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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines
Autoren: Paul C. Doherty
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reculai en
souriant.
    — Mon père,
il ne sera point le premier.
    Maître Theobald
fit son entrée à Grey Friars peu après la première messe. Il voulut me voir
dans ma propre cellule dont les murs épais et les fenêtres étroites rendaient
difficile toute écoute pour une oreille indiscrète. Il était replet, le cheveu
rare, et son visage mafflu reflétait l'amour qu'il portait aux plaisirs de la
vie. C'était un homme courtois et cynique aux yeux noirs et ronds comme des
cailloux, aux épaisses lèvres sensuelles sous un nez pointu et crochu. Il
s'installa dans la grande chaire que le prieur avait fait apporter pendant que
je me juchais, tel un pécheur en jugement, sur un petit tabouret capitonné.
Comme il se montrait arrogant, j'attendis. Fort satisfait de lui, maître
Theobald n'avait qu'un doute : pourquoi avait-on choisi une personne de
son importance pour questionner quelqu'un comme moi ? Il ne tarda pas à en
découvrir la raison.
    — Maître,
commençai-je, pourquoi êtes-vous céans ? Pourquoi voulez-vous m'interroger ?
Au nom de quelle autorité ?
    — Mon
enfant...
    — Je ne
suis pas votre enfant.
    — Ma
fille...
    — Je ne le
suis nullement, pas plus que votre sœur, ni votre mère.
    — Madame...
    Il prit une
profonde inspiration, les narines palpitantes, les yeux écarquillés.
    — Selon la
loi...
    — Selon la
loi canon, l'interrompis-je, nous sommes sur un domaine ecclésial. Je me suis
retirée dans un prieuré de l'ordre franciscain.
    — Pourquoi
êtes-vous recluse, Mathilde ? dit-il en changeant de stratégie.
    — Parce que
je l'ai choisi. Désirez-vous entendre ma confession ?
    — Eh bien,
Mathilde, êtes-vous dans la grâce de Dieu ?
    — Si c'est
le cas, qu'il veuille m'y garder. Sinon, qu'il m'y reçoive. Voulez-vous
m'entendre en confession ?
    Maître Theobald,
mal à l'aise, s'agita et adopta un ton plus formel.
    — Vous êtes
bien Mathilde de Clairebon, née près de Brétigny ?
    — Vous le
savez.
    — Vous avez
rejoint votre oncle, Sir Réginald de Deyncourt, précepteur doyen de l'ordre du
Temple. Il était médecin général à Paris, n'est-ce pas ?
    — Cela
aussi, vous le savez.
    — Vous avez
acquis toutes les connaissances en médecine que vous pouvez avoir...
    — À vous
ouïr, on dirait une insulte !
    — Vous
n'avez point fréquenté une faculté de médecine ?
    Je souris.
    — Mon
savoir en médecine est aussi étendu que celui de n'importe quel praticien. Il
repose sur l'observation et le traitement. Prenons votre cas, maître Theobald.
Vous aimez le clairet, d'où votre nez et vos joues striés de veinules. Vous
avez du mal à vous asseoir sur des coussins et cillez un peu en vous déplaçant :
des hémorroïdes ? Les veines de votre fondement sont distendues. Vous
allez peu à la selle. Vous devriez boire davantage d'eau, manger des fruits
frais et des légumes non nappés de sauce riche. Vous avez du cérumen dans
l'oreille droite et parfois un catarrhe, ce qui explique que vous entendez mal.
Vous faites comme si vous étiez sûr de vous, mais alors pourquoi vous rongez-vous
les ongles ? Que voulez-vous que je vous dise ? Que du jus extrait
d'un seau plein d'escargots couverts de mélasse et suspendu au-dessus d'une
jatte guérira vos maux de gorge ? Je me mis à rire.
    — Certains
mires le recommandent. Que, si vous avez la goutte, vous devriez prendre un
chiot à la robe unie, le couper en deux et poser le côté chaud, la chair
bouillante, contre l'endroit douloureux ? Que manger un petit pâté fait
d'un mulot écorché dont vous fixerez la peau chaude sur votre gorge pendant neuf
jours soignera un rhume ? Je peux préparer ce genre de potions, mais la
cure tuera.
    Maître Theobald
leva la main.
    — Madame,
vous étiez bien à Paris quand Philippe le Bel a décimé les Templiers ?
    — Oui.
    — Il a
occis votre oncle ?
    — Certes.
J'ai dû fuir. Mon oncle estimait que l'endroit le plus sûr était la maison
d'Isabelle, la fille de Philippe IV. Elle était sur le point de se rendre en
Angleterre pour épouser son fiancé, Édouard, le prince de Galles.
    — Étiez-vous
à l'abri ?
    — Philippe
et sa bande, Marigny, Nogaret, Plaisians, m'ont oubliée jusqu'à ce que ce soit
trop tard.
    — Et
vous...
    Il me désigna du
doigt.
    — ... leur
avez déclaré la guerre ?
    — Je
n'avais point le choix. C'est ce que je ferais contre tout homme qui me
menacerait.
    Ma riposte fit
grimacer mon
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