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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi
Autoren: Max Gallo
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frapper que les « privilégiés ».
    Les parlements s’y sont opposés. Composés de privilégiés, propriétaires
de leur charge, ils se présentent en « défenseurs du peuple » contre
le pouvoir royal. Le chancelier Maupeou a voulu les briser, transformer les
parlementaires en agents du pouvoir royal.
    Il a exilé les membres du Parlement de Paris, il limite le
ressort de cette juridiction.
    C’est une véritable révolution qui peut permettre à la
monarchie de réaliser des réformes décisives puisqu’elle pourra, enfin, lever l’impôt
sur les privilégiés, sans rencontrer la résistance des parlements.
    Faut-il, puisque Louis XV est mort, effacer cette « révolution »,
redonner toute leur force aux parlements ? Capituler, conforter les
privilégiés au détriment de l’ensemble du royaume et des intérêts mêmes de la
monarchie ? Louis XVI écoute les conseilleurs qui se pressent autour de
lui. Il hésite.
     
    Il y a le « camp » de Marie-Antoinette qui récuse
toute réduction des dépenses royales, pour qui la monarchie ne peut que respecter
les privilèges, dont elle est elle-même l’expression.
    Et Marie-Antoinette aime le luxe, les bals et les fêtes, elle
accorde à ses proches qui composent sa « cour » des milliers de
livres de rente.
    Elle est l’héritière des Habsbourg, fière de son ascendance,
soucieuse de défendre les intérêts de la cour de Vienne.
    Elle pense court car son éducation a été négligée.
    L’abbé Vermond, le précepteur qui a été envoyé auprès d’elle
à Vienne pour l’instruire afin de la préparer à son rôle de reine de France, a
dû constater qu’elle était rebelle à toute contrainte, qu’on ne « pouvait
appliquer son esprit qu’en l’amusant », parce qu’elle n’avait été
accoutumée à aucun effort et qu’elle était marquée par « un peu de paresse
et beaucoup de légèreté ». Mais elle sait séduire, jeune fille au front
haut et bombé, à la chevelure dorée, à la peau d’une blancheur satinée.
     
    Ce charme auquel personne ne résiste indispose Louis, quand
avec Louis XV il la reçoit à Compiègne, puis à Versailles, en mai 1770, pour
célébrer, selon les vœux du premier des ministres Choiseul, le plus grand
mariage du siècle et, par là, confirmer de manière éclatante l’alliance du
royaume de France avec l’Autriche.
    Cérémonie grandiose, bal, souper, illumination et feu d’artifice
qu’un violent orage oblige à reporter, marquent ce jour du 16 mai 1770.
    Mais Louis dans son lourd costume brodé de l’ordre du
Saint-Esprit apparaît maladroit, distant, ennuyé, comme si l’éclat de son
épouse, à peine âgée de quinze ans, mettait mal à l’aise ce jeune homme de
seize ans qui n’a aucune expérience des femmes, et qui doit, sous l’œil des
courtisans, se dévêtir et se coucher, selon le rituel de la Cour, aux côtés de
cette adolescente primesautière.
     
    La rumeur se répand vite que le mariage n’a pas été consommé.
    Marie-Antoinette a osé interpeller son époux, en présence
des sœurs de Louis XV :
    « Vous êtes mon homme, quand serez-vous mon mari ? »
    On murmure. On se moque.
    Marie-Antoinette est vite entourée d’une cour de jeunes gens,
parmi lesquels le comte d’Artois, le plus jeune des frères de Louis, le plus
vif, le plus brillant. Et Louis semble indifférent, se livrant chaque jour, avec
une violence exacerbée, à la chasse, traquant souvent seul les sangliers et les
cerfs, et se jetant sur l’animal, le couteau à la main afin de l’achever et de
le dépecer.
    Puis, rentré au château, il redevient ce jeune homme
silencieux, morose, indifférent à cette femme qui s’étonne de la froideur de
son époux.
    « Seul le défaut de volonté du prince donne lieu à une
situation si étrange », concluent les médecins qui examinent Louis puis
Marie-Antoinette.
     
    On se gausse dans les salons de la Cour.
    On murmure que ce mariage inaccompli a commencé sous de
sombres auspices : une bousculade et la panique n’ont-elles pas provoqué, le
soir des noces, cent trente-six morts à Paris ?
    Et Louis a écrit au lieutenant général de police :
    « J’ai appris le malheur arrivé à mon occasion. On m’apporte
ce que le roi – Louis XV – m’envoie pour mes menus plaisirs. Je ne puis
disposer que de cela, je vous l’envoie pour secourir les plus malheureux. »
    Et il fait remettre à Monsieur de Sartine 6 000 livres.
     
    Cela ne fait
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