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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu
Autoren: Steven Pressfield
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confiseries au miel, roulades de figues fraîches et bols de riz et d’avoine grillée dans de l’huile de sésame fraîche.
    Mais, le troisième jour, des ampoules apparaissaient sur les miliciens. Les avant-bras et les épaules étaient écorchés vif par les lourds boucliers. Bien que la plupart de ces guerriers fussent des fermiers et des maraîchers, supposés endurcis aux éléments, ils avaient en fait passé le plus clair de leurs activités agricoles à compter leurs sous dans des chambres fraîches et non derrière leurs charrues. Ils se fatiguaient à suer, car il faisait chaud sous les casques. Au quatrième jour, ces vaillants guerriers commençaient à exciper de prétextes ; leur ferme avait besoin de ceci, leur boutique de cela, les esclaves les volaient effrontément et les journaliers se perdaient en débauches.
    — Regarde donc si les lignes avancent droites sur le champ d’entraînement, se moquait Bruxieus, plissant les yeux vers moi et le reste des garçons, elles avanceront moins fièrement quand il pleuvra des flèches et des javelots. Chacun se dépêchera de se mettre à droite dans l’ombre de son camarade. Il voulait ainsi parler de l’ombre du bouclier du combattant de droite. Quand ils affronteront les lignes ennemies, l’aile droite se sera déplacée d’un demi-stade et elle sera repoussée vers sa place véritable par sa propre cavalerie.
    Néanmoins, nous pouvions mobiliser sur-le-champ quatre cents hoplites lourdement armés et, en dépit des ventres mous et des doubles mentons, notre armée de citoyens s’était montrée plus que valeureuse, du moins pendant ma brève existence. Le même Onaximandre possédait un superbe couple de bœufs qu’il avait pris aux Kérioniens, que nos armées, alliées aux Argiens et aux gens d’Éleuthères, avaient pillés sans merci pendant trois ans d’affilée, brûlant cent de leurs fermes et tuant soixante-dix de leurs hommes. Mon oncle Ténagre leur avait alors pris un robuste mulet et toute une armure. Tout le monde leur avait pris quelque chose.
    Mais revenons-en aux manœuvres de notre milice. Au cinquième jour, les pères de notre ville étaient à bout de forces, lassés, écœurés. Ils redoublaient de sacrifices aux dieux dans l’espoir que la faveur des immortels compenserait toute carence dans le polemike technê, c’est-à-dire l’art de la guerre, ou d ’empeiria, c’est-à-dire encore d’expérience des armées. Les rangs dans les camps d’entraînement s’étaient largement dégarnis, et c’était alors que nous, les garçons, nous y courions pour nous livrer à nos propres jeux, avec nos boucliers et nos lances de gamins. C’était pour les aînés le signal de la fin des exercices. Les va-t-en-guerre râlaient beaucoup, mais le gros des soldats était soulagé et l’on annonçait la parade finale. Quels que fussent cette année-là les Alliés de la cité (les Argiens, par exemple, avaient dépêché leur stratégos autokratôr, c’est-à-dire leur commandant militaire suprême), tout le monde était gaiement envoyé aux postes de parade ; nos citoyens-soldats reprenaient du poil de la bête, parce que leur épreuve touchait à sa fin ; ils se harnachaient de tous les équipements sur lesquels ils pouvaient mettre la main et défilaient glorieusement.
    Ce point final était la plus grande attraction ; elle était assortie de la meilleure musique et de la meilleure nourriture, sans parler du gros vin de printemps, et il n’était pas rare qu’on vît à la vigile de minuit une carriole de ferme ramener à la maison trente-cinq livres d’armure de bronze et cent soixante-dix livres de guerrier ronflant.
    Ce matin-là, qui enclencha ma destinée, fut marqué par des œufs de lagopède.
    Parmi les nombreux talents de Bruxieus figurait son adresse en tout ce qui touchait aux oiseaux. Il était passé maître en matière d’appeaux. Il les fabriquait avec les branches des arbres mêmes dont ses proies raffolaient. En un déclic si délicat, à peine audible, ses pièges astucieux se déclenchaient pour emprisonner l’oiseau par les « bottes », comme disait Bruxieus, et toujours en douceur.
    Un soir, Bruxieus m’appela en douce derrière le pigeonnier. D’un geste théâtral, il releva son manteau pour me montrer sa dernière prise, un lagopède mâle tout remuant de fureur. J’étais fou d’enthousiasme. Nous comptions déjà six poules dans le poulailler. Un mâle signifiait une chose : des
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