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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu
Autoren: Steven Pressfield
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possible.
    Juste alors que les ordres de bataille venaient d’être donnés, la trompette d’un héraut ennemi résonna de l’autre côté du goulet. Un détachement de quatre cavaliers perses dans leur tenue d’apparat traversa le champ de cadavres sous une bannière d’émissaires et s’arrêta directement sous le Mur. Léonidas avait été blessé aux deux jambes et ne pouvait marcher que péniblement ; néanmoins, il parvint à escalader la fortification ; les troupes l’escaladèrent avec lui. L’armée entière réunie au sommet du Mur considéra les cavaliers en bas.
    L’envoyé était l’Égyptien Ptammitèque, Tommie. Son jeune fils ne l’accompagnait pas cette fois-ci ; ce fut un officier perse qui servit d’interprète. Les chevaux des Perses commencèrent à se cabrer violemment parmi les cadavres. Avant que l’Égyptien eût commencé à parler, Léonidas le coupa :
    — La réponse est non, cria-t-il du haut du Mur.
    — Tu n’as pas entendu l’offre.
    — Je me fous de l’offre ! cria Léonidas en souriant. Et je me fous de toi également, ajouta-t-il.
    L’Égyptien se mit à rire, ses dents plus éclatantes que jamais. Il brida son cheval.
    — Xerxès ne veut pas vos vies, cria-t-il, il veut seulement vos armes.
    — Dis-lui de venir les prendre, rétorqua Léonidas, riant toujours.
    Et le roi mit fin à l’entrevue en tournant les talons. En dépit de ses blessures, il refusa de se laisser aider pour descendre les marches du Mur. Il siffla pour attirer l’attention des soldats. Toujours au sommet, les Spartiates et les Thespiens regardaient les envoyés tourner bride. Léonidas fit face aux soldats. Le triceps de son bras droit avait été sérieusement endommagé ; il devrait aujourd’hui se battre avec le bouclier attaché à l’épaule. Son attitude demeurait néanmoins détendue et sa voix était forte et pleine d’autorité.
    — Pourquoi restons-nous ici ? Il faudrait être fou pour ne pas se poser la question. Est-ce pour la gloire ? Si ce n’était que cela, croyez-moi, frères, je serais le premier à montrer mes fesses à l’ennemi et à m’enfuir par ce monticule.
    Des rires accueillirent cette déclaration. Il leva le bras pour demander le silence.
    — Si nous nous étions retirés aujourd’hui de ce Mur, frères, cette bataille aurait été considérée comme une défaite, en dépit des prodiges de courage que nous avons accomplis jusqu’ici. Une défaite qui aurait confirmé à la Grèce entière ce que l’ennemi est le plus impatient d’entendre : qu’il est futile de résister au Perse et à ses hordes. Si nous avions décidé aujourd’hui de sauver notre peau, toutes les cités seraient tombées une à une après nous, et l’Hellade entière aurait suivi.
    Les hommes écoutaient avec gravité, sachant que les propos du roi reflétaient exactement la réalité.
    — Mais nos morts glorieuses en ce lieu, en face de ces dangers insurmontables, transformeront notre défaite en victoire. Nous sèmerons le courage dans les cœurs de nos alliés et de nos frères, dans les armées que nous avons laissées derrière nous. Ce sont eux qui remporteront la victoire finale. Elle ne nous avait jamais été destinée. Notre rôle aujourd’hui est celui que nous connaissions quand nous avons embrassé nos femmes et nos enfants et que nous nous sommes mis en marche pour venir ici, résister et mourir. C’est ce que nous avons juré de faire et que nous ferons.
    L’estomac du roi gargouilla bruyamment, à cause de la faim ; les premiers rangs de l’assemblée se mirent à rire et l’hilarité se répandit à l’arrière. Léonidas fit signe à ses servants de lui préparer rapidement du pain.
    — Nos frères alliés se dirigent à présent vers leurs foyers.
    Et le roi indiqua, au bout de la piste, la route qui menait au sud de la Grèce et à la sécurité.
    — Nous devons couvrir leur retraite, sans quoi la cavalerie ennemie déferlera à travers ces Portes et les rattrapera avant quelques heures. Si nous pouvons tenir quelques heures de plus, nos camarades seront en sécurité.
    Il demanda si quelqu’un de l’assemblée souhaitait prendre la parole. Alphée s’avança.
    — J’ai également faim. Je serai donc bref.
    Il paraissait embarrassé de prendre la parole en public. Et je m’avisai alors que son frère Maron n’était pas dans l’assemblée. J’entendis quelqu’un murmurer que le héros était mort dans la nuit de
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