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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi
Autoren: Max Gallo
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avec Monsieur de
La Vauguyon .
    « Un bon roi, écrit-il, ne doit avoir d’autre objet que
de rendre son peuple heureux… »
    Et pour cela il ne doit pas oublier les droits naturels de
ses sujets « antérieurs à toute loi politique et civile : la vie, l’honneur,
la liberté, la propriété des biens… Le prince doit donc réduire les impôts
autant qu’il peut…
    Le roi doit être ferme et ne jamais se laisser aller à la
faiblesse. Il doit aussi connaître les hommes afin de ne pas être dupe… Le roi
tient de Dieu l’autorité souveraine, dont il ne doit compte qu’à Lui, mais s’il
asservit son peuple, il est coupable devant Dieu ».
    Et les conseils qu’il reçoit d’un abbé qui fut le confesseur
de son père – l’abbé Soldani – achèvent de lui représenter le « métier de
roi » comme le plus exigeant, le plus austère, le plus difficile aussi qui
soit.
    Il faut, lui a dit Soldani, « connaître sa religion, lutter
contre les écrits des philosophes, sans ménager les auteurs, protéger l’Église
sans épargner les mauvais prêtres ni les abbés avides… Évitez les favoris, tenez-vous
près du peuple, évitez le vain luxe, les dépenses, les plaisirs auxquels on
sait que vous tenez peu, du reste. Vous qui aimez le travail, sachez vous
reposer ; vous qui êtes frugal, ne vous laissez pas séduire ; soyez
bon avec tous, mais rappelez-vous que vous êtes l’héritier. Et puissiez-vous
régner le plus tard possible ».
     
    Mais ce 10 mai 1774, il n’a pas vingt ans, quand il entend
tout à coup rouler vers lui, comme un bruit de tonnerre, le piétinement
impatient des courtisans qui ont abandonné l’antichambre du souverain décédé
pour venir saluer « la nouvelle puissance ».
    Le roi est mort ! Vive le roi !

2
    Louis est comme écrasé, étouffé.
    « Quel fardeau, s’exclame-t-il, et on ne m’a rien
appris ! Il me semble que l’univers entier va tomber sur moi. »
    Cette charge royale que Dieu lui confie, il craint depuis
plus de dix ans de ne pouvoir la supporter.
    Longtemps, il a espéré ne pas monter sur le trône.
    Il n’était que le deuxième fils du dauphin Louis-Ferdinand
et de la dauphine Marie-Josèphe de Saxe.
    Le fils aîné, le duc de Bourgogne, était le successeur
désigné de Louis-Ferdinand, qui lui-même n’accéderait à la royauté qu’après la
mort de son père Louis XV.
    Louis, duc de Berry, né le 23 août 1754, se sentait ainsi
protégé par ces trois vies qui le tenaient écarté du trône.
     
    D’ailleurs, qui prêtait attention à cet enfant joufflu, puis
à ce garçon maigre, au regard vague des myopes, qui semblait incapable de
prendre une décision et dont la démarche même était hésitante ?
    Son frère aîné, le duc de Bourgogne, attirait tous les
regards, toutes les attentions, et il traitait son cadet avec morgue, mépris, cependant
que ses précepteurs, le gouverneur des enfants de France, le duc de La Vauguyon,
le donnaient en modèle. Les frères cadets de Louis, duc de Berry, les comtes de
Provence et d’Artois, étaient, bien que plus encore éloignés du trône, moins
effacés. Le comte de Provence avait l’intelligence subtile, et le comte d’Artois,
le charme d’un séducteur.
    Les sœurs, Clotilde et Élisabeth, comptaient peu, face à ces
quatre fils.
    « Nos princes sont beaux et bien portants… Monseigneur
le duc de Bourgogne est beau comme le jour, et le duc de Berry ne lui cède en
rien », disait-on.
     
    Mais c’est le duc de Bourgogne qu’on fête !
    À sa naissance, en 1751, Louis XV ordonne trois jours de
chômage et d’illuminations à Paris. Rien de tel pour le duc de Berry, trois ans
plus tard. À peine quelques volées de cloches.
    A-t-on craint, comme ce fut le cas pour le duc de Bourgogne,
que des émeutiers, pauvres que la misère étrangle, que le prix du grain affame,
ne déposent dans le berceau de l’enfant un paquet de farine et un paquet de
poudre, avec ce placet : « Si l’un nous manque, l’autre ne nous
manquera pas » ?
    On avait envoyé l’une des nourrices à la Bastille, sans pour
autant démonter les rouages du complot et mettre au jour les complicités.
    Le duc de Berry reste dans l’ombre de son frère aîné. On se
soucie si peu de lui, que la nourrice qu’on lui choisit n’a pas de lait, mais
est la maîtresse d’un ministre du Roi, le duc de La Vrillière.
    Tant pis pour Louis, duc de Berry, puisqu’il ne doit pas
être roi !
    Mais la mort a
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