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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu
Autoren: Steven Pressfield
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peur. Ton maître les a interrompus et leur a promis que, lorsqu’ils seraient aux Murailles de Feu, il leur raconterait quelque chose sur Léonidas et Paraleia, sur le courage et les critères que le roi avait utilisés pour choisir les Trois Cents. Dienekès en a-t-il donc parlé ?
    Xéon confirma qu’il avait trouvé le loisir de rapporter ce récit. Il demanda toutefois si, en l’absence d’ordres de Sa Majesté de poursuivre la description demandée, le capitaine voulait vraiment entendre ce récit.
    — Nous, que vous appelez ennemis, sommes faits de chair et de sang, répondit Oronte, et nos cœurs ne sont pas moins capables d’attachement que les vôtres. Ne t’étonnes-tu pas que nous, dans cette tente, l’historien de Sa Majesté et moi-même, en soyons venus à nous occuper de toi, non pas comme un prisonnier rapportant l’histoire d’une bataille, mais comme un homme et même un ami ?
    Oronte demanda donc comme une faveur que le prisonnier poursuivît son récit, si ses forces le lui permettaient.
    — Qu’avait donc à dire le roi de Sparte sur le courage des femmes, et comment ton maître Dienekès l’a-t-il rapporté à ses jeunes amis et protégés ?
    Le captif s’assit péniblement avec mon aide et celle d’officiers et prit son souffle.
    *
    Je vous transmets ce récit tel que Dienekès nous l’a fait, non pas à la première personne, mais au nom de Paraleia, la mère d’Alexandros, qui l’avait confié à Dienekès et à Aretê, peu après l’événement.
    C’était un soir, trois ou quatre jours avant que l’armée se fût mise en marche pour les Murailles de Feu. Paraleia s’était rendue chez Dienekès et Aretê avec plusieurs autres femmes, mères et épouses de soldats choisis pour les Trois Cents. Personne ne savait ce qu’elle avait à dire. Mon maître demanda à prendre congé, car les femmes, dit-il, avaient le droit d’être seules entre elles. Mais Paraleia insista pour qu’il demeurât. Les femmes s’installèrent donc autour de Paraleia.
    — Ce que je te dis, Dienekès, tu ne dois pas le dire à mon fils. Pas avant d’être arrivé aux Murailles de Feu et encore, au moment opportun. Ce moment peut être, selon la volonté des dieux, celui de ta mort ou bien de la sienne. Cet après-midi, j’ai été convoquée par le roi. J’y suis allée sur-le-champ. Léonidas n’était pas encore revenu, n’ayant pas achevé d’organiser le convoi des troupes. La reine Gorgo attendait sur un banc à l’ombre d’un platane, apparemment à dessein. Elle me souhaita la bienvenue et me fit asseoir près d’elle. Nous étions seules. “Tu te demandes, Paraleia, pourquoi mon mari t’a fait venir. Je vais te le dire. Il veut s’adresser à ton cœur, au sentiment d’injustice que tu dois ressentir, puisque tu as été choisie, si l’on peut dire, pour porter un double chagrin. Il est tout à fait conscient du fait qu’en désignant à la fois Olympias et Alexandros, il te prive à la fois d’un mari et d’un fils et qu’il ne te laisse que le jeune Olympias pour prolonger ta lignée. Il t’en parlera quand il viendra. Mais laisse-moi te parler de femme à femme.” Notre reine est jeune, grande et belle, mais, dans l’ombre, elle paraissait étonnamment grave. “Fille de roi, reprit-elle, et maintenant épouse d’un autre, les femmes m’envient, mais il en est peu qui se doutent de mes obligations. Une reine ne peut pas être une femme comme les autres. Son mari et ses enfants ne sont pas à elle, elle doit les consacrer à la conduite de sa nation, elle se dévoue aux cœurs de sa nation, mais pas au sien ni à ceux de sa famille. Maintenant, toi aussi Paraleia, tu es incluse dans cet étau d’obligations. Tu dois, dans ton chagrin, te ranger à mes côtés. C’est l’épreuve des femmes et c’est leur triomphe tels qu’ils ont été voulus par les dieux : souffrir, relever la tête et donner du courage aux autres.” En entendant ces propos, je vous l’avoue, Dienekès et vous mes sœurs, mes mains tremblèrent. Je craignis de ne pas pouvoir maîtriser la douleur annoncée, mais aussi la rage contre Léonidas et la cruauté avec laquelle il versait dans ma coupe une double mesure de chagrin. Pourquoi moi ? Et j’allais laisser libre cours à ma colère, quand la porte de l’enclos extérieur grinça et que Léonidas arriva. Il revenait du terrain où l’armée s’était mise en formation et tenait à la main ses sandales poussiéreuses.
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