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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines
Autoren: Paul C. Doherty
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contreforts élancés du pinacle en
faisaient un vrai joyau. C'était comme si le roi avait voulu créer son propre
monde chimérique et échapper à la rage qui bouillonnait autour de lui. C'est là
que s'abritaient le souverain, Gaveston, la reine et un groupe réduit de
fidèles, conduit par Hugh de Spencer de Glamorgan, le capitaine du vieux roi.
    Édouard et
Gaveston s'y distrayaient et attendaient, sans tenir compte de l'orage qui
montait. En Écosse, Bruce menaçait les comtés du Nord. D'Avignon, Clément V
proclamait avec véhémence que le roi d'Angleterre devrait éradiquer l'ordre du
Temple à l'instar de Philippe de France. Plus près, à un jet de pierre, les
grands barons avaient décidé de faire le siège et de s'installer dans
l'enceinte sacrée de l'abbaye de Westminster. Philippe, flairant la victoire et
voulant profiter de l'occasion pour faire d'Édouard son obligé, entra derechef
dans la mêlée et dépêcha ses propres envoyés en Angleterre. Ils arrivèrent en
parlant de paix mais en ourdissant la guerre. Ils formaient une méchante
engeance : l'abbé de Saint-Germain, une pompeuse nullité ; les
diaboliques familiers du monarque français : Guillaume de Nogaret,
Guillaume de Plaisians et, prince parmi ces serpents, Enguerrand de Marigny.
Ces trois démons, sur ordre de leur maître, avaient détruit les Templiers,
rudoyé la papauté et ils étaient à présent tout à fait décidés à faire plier
Édouard d'Angleterre. Dans le palais même du roi se tapissait dans l'ombre
Isabelle la Belle, qui, quoique à peine âgée de quatorze ans, faisait montre de
toute la ruse d'un intrigant blanchi sous le harnais. C'était bien la fille de
son père, qu'elle haïssait cependant, le rendant responsable du mystérieux et
soudain trépas de sa mère, Jeanne de Navarre, ainsi que des abus dont elle
avait été victime de la part de ses trois frères, Louis, Philippe et Charles,
ces rejetons de Satan. En public, elle se posait en ennemie de son époux
partageant le rêve de son père : l'hégémonie capétienne qui tiendrait
l'Europe entière et ses gouvernants sous son sceptre de fer. Aux yeux de tous,
elle était blessée par l'attitude du roi et éprouvait un profond ressentiment
envers Gaveston. Du moins c'était ce que disait la rumeur. En privé, Isabelle
tissait sa propre toile avec moi dans son ombre, comme un archer, caché
derrière le bouclier d'un autre, bande son arc.
    J'étais proche à
la fois de la reine et du roi. En réalité, je n'avais pas le choix. Ma
maîtresse comme moi faisions partie de la maisnie royale, de sa maison, et
étions membres de sa chambre privée. Il y avait quelqu'un d'autre. Mon cœur, la
lumière de ma vie, la passion de mon âme : Bertrand Demontaigu à la noire
chevelure striée de gris, au visage olivâtre illuminé pourtant par des yeux
magnifiques, aux manières courtoises. Demontaigu était un templier, fils d'un
chevalier français et d'une dame anglaise. Après la rapide et brutale
destruction de son ordre, il s'était lui aussi enfui pour se cacher dans
l'entourage de la reine et tenir le rôle d'un de ses clercs. Jadis messager du
Temple, il avait échappé à l'attention et aux poursuites d'Alexandre de
Lisbonne et de ses Noctales . Ces derniers, de redoutables chasseurs
d'hommes envoyés à travers l'Europe par Philippe de France et Clément V,
devaient pourchasser, capturer et tuer tout templier survivant. Demontaigu !
Même maintenant, quand je pense à lui, mon sang palpite dans mes veines. Il m'a
redonné goût à la vie. Et, surtout, il me faisait rire en disant que notre
couple était celui de l'automne et du printemps, car il avait trente ans alors
que je venais juste d'en avoir vingt. Lui et Isabelle ont donné un sens à mon
existence. Je les en ai récompensés en leur étant indéfectiblement loyale,
quels que soient leurs péchés, quelles que soient leurs fautes. Mais c'est bien
cela, l'amour : il ne laisse voir que les bons côtés.
    Le printemps de
1308 fut une période de grand danger et la situation empira quand
l'Empoisonneuse se manifesta et fit sentir sa sinistre présence. Comment tout
cela commença-t-il ? Je vais vous le narrer comme je décrirais deux
chevaliers s'apprêtant pour une joute. Armés et casqués, ils enfourchent leurs
destriers qui piaffent et renâclent. Seul le tintement des cottes de mailles et
le cliquetis des armes rompent le silence qui se fait dans la lice. Les
trompettes retentissent. On incline
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