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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu
Autoren: Steven Pressfield
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de Sa Majesté attaquât. Je me réveillai en sursaut. Les masses des Perses se trouvaient à une portée de flèche.
    Léonidas debout était en première ligne. Comme toujours, Dienekès se tenait devant son peloton, en formation de sept sur trois, à la fois plus large et moins profonde que n’importe quel autre jour. J’étais troisième dans le deuxième rang, pour la première fois sans mon arc, mais tenant la lourde hampe de la lance qui avait appartenu à Doréion. Mon bras gauche était engagé dans le manchon de bronze recouvert de toile du bouclier qui avait été celui d’Alexandros. Mon casque avait appartenu à Lachide et mon bonnet de feutre, à Démade, le servant d’Ariston.
    — Tous les yeux sur moi ! ordonna Dienekès, et les hommes détachèrent leurs yeux de l’ennemi, qui se mettait en formation et qui était si proche qu’on lui voyait les prunelles entre les cils et les interstices entre les dents.
    Ils étaient si nombreux que c’en était inhumain. Je manquai d’air. Je sentais le sang battre sur mes tempes et dans mes yeux. J’étais pétrifié, je ne sentais ni mains, ni pieds, je priais de toutes mes forces, simplement pour ne pas perdre connaissance. Suicide était à ma gauche et Dienekès devant.
    Le combat éclata comme la marée arrive. On y sentait la folie des dieux, dont le caprice dicterait l’heure de la destruction. Le temps s’effondra. Tout était confus et mélangé. Je me souviens d’un élan des Spartiates, repoussant l’ennemi pour le jeter à la mer, et d’un autre qui projeta la phalange en arrière comme un bateau que la tempête balaie de bâbord à tribord. Je me rappelle comment mes pieds, solidement plantés, glissèrent en arrière sur le sol gluant de sang et d’urine, sous la poussée de l’ennemi. J’étais comme un gamin aux pieds enveloppés de peau de mouton et qui glisse sur la glace.
    Je vis Alphée attaquer seul un char, tuant le général, l’écuyer et les deux gardes de part et d’autre. Quand il tomba, percé à la gorge par une flèche perse, Dienekès le tira en arrière. Puis il se releva, encore agressif. Je vis Polynice et Derkylide emporter le corps de Léonidas, chacun tenant par une main le corselet fracassé du roi, tout en reculant, mais en même temps en donnant des coups de boucliers à l’ennemi. Les Spartiates se reformèrent et foncèrent, reculèrent et se démantelèrent. Mais ce ne fut que pour se reformer de nouveau. Je tuai un Égyptien avec le moignon de ma lance brisée, tandis qu’il tentait de m’enfoncer la sienne dans le ventre. L’instant suivant j’étais assommé par une hache arrachée à un cadavre Spartiate, que j’eus le temps de reconnaître ; le casque fendu révélait le visage d’Alphée.
    Suicide m’entraîna hors de la mêlée. On apercevait enfin les Dix Mille, avançant en ligne pour compléter leur encerclement. Ce qui restait des Spartiates et des Thespiens recula vers le goulet en passant par les créneaux du Mur pour se réfugier vers le monticule, leur dernier rempart.
    Les Alliés étaient si peu nombreux et leur armement était si rare et démantelé que les Perses prirent l’initiative d’attaquer avec la cavalerie. Suicide tomba, le pied droit tranché.
    — Prends-moi sur ton dos ! m’ordonna-t-il.
    Je savais ce qu’il voulait dire. J’entendais les flèches et les javelines se ficher dans son corps encore en vie et qui désormais me servait de bouclier.
    Dienekès toujours vivant jeta une épée brisée et en chercha une autre par terre. Polynice passa près de moi portant Télamon. La moitié du visage du champion avait été emportée et le sang ruisselait sur l’os de sa joue.
    — Au dépôt ! cria-t-il, entendant le magasin d’armes dont Léonidas avait donné l’ordre qu’il fût installé derrière le Mur.
    Je sentis mon ventre déchiré et mes intestins commencer à sortir, Suicide était pendu inerte sur mon dos. Je me retournai vers le goulet. Des milliers d’archers perses et mèdes criblaient de flèches les Spartiates et les Thespiens qui reculaient. Ceux qui atteignirent le dépôt furent déchiquetés comme des drapeaux dans la tempête.
    Les défenseurs titubèrent vers le monticule où se trouvait leur dernière cache d’armes. Nous n’étions plus que soixante. Derkylide, miraculeusement sain et sauf, forma les survivants en front circulaire. Je trouvai une lanière et me serrai le ventre pour contenir les intestins. Dienekès chancela
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