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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu
Autoren: Steven Pressfield
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arrivèrent du côté de Trachis. La plate-forme d’observation de Sa Majesté avait été démantelée, comme nous l’avions relevé la nuit précédente, et Xerxès en personne, monté sur son char royal, avançait à la tête de nouvelles troupes pour donner l’assaut frontal.
    Le cimetière se trouvait à une grande distance, plus de quatre stades et demi, du point de rassemblement des Spartiates sur le Mur. Quand mon maître et Polynice en revinrent, les contingents alliés se repliaient vers l’arrière. Fidèle à sa parole, Léonidas les avait dégagés de leur mission.
    Nous regardâmes passer les Alliés. D’abord venaient les Mantinéens, en désordre et avachis, comme si toute énergie avait déserté leurs mollets et leurs cuisses. Aucun ne disait mot et ils étaient si sales qu’ils paraissaient façonnés dans la boue. Ils semblaient, tous les quatre pas, cracher de la boue d’entre leurs dents noires. Le matin était froid, mais ils suaient. Je n’avais jamais vu de soldats si épuisés.
    Les Corinthiens suivaient, puis les Tégéates et les Locriens d’Opontide, les Phliontes, les Orchoméniens, mélangés aux Arcadiens et aux derniers Mycéniens. Des quatre-vingts hoplites que Mycènes avait envoyés, il n’en restait que onze capables de marcher et deux douzaines sur des litières ou attachés à des poteaux que traînaient les animaux de trait. Les hommes s’appuyaient les uns sur les autres et les bêtes ne valaient guère mieux. On ne pouvait distinguer ceux qui avaient eu le crâne fracturé de ceux qui avaient perdu la raison et ne savaient plus qui ils étaient, ou de ceux qui étaient frappés de stupeur après les atrocités endurées pendant les six jours écoulés. Ils portaient presque tous des blessures multiples, la plupart à la tête et aux jambes. Plusieurs étaient aveugles et traînaient, la main sur le bras d’un ami ou tenant une longe derrière les animaux de trait.
    Ceux qui étaient indemnes suivaient les blessés, sans honte, mais dans cet état de trouble et de gratitude que Léonidas avait décrit après la bataille d’Antirhion. S’ils respiraient encore, ce n’était pas du fait de leur volonté, et ils le savaient ; ils n’étaient ni plus ni moins courageux que les compagnons qui étaient tombés, ils avaient simplement eu plus de chance.
    — J’espère que nous n’avons pas l’air aussi piteux que vous, marmonna Dienekès à l’adresse d’un capitaine phlionte qui passait.
    — Vous avez l’air encore pire, répondit l’autre.
    Quelqu’un avait mis le feu aux établissements de bains et aux bâtiments attenants. Le vent était tombé et le bois humide se consumait avec une âcreté obsédante. Les fumées et la puanteur de l’incendie ajoutaient au caractère lamentable de la scène. Les soldats apparaissaient et disparaissaient au gré des nuages de fumée. Ils jetaient au feu leurs armes dépareillées, leurs manteaux raides de sang, leurs ballots et leurs équipements usés, bref tout ce qui pouvait brûler. C’était comme si les Alliés ne voulaient rien laisser à l’ennemi. Ils s’allégeaient et poursuivaient leur retraite.
    Des hommes tendirent la main aux Spartiates, paume contre paume, doigts contre doigts. Un Corinthien donna sa lance à Polynice. Un autre donna son épée à Dienekès.
    — Fais-leur voir l’enfer, à ces chiens !
    Au-delà de la source, nous rencontrâmes le Coq. Il se retirait aussi. Dienekès s’arrêta pour lui serrer la main. On ne lisait aucune honte sur le visage du Coq. Il avait visiblement le sentiment d’avoir rempli toutes ses obligations, voire plus, et la liberté que Léonidas lui avait accordée n’était rien d’autre que son droit de naissance, longtemps refusé, mais honorablement reconquis par ses actions. Il promit d’aller rendre visite à Agathe et Paraleia quand il aurait atteint Lacédémone. Il leur dirait le courage témoigné par Alexandros et Olympias et leur grand honneur dans la mort. Il ferait également son rapport à Aretê.
    — Si je le puis, demanda-t-il, je voudrais rendre hommage à Alexandros avant de partir.
    Dienekès le remercia et lui indiqua l’emplacement de la tombe. À ma surprise, Polynice aussi prit la main du Coq.
    — Les dieux aiment les bâtards, dit-il.
    Le Coq nous informa que Léonidas avait affranchi avec les honneurs tous les hilotes de l’intendance. Ils étaient une douzaine, mêlés aux Tégéates en partance.
    — Léonidas a
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