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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas
Autoren: Hubert Prolongeau
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d’ordre que pour celui-ci,
dit le centurion. Allons-y. »
    Quand la petite troupe, entourant le
prisonnier dont les mains avaient été garrottées, franchit la porte du jardin, Judas
eut le sentiment que tout allait, pour Israël aussi, enfin s’accomplir. Et il
fut heureux.
    Jésus fut interrogé
le lendemain matin par le Sanhédrin, d’abord en comité restreint chez Anne, puis
en grand comité chez Caïphe. Judas passa à nouveau la matinée à vérifier que
tout le monde était en place. Il avait fait poster des hommes dans les coins
stratégiques de la ville, des hommes souvent armés. Partout où il devait y
avoir une foule, il avait des gens prêts à l’entraîner. Sur sa demande, Nicodème
avait, pour l’après-midi, obtenu l’autorisation de rendre visite à Jésus. À ce
moment là, Jésus donnerait le signal de la révolte, et il en prendrait la tête.
    Le plus important était d’abord de placer des
hommes dans la foule qui allait assister à la libération annuelle d’un condamné.
Quand Pilate apparut, cela faisait déjà une heure que les badauds piétinaient. Le
préfet semblait indifférent et hautain, et son masque de père sévère regardait
loin devant lui. Jésus fut amené avec les autres prisonniers libérables dans la
cour. Judas frémit en voyant les marques de fouet qui ensanglantaient le
manteau pourpre, signe ironique de royauté, qu’on lui avait jeté dessus. Il
savait qu’il risquait la crucifixion, la mort réservée aux rebelles à Rome. Mais
il savait aussi que la vague qu’allait lancer Jésus allait submerger le palais
et la garnison sans doute encore faible qui l’occupait. Pilate parla.
    « Votre loi me permet de remettre en
liberté l’un des nouveaux prisonniers : lequel voulez-vous ? »
    Alors, de partout, les zélotes infiltrés dans
la foule crièrent :
    « Libère Barabbas. Libère Barabbas. »
Certains, pour donner le change, criaient. « Jésus, libère Jésus de
Nazareth. » Mais ils étaient beaucoup moins nombreux. D’autres noms
volèrent. Plusieurs familles, dont le père ou le frère avaient été arrêtés, tentèrent
de faire libérer leur parent.
    « Barabbas, dites vous ? reprit
Pilate, répétant le nom le plus audible. Et qui est ce Barabbas ? »
Il se tourna vers les prisonniers. « Lequel d’entre vous est Barabbas ? »
Il avait l’air soulagé, et les hauts dignitaires juifs aussi. Tous savaient que
cette coutume n’était tolérable que si des prisonniers de second ordre en
profitaient : demander la libération d’un rebelle important aurait
immédiatement entraîné des complications.
    Barabbas sortit de la masse des prisonniers, suscitant
quelques cris et gémissements de la part de ceux qui n’avaient pas été choisis.
    « C’est toi, Barabbas ? Pourquoi
es-tu ainsi retenu ?
    — J’ai attaqué quelques marchands sur la
route.
    — Un brigand ? Qu’as-tu de si
remarquable qu’on réclame ainsi ta libération ? Ceux que tu as pillés n’en
ont donc pas assez ? Enfin, une coutume est une coutume. Pars, tu es libre.
Mais n’oublie pas que si jamais tu te retrouves ici, ce sera la mort. »
    Le préfet se leva et se tourna vers ses adjoints :
    « Dois-je maintenant interroger ces
agitateurs ? »
    Judas jubilait. La première partie du plan
avait parfaitement fonctionné.
    Nicodème avait
assisté aux interrogatoires de Jésus. À l’heure du repas, il réussit à venir
voir Judas. Mais il avait l’air préoccupé.
    « Quelque chose ne va pas ?
    — Je ne sais pas, avoua le vieil homme. Il
a l’air à côté de ce qui lui arrive. Il est passé de chez Anne à chez Caïphe, puis
a été interrogé par Pilate. Plus de douze stades en allers et retours : ils
ne l’ont pas épargné… Mais son attitude est étrange. Il ne saisit aucune des
perches qu’on lui tend, répondant toujours au pire pour lui. Les traducteurs ne
l’aident pas, mais quand même… Chez Anne et chez Caïphe, il ne s’est quasiment
pas défendu, reconnaissant ce dont on l’accusait au prétexte que tout ce qu’il
avait dit était public. Il n’a, sans l’admettre, nullement nié avoir voulu s’en
prendre au pouvoir du Temple. Chez Pilate, la première fois, il a annoncé que
sa royauté n’était pas de ce monde, déclaration qui a semblé aussi obscure au
préfet qu’à nous. Et il a ajouté : “Je suis venu ici pour rendre
témoignage à la vérité.” Pilate était mal à l’aise et a voulu s’en
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