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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi
Autoren: Max Gallo
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votre connaissance profonde des affaires vous a si justement
acquise. C’est ce qui m’engage à vous prier de bien vouloir m’aider de vos
conseils et de vos lumières.
    « Je vous serais obligé, Monsieur, de venir le plus tôt
que vous pourrez à Choisy où je vous verrai avec le plus grand plaisir. »
     
    La lettre est déférente, presque humble. Elle touche et
flatte le vieux courtisan qu’est Maurepas.
    Dès le 13 mai, il est à Choisy. Il voit Louis XVI, comprend
que le jeune roi ne veut pas d’un premier ministre mais d’un mentor, et le rôle
convient à Maurepas.
    « Je ne serai rien vis-à-vis du public, dit Maurepas. Je
ne serai que pour vous seul. »
    Les ministres travailleront avec le roi et lui, Maurepas, offrira
son expérience.
    « Ayons une conférence ou deux par semaine et si vous
avez agi trop vite, je vous le dirai.
    « En un mot je serai votre homme à vous tout seul et
rien au-delà. »
    Et Maurepas ajoute :
    « Si vous voulez devenir vous-même votre premier
ministre, vous le pouvez par le travail… »
     
    Le premier Conseil se tient le 20 mai 1774 au château de la
Muette situé en bordure du bois de Boulogne.
    Louis XVI écoute les anciens ministres de Louis XV.
    Dans ce Conseil et les suivants, on lit les dépêches sans
les commenter. Le roi s’ennuie, n’intervient pas, quitte brusquement le Conseil
sans même qu’on ait fixé la date du suivant.
    Seule décision : le roi renonce par un édit du 30 mai
au « don de joyeux avènement », et la reine à un autre impôt, tous
deux destinés à célébrer l’accession au trône d’un nouveau souverain.
     
    Quand, dans le bois de Boulogne, le peuple aperçoit Louis
XVI qui se promène à pied sans gardes du corps parmi ses sujets, puis la reine
qui vient à sa rencontre à cheval et que les deux jeunes gens s’embrassent, « le
peuple bat des mains ».
    « Louis XVI semble promettre à la nation le règne le
plus doux et le plus fortuné », peut-on lire dans les gazettes.

3
    Ces acclamations, cette ferveur populaire spontanée, autour
du château de la Muette, ces hommes et ces femmes qui s’agenouillent sur son
passage, qui veulent baiser ses mains, ou simplement toucher ses vêtements, rassurent
Louis XVI.
    Il embrasse de nouveau Marie-Antoinette, et la foule crie :
« Vive le roi ! Vive la reine ! »
    Tout brusquement paraît simple, évident comme un ciel qui s’est
éclairci.
    Les sujets aiment leurs souverains. Le roi incarne le
royaume et l’ordre du monde, les Français le savent et l’acceptent.
    Il faut être bon, juste et ferme avec eux, les rendre
heureux, soulager leurs misères, diminuer autant qu’on le peut les impôts qu’ils
paient, et donc réduire les dépenses exorbitantes, le « vain luxe », ainsi
que le disait l’abbé Soldani. Sinon ce sont les flambées de colère, ces émotions
paysannes que suscitent, comme en 1771, et même l’année dernière en 1773, les
récoltes déficitaires. La rareté des grains provoque l’augmentation du prix du
blé, et donc de la farine et du pain. Et voici l’émeute.
    Comment éviter cela ?
    L’humeur de Louis devient morose. Le sentiment d’impuissance
qui souvent le saisit le submerge, et suscite en lui l’ennui.
    Il regarde Marie-Antoinette qui rit, qui caracole, mutine, qu’entourent
des courtisans. Elle s’éloigne au galop, cependant qu’il reste là, dans ce bois
de Boulogne, hésitant, pressé par ses sujets dont l’enthousiasme tout à coup le
lasse, et dont il sait, se souvenant des dernières années du règne de Louis XV,
qu’il peut se retourner en mépris et en colère.
     
    Il a l’impression qu’il est prisonnier de cette toile d’araignée
qu’est le pouvoir royal dont tous les fils convergent vers lui.
    Il faudrait se dégager, agir, mais comment le faire sans
rompre des liens qui s’entrecroisent, noués les uns aux autres ? Déchirer
l’un, c’est affaiblir toute la toile.
    Il lui a suffi de quelques semaines pour découvrir qu’autour
de lui c’est un grouillement d’intrigues, d’ambitions, d’intérêts
contradictoires.
     
    On lui suggère ainsi de revenir sur la réforme décidée en
1771 par Louis XV et son chancelier Maupeou.
    Les caisses royales étaient vides, parce que la guerre de
Sept Ans – 1756-1763 –, désastreuse, conclue par le calamiteux traité de Paris,
a coûté cher.
    Il fallait tenter de les remplir, pour éviter la banqueroute.
Les nouveaux impôts ne pouvaient
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