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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines
Autoren: Paul C. Doherty
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durent accepter de le
recevoir. Quiconque était porteur de lettres scellées, authentifiées par le
sceau privé du roi, avait par là même l'approbation totale du souverain pour
venir à Grey Friars.
    Notre ermite,
qui marchait les pieds tournés en dedans, prit ses aises. On lui attribua
l'ancienne loge aménagée dans le mur sud du chœur de l'église du prieuré. Il y
a deux fenêtres. L'une donne sur le chœur ; l'autre sur le cimetière avec
sa forêt de croix et de pierres tombales délabrées. Rahomer, vêtu de noir et de
blanc comme un frère portant les couleurs de deux ordres différents, rôdait
partout, le chapelet enroulé autour des doigts. Il proclamait qu'il était un
frère lai obéissant à une règle plus stricte et les franciscains l'acceptèrent
donc pour ce qu'il feignait d'être. Il n'en allait pas de même pour le prieur
Stephen qu'un coup d'œil perspicace jeté sur les gestes pieux de notre cafard
avait suffi à rendre dubitatif. Sans nul doute, je l'étais aussi. Jouant la
vieille sénile errant dans le prieuré dans l'espoir de rencontrer un
interlocuteur, je questionnai Rahomer : avait-il jamais lu l' Anciente Rewle ,
un ouvrage de réflexion spirituelle sur la vie d'un anachorète ? Il
affirma que oui, mais il buta sur les mots et son regard fuyant évita de
croiser le mien.
    Or ma chambre, à
Grey Friars, est une cellule sombre et austère. Les murs de pierre s'effritent,
le plafond à chevrons est souillé et le sol poussiéreux est couvert d'une
jonchée. Elle ouvre sur le petit cloître qui surplombe une friche, endroit
désert et calme. Je m'asseyais donc souvent près de la cour intérieure pour
contempler les têtes grotesques des gargouilles et me demander qui elles me
rappelaient. Les frères étaient toujours courtois. Ils me laissaient
tranquille. Ce que ne faisait point maître Rahomer. À plusieurs reprises, en
regagnant ma cellule, je constatai qu'on avait dérangé mes documents. Quelqu'un
était entré en catimini et avait avec soin fouillé mes biens. La logique
voulait que je suspecte notre prétendu saint anachorète, aussi me mis-je à
l'observer avec plus d'attention.
    C'était près de
la fenêtre de la loge qui donnait sur le cimetière qu'il avait l'habitude de
recevoir des visiteurs, des hommes et des femmes désespérés avides de conseils
spirituels. Ils devaient l'être en effet pour consulter ce roseau tremblant
dans le vent.
    L'Ecclésiaste
dit vrai : l'orgueil et l'arrogance sont à la racine de tout péché. Mon
expérience me prouve qu'ils sont aussi la cause de la pendaison de moult
espions. Maître Rahomer jugea que j'étais ce que je semblais être : une
femme âgée aux cheveux gris et au dos rond. N'est-il pas étrange de voir à quel
point on méprise les vieux, comme s'ils n'existaient pas ? Il ne se posa
pas de question à mon sujet. Moi, je m'interrogeai sur lui. Il avait un fidèle
visiteur, un homme en futaine brune, de toute évidence un clerc royal malgré
son grossier déguisement. Je m'attendais à ce genre d'intrusion : pas au
meurtre.
    L'anachorète
était arrivé vers la Saint-Pierre-aux-Liens [3]  ;
à la Saint-Michel, il tentait déjà de m'occire. Rahomer était une âme vile qui
attendait son heure et frappait en silence. Je prends mes repas dans ma cellule ;
le frère chargé du réfectoire dépose ma nourriture sur une saillie de pierre à
l'extérieur. Ce jour-là, j'avais assisté à la grand-messe. Puis j'attendis que
le chœur soit désert pour pouvoir, comme à mon habitude, m'approcher du tombeau
d'Isabelle et lui parler. Je regagnai donc ma chambre un peu plus tard. En
arrivant je pris le plateau et en examinai le contenu avec attention. J'ai
horreur des rats, souvenirs de la Grande Peste et d'un affreux emprisonnement
dans un cachot français. Je reconnus les traces de mon vieil ennemi : les
cinq griffes déployées, les légères marques de grignotage, les petites crottes
dures et noires ; la vermine avait certainement rendu visite à mon
plateau. Cela m'étonna : le réfectorier protégeait toujours les plats de
couvercles en bois, mais, cette fois, il en manquait deux. Je décidai de ne pas
manger et je laissai le tout. J'étais sur le point de pénétrer dans ma chambre
quand j'entendis des grattements, des raclements au fond de la galerie creusée
dans la pierre qui menait au petit cloître. M'emparant d'une canne, je sortis
pour voir ce qu'il en était. Je farfouillai du bout de ma canne.
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