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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu
Autoren: Steven Pressfield
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sous un coup de hache, mais je n’avais plus la force d’aller à son secours. Mèdes, Perses, Bactriens et Saces non seulement déferlaient par-dessus le Mur, mais encore le détruisaient avec frénésie. Je vis les chevaux au-delà. Les officiers n’avaient plus besoin de fouets pour faire avancer leurs hommes. Par-dessus les ruines du Mur bondirent les chevaux de Sa Majesté, suivis par les chars de ses généraux.
    Les Immortels se mirent en formation autour du monticule, décochant leurs flèches quasiment à bout portant sur les derniers Spartiates et Thespiens, accroupis derrière la mince protection de leurs boucliers. Derkylide s’élança vers l’ennemi et Dienekès le suivit, tous deux sans boucliers ni aucune arme visible. Ils tombèrent comme des héros d’Homère, dans le fracas de leurs armures et en commandants.
    La puissance des archers ennemis était invincible, mais les Spartiates parvinrent quand même à s’approcher d’eux. Ils se battirent sans boucliers, avec leurs épées, leurs mains et même leurs dents. Polynice, qui avait encore ses jambes, se jeta sur un officier et l’étrangla alors même qu’une pluie d’acier s’abattait sur son dos.
    Dithyrambe, dont les bras déchiquetés pendaient à ses côtés, rallia les quelques douzaines de résistants et tenta de former un front pour un assaut final. Les chars et les fantassins perses se jetèrent pêle-mêle sur eux. Un chariot d’intendance en feu passa sur mes jambes. Les Immortels encerclèrent le monticule et un cercle d’archers fit pleuvoir un déluge de flèches sur les derniers défenseurs désarmés et bientôt déchiquetés. Dos et ventres hérissés de flèches, ces derniers tombèrent, formant un tas de bronze et d’écarlate.
    On entendait Sa Majesté crier des ordres de Son chariot tout près. Ordonnait-Elle dans Sa langue de cesser le combat et de récupérer les derniers vivants ? Les adressait-Elle à ces Égyptiens qui, sous le commandement de leur capitaine Ptammitèque, désobéissaient à leur monarque et s’élançaient pour administrer le coup de grâce aux agonisants ? Mais le tumulte était indéchiffrable. La fureur des archers perses avait redoublé. Ils voulaient exterminer jusqu’au dernier ces défenseurs entêtés qui leur avaient fait payer si cher ce bout de terre.

2
    Telle fut la fin de Léonidas et des défenseurs des Thermopyles, rapportée par le Grec Xéon et transcrite par l’historien de Sa Majesté, Gobarte, fils d’Artabaze et achevée le quatrième jour du mois d’Arahsamnou, en la cinquième année de l’accession au trône de Sa Majesté.
    Par une cruelle ironie du dieu Ahoura Mazda, ce jour fut celui où les forces navales de l’Empire perse subirent une désastreuse défaite dans le détroit de Salamine, au large d’Athènes, par le fait de la flotte hellénique. Cette catastrophe, qui coûta la vie à tant de vaillants fils de l’Orient, mit en péril le ravitaillement et le soutien de l’armée et condamna toute la campagne au désastre.
    L’oracle d’Apollon, qui avait annoncé aux Athéniens : « Seul le mur de bois ne vous fera pas défaut », se vérifia dans sa fatale vérité. Ce n’avait pas été la palissade de bois de l’Acropole qu’entendait l’oracle, mais le mur des coques et des superbes marins de l’Hellas qui s’opposa aux ambitions de conquête de Sa Majesté.
    L’ampleur de la défaite réduisit à rien le récit du captif Xéon. Dans le chaos qui s’ensuivit, l’on oublia de soigner celui-ci, car tout le personnel du chirurgien royal fut dépêché sur la côte en face de Salamine, afin d’y soigner les innombrables blessés de la flotte impériale.
    Quand la nuit mit fin au massacre, une terreur encore plus grande s’empara du camp de l’Empire. Ce fut la colère de Sa Majesté. Tant d’officiers furent exécutés par l’épée que le calame de l’historien renonce à citer leurs noms. La terreur dévasta les pavillons de Sa Majesté, aggravée par le tremblement de terre qui sévit au crépuscule et par la dévastation du bivouac installé autour des ruines fumantes d’Athènes. Au milieu de la seconde vigie, le général Mardonius interdit l’accès au pavillon de Sa Majesté à tous les officiers. L’historien royal ne put obtenir que des instructions parcimonieuses sur son travail de la journée. Ainsi congédié, je m’enquis des dispositions concernant le Grec Xéon et son récit.
    — Tue-le, ordonna le général
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