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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu
Autoren: Steven Pressfield
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appelait Sparte. Dans mille ans, dit-il, dans deux mille ans, trois mille, des hommes visiteraient ce pays.
    — Ils viendront, ce seront peut-être des savants ou des voyageurs d’au-delà des mers, curieux de notre passé ou désireux de savoir ce qu’étaient les Anciens. Ils regarderont nos plaines et chercheront parmi les cailloux les traces de notre nation. Que sauront-ils de nous ? Ils ne trouveront pas de monuments de marbre, mais simplement ce que nous faisons ici aujourd’hui.
    Les trompettes de l’ennemi résonnaient dans le goulet. On voyait bien l’avant-garde perse et les chariots et les convois armés de leur roi.
    — Mangez bien, les gars. Nous prendrons notre dîner aux Enfers.

LIVRE HUITIÈME
    LES THERMOPYLES

1
    Sa Majesté a vu de près et de Ses propres yeux le courage magnifique des Spartiates, des Thespiens et de leurs servants et hilotes affranchis, lors des derniers moments de la défense du défilé. Elle n’a pas besoin que je Lui décrive la bataille. Je me limiterai donc à évoquer ces moments et ce qui a pu échapper à Son attention, afin de l’éclairer sur le caractère de ces Hellènes qu’Elle appelle Ses ennemis.
    Il n’est sans doute qu’un seul homme qui mérite indéniablement d’être exalté, et c’est le roi Léonidas. Comme Sa Majesté le sait, le gros de l’armée perse, descendue sur le sentier qui venait de Trachis, n’entreprit pas son assaut avant que le soleil fût haut dans le ciel. En fait, l’heure était plus proche de midi que du matin, et les Dix Mille Immortels n’étaient pas encore arrivés à l’arrière. Le mépris de la mort était tel chez Léonidas qu’il dormit pendant le plus clair de ce temps ; il était allongé sur son manteau comme si ç’avait été un tapis, les pieds croisés aux chevilles, les bras repliés sur la poitrine, la tête sur son bouclier et le visage protégé par un chapeau de paille. On eût dit un jeune gardien de chèvres qui faisait une sieste, l’été.
    Sa Majesté se rappelle-t-Elle ce moment où, sur la pente au-delà du goulet, Léonidas tomba, transpercé d’une demi-douzaine de lances, aveuglé par le casque qu’un coup de hache avait défoncé à l’avant, le bras gauche inutile avec le bouclier fracassé et encore attaché à l’épaule ? Se rappelle-t-Elle cet élan dans la mêlée, quand un groupe de Spartiates s’élança et repoussa l’ennemi pour récupérer le corps de leur roi ? Ce n’était là ni la première, ni la deuxième, ni la troisième fois, mais la quatrième, quand il restait moins d’une centaine de pairs, de chevaliers et d’affranchis affrontant des milliers d’hommes.
    Je dirai à Sa Majesté ce qu’est un roi. Il ne se retire pas sous sa tente quand ses hommes versent leur sang et meurent sur le champ de bataille. Il ne soupe pas quand ses hommes ont faim, ni ne dort quand ils veillent sur les remparts. Il ne s’assure pas la loyauté de ses hommes par la peur ni par l’or. Il s’attire leur amour par la sueur de son front et la peine qu’il prend pour leur compte. Il ne demande pas de services à ceux qu’il commande, car c’est lui qui les sert.
    Dans les derniers moments qui précédèrent la bataille, quand les lignes des Perses, des Mèdes, des Saces, des Bactriens, des Illyriens, des Égyptiens, des Macédoniens étaient si proches des Grecs qu’on distinguait leurs visages, Léonidas parcourut les premiers rangs, s’entretenant avec chaque commandant de peloton. Il arriva à Dienekès et j’étais assez près pour l’entendre :
    — Les hais-tu, Dienekès ? demanda le roi familièrement, montrant les Perses, au-delà du terrain neutre, l’ oudenos chorion.
    Dienekès répondit d’emblée que ce n’était pas le cas.
    — Je vois des visages aimables et nobles. Il y en a plus d’un, je crois, qu’on accueillerait à n’importe quelle table d’amis avec une tape dans le dos et un rire.
    Léonidas approuva visiblement la réponse de mon maître. Mais ses yeux semblaient empreints de chagrin.
    — Je suis navré pour eux, avoua-t-il, désignant ces vaillants ennemis. Que ne feraient donc pas les plus nobles d’entre eux pour être ici avec nous ?
    Je tiens pour insignifiants les événements de la bataille, car celle-ci était, d’un point de vue plus profond, finie avant d’être commencée. J’avais dormi, adossé contre le Mur, suivant l’exemple de Léonidas, tandis que nous attendions, heure après heure, que l’armée
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