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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi
Autoren: Max Gallo
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il y a ces « frondeurs » de parlementaires, exilés
par Louis XV et le chancelier Maupeou, mais qui harcèlent Louis, pour obtenir l’annulation
de la réforme, leur retour à Paris, avec tous leurs privilèges.
    Et puis, le « peuple », ces millions de sujets, le
« tiers état ». La crête en est constituée par deux à trois millions
de « bourgeois », négociants, médecins, chirurgiens, avocats, lettrés,
se retrouvant souvent dans des sociétés de pensée, loges maçonniques, où ils
côtoient certains nobles, tous pénétrés par l’esprit des Lumières, lecteurs de
Montesquieu, de Rousseau et d’abord de Voltaire. Au-dessous d’eux, la masse
paysanne représente plus de vingt millions de sujets, dont un million et demi
sont encore serfs, et les autres, petits propriétaires ou fermiers et métayers,
sont écrasés d’impôts, royaux, seigneuriaux, féodaux, et doivent même la dîme à
l’Eglise !
    Voilà donc ce royaume que Louis doit gouverner.
     
    Il sait que l’on s’interroge en ces premières semaines de
règne sur ses capacités.
    « Louis XVI aura-t-il ou n’aura-t-il pas le talent des
choix et celui d’être la décision ? » se demande un abbé de cour, Véri.
    C’est anodin mais Louis découvre dans la copie d’une lettre
de l’ambassadeur d’Autriche Mercy-Argenteau à l’impératrice Marie-Thérèse que
le diplomate le trouve « bien peu aimable. Son extérieur est rude. Les affaires
pourraient même lui donner des moments d’humeur. » Et l’Autrichien se demande
si ce roi « impénétrable aux yeux les plus attentifs » doit cette « façon
d’être » à une « grande dissimulation » ou à une « grande
timidité ».
    L’ambassadeur rapporte une exclamation de Marie-Antoinette :
« Que voulez-vous qu’on puisse faire auprès d’un homme des bois ? »
    Comment, quand on apprend cela, ne pas se renfermer, refuser
de donner sa confiance, tenir son jeu secret ? Hésiter à choisir, sachant
qu’on est à tout instant guetté ?
     
    Faut-il revenir sur la réforme Maupeou ?
    Nommer au contrôle général des Finances cet Anne Robert
Turgot, intendant du Limousin, qu’on dit « physiocrate », économiste
donc, adepte du laissez faire, laissez passer, voulant briser les corporations
de métier, décréter la libre circulation des grains, imaginant que ces libertés
favoriseront le commerce, permettront de réduire voire d’effacer ce déficit, cette tumeur maligne de la monarchie, ce mot que Louis entend plusieurs
fois par jour associé à ceux de banqueroute, d’économies, d’impôts, de
réformes, de privilèges.
     
    Louis se sent harcelé. Son mentor, ce vieil homme de
Maurepas, le somme de se décider à nommer Turgot, de répondre à de nombreuses
autres questions pressantes à propos de la réforme Maupeou, de la politique
étrangère.
    Faut-il préparer, entreprendre une guerre contre l’Angleterre,
la grande bénéficiaire du traité de Paris, et profiter des difficultés que
Londres rencontre dans ses colonies d’Amérique ?
    Et cela suppose de donner encore plus de poids à l’alliance
avec l’Autriche, et c’est naturellement ce que veut Marie-Antoinette, guidée
par l’ambassadeur Mercy-Argenteau.
    Mais où est l’intérêt du royaume ?
    Louis hésite.
    « Que voulez-vous, dit-il à Maurepas, je suis accablé d’affaires
et je n’ai que vingt ans. Tout cela me trouble. »
    « Ce n’est que par la décision que ce trouble cessera, répond
Maurepas. Les délais accumulent les affaires et les gâtent même, sans les
terminer. Le jour même que vous en aurez décidé une, il en naîtra une autre. C’est
un moulin perpétuel qui sera votre partage jusqu’à votre dernier soupir. »
     
    La seule manière d’échapper à cette meule des affaires qu’il
faut trancher et qui tourne sans fin, et ne cessera qu’avec la mort, c’est de s’enfuir,
de chevaucher dans les bois, de traquer le cerf et le sanglier, de se rendre
jusqu’à Versailles ou à Marly. Louis rêve du jour où, enfin, il pourra s’installer
à Versailles.
    Il envisage déjà d’aménager des appartements privés, avec
une salle de géographie, où il rassemblerait ses cartes et ses plans, un étage
serait consacré à la menuiserie. Au-dessus se trouverait la bibliothèque, et
enfin, au dernier étage, il placerait la forge, des enclumes et des outils pour
travailler le fer.
    Un belvédère lui permettrait de pénétrer, grâce au
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