les habitants de la Messénie et de l’Hilos, conquis et réduits en esclavage au cours des siècles récents. Mais ces cultivateurs m’avaient rejeté en raison de défauts physiques qui me rendaient inapte aux travaux des champs. Et, de plus, les hilotes détestaient et rejetaient tout étranger, parce que ce pouvait être un espion. J’ai mené pendant un an une vie de chien, puis le destin, la chance ou la main d’un dieu m’ont mis au service d’Alexandros, un jeune homme Spartiate qui était un protégé de Dienekès. Cela me sauva la vie. Ironiquement, je fus au moins reconnu comme étant né libre, et parce que je montrais cette nature de bête sauvage que les Lacédémoniens trouvaient admirable, je fus alors élevé au rang de parastates pais, c’est-à-dire partenaire d’entraînement pour la jeunesse enrôlée dans l ’agogê, ce fameux et impitoyable service d’entraînement qui transformait les jeunes gens en guerriers spartiates.
    Tout fantassin lourd Spartiate va à la guerre servi par au moins un hilote. Les énotomarques, c’est-à-dire les chefs de section, en ont deux. C’était le cas de Dienekès. Il n’est pas rare qu’un officier de son rang choisisse comme premier féal son valet de combat, un étranger libre, ou même un jeune mothax, non-citoyen ou bâtard Spartiate à l’âge de agogê. Ce fut ma chance, pour le meilleur ou pour le pire, d’être assigné par mon maître à ce poste. J’étais chargé de l’entretien et du transport de son armure, j’entretenais son équipement, je préparais ses repas et le lieu où il dormirait, je soignais ses blessures et, en général, je faisais tout ce qu’il fallait pour qu’il fût libre de s’entraîner et de se battre.
    Le foyer de mon enfance, avant que le destin me menât sur la route qui s’acheva aux Murailles de Feu, se trouvait à l’origine à Astakos, en Acarnanie, au nord du Péloponnèse, où les montagnes s’inclinent à l’ouest le long de la mer vers la Céphallénie et, au-delà de l’horizon, la Sicile et l’Italie.
    L’île d’Ithaque, la terre du légendaire Ulysse, est visible au-delà des détroits. Je n’ai jamais eu moi-même l’honneur de fouler le sol sacré du héros, ni comme enfant ni plus tard. Mon oncle et ma tante avaient bien prévu de m’offrir la traversée à l’occasion de mon dixième anniversaire. Mais d’abord notre ville tomba, les hommes de mon clan furent tués et
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