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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines
Autoren: Paul C. Doherty
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Que fallait-il faire à présent ? Édouard et
Gaveston se retirèrent au fond du palais de Westminster, suivis par une foule
de valets, de serviteurs, d'étameurs, de forgerons, de tonneliers, d'orfèvres,
de maçons, de couvreurs et d'artisans. Ils furent rejoints par les clercs de
moindre rang de la maison, par ceux de l'office, de la dépense et des cuisines,
sans parler des clercs royaux de la garde-robe, de l'Échiquier, de la chancellerie
et de ceux relevant du Banc du roi et des cours communes. C'était une cohue de
serviteurs royaux en livrée défendue par les Kernia, les farouches mercenaires
irlandais de Gaveston, ainsi que par les troupes du souverain, par les
chevaliers bannerets et par une multitude d'archers gallois. Tous prirent
position, garde vigilante, sur les remparts du palais, à King's Bridge et à King's
Bridge, au Grand Portail et aux poternes ouvrant sur les quartiers réservés au
souverain. À un jet de flèche, l'échafaud de l'abbaye, érigé à Gallows Lane,
connut vite une grande activité et s'orna sans tarder des corps des truands,
filous et forbans qui, avides de riches rapines, avaient osé traîner trop près
de la maison du monarque. Celui-ci avait déchargé son ire et sa frustration sur
ces hors-la-loi dont les cadavres gelaient et se desséchaient dans l'air froid
du printemps.
    J'ai lu les
chroniques narrant les premiers mois du règne d'Édouard. Toutes les décrivent
comme une période de mutation sanglante. Philippe IV gouvernait la France. Le
pape Clément V s'abritait dans son palais à Avignon où lui et sa Cour se
gobergeaient de cygnes, paons et sangliers, lampant comme des hommes mourant de
soif les riches vins du Sud. C'était là aussi une période de changement. La
Mort et la Destruction, ces deux cavaliers décharnés juchés sur leurs pâles
chevaux étiques, émergeaient déjà des volutes brumeuses du temps. La Mort,
disait l'un des récits, était un cavalier portant un écu carré. Dans le premier
quartier était peint un singe grimaçant, rappelant ainsi la manière dont, après
le trépas d'un homme, ses exécuteurs se gaussaient de lui et dépensaient ses
biens. Dans le deuxième se trouvait un lion, symbole de la cruauté de
l'anéantissement. Dans le troisième, un archer incarnait sa soudaineté, et,
dans le quatrième, un scribe notait tous les péchés qui seraient pesés devant
le tribunal divin. Inondation et mauvais temps gâtaient la vie des humains ;
l'Orgueil et la Peste se tenaient en embuscade. Une chronique rédigée par des moines
déclarait : « Dieu est en colère. Il ne nous écoutera plus et, pour
nos péchés, Il réduira même les justes en poussière. » Selon un autre
écrivain, l'époque était si terrible que l'Antéchrist lui-même, un fort beau
jouvenceau, était déjà né et avait à présent dix ans. De sinistres et
mystérieux incidents étaient racontés avec grand soin : le sang répandu
rendait la terre stérile ; les arbres se brisaient après avoir servi de
potence ; les marques des griffes de Satan entaillaient l'à-pic des
falaises. Il y avait des tempêtes et des inondations, des éclipses, des étoiles
filantes et des signes de mauvais augure dans le ciel, des naissances de
monstres et de violentes calamités. On mangeait le pain de la douleur et on
buvait l'eau de l'affliction. En y repensant, je ne peux que constater que les
prêcheurs et les prophètes de malheur se trompaient. L'avenir serait bien pire !
Comme une prune trop mûre sur le point de se fendre, le mal bourgeonnait et,
semblable à tout processus de destruction, une fois déclenché, il suivrait sa
course exterminatrice.
    Édouard et ses
barons étaient résolus à la confrontation. Le roi s'était replié dans le vaste
domaine du palais de Westminster. Il y avait fait ériger un splendide édifice
qu'il surnommait sa « Bourgogne », s'attribuant ainsi, pour
plaisanter, le titre de roi de Bourgogne et y recréant la résidence préférée de
son enfance : les appartements au-dessus du corps de garde de King's
Langley. Construit en belle pierre et en bois avec un toit d'ardoise, le manoir
de Bourgogne était imposant et majestueux. Entourant une cour carrée, il
s'enorgueillissait d'une longue salle au-dessus de laquelle se trouvaient des
chambres et, sur les côtés, de dépendances à colombages sur un labyrinthe de
caves. Sa charpente de chêne, les fines sculptures au bord de ses pignons, les
délicats entrelacs de ses fenêtres, les
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