Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
interlocuteur.
    — Croyez-vous
à la malédiction du Temple ?
    Je lui rendis
son regard.
    — N'avez-vous
pas été aidée par un ancien templier ?
    Il jeta un coup
d'œil sur les rollets à moitié dissimulés dans les plis de sa robe.
    — Ah, voilà !
Il s'appelait Bertrand Demontaigu — un prêtre-chevalier.
    Je retins mon
souffle. Entendre ne fût-ce que mentionner son nom me faisait tressaillir.
    — L'aimiez-vous ?
    — Oui,
répondis-je lentement. Je le dis parce qu'il est à présent hors de portée de
tout pouvoir temporel.
    — C'était
un prêtre ?
    — Je
l'aimais. Où est le péché, le crime ?
    Je me penchai en
avant.
    — Avez-vous
jamais aimé, je veux dire vraiment aimé ?
    — Je suis
un homme d'Église.
    — Où, dans
les Écritures, trouve-t-on que cela vous empêche d'aimer ?
    — Quelle
érudite ! railla maître Theobald. Mathilde, vous auriez dû entrer en
religion.
    — Onc ne
l'ai abandonnée.
    — Prononcer
vos vœux.
    — Je l'ai
fait, et ils sont aussi solennels que tout serment de votre part.
    — Mathilde,
Mathilde !
    Il se leva et
s'approcha, me dominant de toute sa taille.
    — Pourquoi
ne parlez-vous pas au roi ?
    — Est-ce
pour cela que vous êtes ici ? Pour apprendre ce que je sais ? Pour me
presser de me confesser ?
    — De vous
confesser ?
    — Approchez,
maître.
    Je lui fis
signe. Il se pencha et je lui murmurai à l'oreille une insignifiante allusion
aux grands secrets d'Isabelle. Il recula, blême, l'air hagard.
    — Je ne
crois pas...
    — Oh, si,
croyez-moi, mon enfant, le taquinai-je. Si vous disiez au roi ce que je viens
de vous confier, vous ne verriez pas le premier dimanche de l'Avent.
    Je haussai les
épaules.
    — Un
malheureux accident, une maladie contagieuse ou quelque chose que vous auriez
mangé, qui vous étoufferait et déposerait dans vos entrailles un festin de
crapauds qui, à votre agonie, gronderaient comme le feu pris dans la cheminée.
    Maître Theobald
retourna s'asseoir.
    — J'essaie
de vous protéger. Allez-vous-en et faites savoir que je suis aussi obstinée
qu'auparavant.
    L'avocat du roi
essuya la sueur qui brillait sur son visage.
    — La
vieille reine, marmonna-t-il, a tellement bavardé à sa mort...
    — Ne vous
occupez pas de cela !
    — Un
détail, pourtant, interrogea-t-il en tambourinant sur l'accoudoir de sa chaire.
L'Empoisonneuse. Qui était-ce ?
    Je me levai en
souriant.
    — Ah !
Dites au souverain que l'Empoisonneuse n'est pas loin de moi, ni de lui en
fait.
    Maître Theobald
me regarda avec perplexité.
    Je le saluai.
    — Mon
enfant, j'en ai assez révélé.
    Je le quittai et
retournai dans le chœur, où je m'agenouillai près du tombeau d'Isabelle,
rafraîchissant mon visage brûlant contre le marbre. Je contemplai la nef et
pensai à l'Empoisonneuse. Il était temps que j'en revienne à ma confession.

 
     
     
     
     
    CHAPITRE
PREMIER
     
     
     
    « On prétend qu'il
[Peter Gaveston] était le plus intime
    et le plus aimé des
serviteurs du jeune Édouard. »
    Vita
Edwardi Secundi
     
     
    Le pire de
l'hiver était passé. La Chandeleur était arrivée et s'en était allée dans un
scintillement de lumière à travers les sombres sanctuaires, les chœurs et les
chapelles votives. Édouard d'Angleterre venait d'être couronné voilà à peine un
mois, et déjà les grands barons, comme ils se faisaient appeler — Aymer
de Valence, comte de Pembroke, Henry de Lacey, comte de Lincoln, Bohun de
Hereford, Beauchamp de Warwick et de Clare de Gloucester —, se
regroupaient pour préparer la guerre. Les rues et les ruelles de Londres
étaient bondées de soldats de différents corps. Les archers, en jaque
rembourrée sur une chemise en gros drap, portaient un ceinturon en cuir pourvu
d'une gaine pour leur épée et d'un fourreau pour leur dague, des jambières en
serge verte et de grossières bottes crottées en cuir de bœuf. La pluie
printanière faisait luire leurs casques et leurs gorgerins et, à l'épaule, on
voyait la longue verge de leur arc dont la précieuse corde était protégée de
l'humidité par un étui de cuir. Ils étaient suivis de la piétaille en
justaucorps de cuir, la tête et le visage cachés sous des casques coniques au
large nasal. Puis venaient les arbalétriers arborant salade et haubert et des
hommes de troupe en jaque de cuir et gambison rembourré, en broigne, la calotte
de fer attachée sous le menton. Ils étaient tous munis d'un bouclier
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher