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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines
Autoren: Paul C. Doherty
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Philippe IV, veuve d'Édouard Ier
d'Angleterre. Marguerite avait été mariée à ce grand seigneur de guerre pendant
huit ou neuf ans et lui avait donné quatre enfants. L'aîné devait périr de
malemort à l'instigation d'Isabelle devant les portes de Winchester, où,
accroupi, il resta enchaîné comme un chien, jusqu'à ce qu'un félon reconnu
coupable, en échange de son pardon, lui tranche la tête. Edmund de Woodstock,
comte de Kent, le plus bel homme du royaume, demi-frère d'un roi, oncle d'un
autre roi, prince du sang, fils du grand Édouard et de la dévote Marguerite,
fut saigné comme un goret ! Qui prétend que les Furies ne poursuivent pas
leur proie ou que les péchés du père ou de la mère ne retombent pas sur la
génération suivante ? C'était pourtant le chemin que j'allais suivre,
chemin de sang et de violence. D'autres m'emboîtèrent le pas : de
puissants seigneurs, des princes de la maison du souverain, des évêques et des
dames, des chevaliers et des capitaines, tous renversés et jetés au tréfonds de
l'Enfer. Mais cela arriva plus tard.
    En cette veille
de l'Annonciation, Isabelle et moi devions faire passer le temps et flatter la
reine douairière. Nous étions installées sur des tabourets pliants autour du
vaste manteau de la cheminée du solar de Marguerite, près de la Chambre peinte
dans le vieux palais de Westminster. Bien que nous fussions au printemps depuis
trois jours, cette journée était rigoureuse et froide. Un feu ronflait dans
l'âtre sombre et voûté. Les bûches enflammées crépitaient sous la chaleur. Les
sachets d'herbes s'ouvraient pour laisser se répandre des bouffées de parfum
estival et chasser la sensation glaçante d'hiver. Nous partagions un pichet
d'hypocras additionné de muscade et réchauffé à l'aide d'un fer rougi, tout en
picorant des sucreries écrasées et enrobées de miel que nous tirions d'un hanap
façonné dans un cep de vigne qui, nous avait affirmé avec solennité la reine
douairière, provenait de Terre sainte. Je me souviens bien de ce hanap :
argenté, il représentait les Cinq Plaies du Christ ciselées sur l'inscription
IHS. Je le contemplai pendant que les flammes rugissaient, que le charbon dans
les braseros pétillait et que torches, chandelles et lanternes de corne
faisaient danser les ombres, juste prologue aux horribles meurtres qui allaient
se glisser, comme une horde de fantômes, dans nos vies.
    En ces
circonstances, Isabelle et moi mourions d'ennui, mais ma maîtresse, à l'instar
d'une novice, parvenait à maîtriser l'expression de son ravissant visage. Elle
était tassée sur elle-même, la tête un peu baissée, les plis de son voile de
gaze cachant sa splendide chevelure, toujours emmitouflée dans sa pèlerine de
fourrure, qui, entrouverte sur le devant, laissait voir une robe de laine bleu
foncé dont le dépassant de dentelle tombait sur ses bottines fourrées.
    Près d'elle,
Marguerite, la reine douairière, portait une robe noire, telle une nonne, et
une guimpe d'un blanc immaculé encadrait sa tête. Autour de ses doigts gantés
s'enroulait une paire de chapelets au cœur d'argent et à la croix d'or. Ce
visage serein et froid comme le marbre, ces yeux aux lourdes paupières, ce
menton carré et ces lèvres exsangues rappelaient les traits inflexibles de son
redoutable frère. J'ai toujours trouvé que sa figure avait l'air d'être taillée
dans le roc et je me demandais déjà si son âme reflétait ses traits. Marguerite
la dévote, Marguerite la sainte ! Des scènes de la passion de Thomas
Becket étaient dépeintes jusque sur son gobelet. Autour du bord, comme
Marguerite me l'avait déjà rabâché à au moins trois reprises, était gravée la
phrase pie : Qu'il soit béni de la main de Dieu celui qui reçoit cette
coupe et boit en mon nom. Derrière elle, sur le mur, était écrit : Dieu qui est mort sur la Croix. C'est sur cet arbre de douleur que Son sang
béni nous a rachetés .
    Oh, oui,
Marguerite la sainte, l'ennuyeuse, l'écervelée ! Ah, j'aurais dû être plus
prudente et méditer le vieil adage : Cacullus non facit monachum  — l'habit
ne fait pas le moine. Ou, en l'occurrence, la guimpe ne fait pas la religieuse !
Sur un tabouret, de l'autre côté de Marguerite, était assise la compagne
inséparable de la reine douairière, son alter ego , Margaret de Clare,
sœur de Gilbert, comte de Gloucester, et épouse de Peter Gaveston. Ils
formaient un couple mal assorti sans nul doute, ou,
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