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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi
Autoren: Max Gallo
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yeux de
miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps
avec moi…
    « Je recommande mes enfants à ma femme. Je n’ai jamais
douté de sa tendresse maternelle…
    « Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle
souffre pour moi…
    « Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de
devenir roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens,
qu’il doit oublier toute haine ou tout ressentiment et nommément tout ce qui a
rapport aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve…
    « Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me
gardaient les mauvais traitements et les gestes dont ils ont cru devoir user
envers moi…
    « Je finis en déclarant devant Dieu, et prêt à paraître
devant lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi… »
     
    Louis, maintenant, est face à la guillotine et domine la
foule sur laquelle roulent les battements de tambour.
    Il se dégage d’un mouvement brusque des mains du bourreau et
de ses aides.
    Il crie, tourné vers la foule :
    « Peuple, je meurs innocent ! Je pardonne aux
auteurs de ma mort. Je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe
jamais sur la France. »
    Samson se saisit de lui, le tire en arrière.
    Il dit encore aux bourreaux :
    « Messieurs, je suis innocent de ce dont on m’accuse. Je
souhaite que mon sang puisse cimenter le bonheur des Français. »
    Samson hésite. Louis se débat. On le pousse. La planche
bascule :
    « On entend un cri affreux que le couteau étouffa. »
Samson prend la tête de Louis par les cheveux, la brandit, la montre au peuple.
    Des cris s’élèvent :
    « Vive la nation ! », « Vive la
république ! », « Vive l’égalité ! », « Vive la
liberté ! ».
    Des farandoles entourent l’échafaud. Quelques hommes et
quelques femmes s’approchent de la guillotine, cherchent à tremper leurs
mouchoirs, des enveloppes, dans le sang de Louis Capet, ci-devant roi de France.
    Ils agitent leurs trophées rouges.
    Mais la foule se disperse rapidement, silencieuse et grave.
     
    Sur la place de la Révolution, dans les rues, les échoppes, les
estaminets où l’on boit du vin chaud, on commente moins la mort du roi que
celle du conventionnel Le Peletier de Saint-Fargeau.
    Il avait voté pour l’exécution immédiate de Louis Capet.
    On l’a assassiné dans la nuit, au moment où il sortait de
souper au restaurant Février, place du Palais-Égalité, ci-devant place du
Palais-Royal.
    C’est un ancien garde du corps du roi, Pâris, qui lui a
donné un coup de sabre au bas-ventre.
    Et le corps du conventionnel sera exposé nu jusqu’à la
taille avant d’être accompagné au Panthéon par toute la Convention et un long
cortège populaire.
    La mort du ci-devant roi de France paraît aux yeux du peuple
« sans-culotte » venger Le Peletier de Saint-Fargeau et tous les « martyrs »
de la Révolution.
    « Le sang des hommes fait gémir l’humanité, le sang des
rois la console », écrivent les citoyens membres de la Société des Amis de
l’Égalité et de la Liberté aux conventionnels.
    Et le journal Le Père Duchesne prononce, à sa manière,
l’oraison funèbre de Louis :
    « Capet est enfin mort, foutre !
    « Je ne dirai pas, comme certains badauds, n’en parlons
plus !
    « Parlons-en au contraire, pour nous rappeler tous ses
crimes et inspirer à tous les hommes l’horreur qu’ils doivent avoir pour les
rois.
    « Voilà, foutre, ce qui m’engage à entreprendre son
oraison funèbre, non pour faire son éloge ou adoucir ses défauts, mais pour le
peindre tel qu’il fut, et apprendre à l’univers si un tel monstre ne méritait
pas d’être étouffé dès son berceau ! »
     
    Ce lundi 21 janvier 1793, à dix heures vingt, place de la
Révolution, un homme est mort, que l’on ne nommait plus que Louis Capet. Mais c’est
le corps du roi, et l’histoire de la nation, qu’on a tranchés en deux.
    Quatre ans auparavant, en 1789, les sujets de toutes les
provinces célébraient encore ce même homme, ce roi de France.
    Et le 14 juillet 1790, il présidait la fête de la Fédération,
rassemblant autour de lui tous les citoyens des départements du royaume.
    Il était le roi des Français.
    Et en mai 1774, quand il avait succédé à son grand-père
Louis XV, les libellistes avaient écrit qu’il semblait « promettre à la
nation le règne le plus doux et le plus
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