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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas
Autoren: Hubert Prolongeau
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débarrasser
en le renvoyant chez Hérode. Hérode s’attendait à s’amuser avec un faiseur de
tours, et Jésus l’a regardé avec mépris, refusant de faire le moindre petit
miracle… Mais ce n’est encore rien : devant le Sanhédrin, il s’est déclaré
fils de Dieu. Et, quand Hérode l’a renvoyé devant Pilate, qui curieusement n’a
pas l’air déterminé à le faire périr, il a reconnu être roi d’Israël.
    — Roi ? Mais comment cela, roi ?
Tout homme qui se proclame roi parle contre César. En ce moment, c’est idiot. Qu’il
sorte d’abord, et ensuite il pourra le proclamer tout à son aise. Mais si
personne d’autre ne l’entend que Pilate, il est sûr de se faire condamner…
    — Je ne comprends effectivement pas. Il
joue un jeu très risqué, d’autant plus que, s’il doit être jugé, il faut que ce
soit très vite, avant le sabbat. Pilate a beau être une brute, il sait aussi se
ménager le Sanhédrin, et ce n’est pas la première fois qu’il ferait exécuter
quelqu’un dont il se moque pour lui faire plaisir. Souviens-toi de Bar Sichen.
    — Mais nous sommes prêts. Il n’a qu’un
mot à dire, et il l’aura son royaume. Dès qu’il sera dehors et libre. Pas avant…
    — Il n’a pas l’air décidé. Peut être me
trompé-je, mais je suis inquiet. »
    Judas pâlit.
    « Il faut que je le voie.
    — Que tu le voies ? Et comment
veux-tu faire ?
    — Obtiens-moi une audience. Tu devais le
rencontrer cette après-midi, fais-toi remplacer par moi. Tu as suffisamment de
contacts pour cela.
    — Sous quel prétexte ?
    — Il doit bien y avoir un moyen.
    — Oui, peut-être, en te faisant passer
pour un médecin venu examiner ses plaies et envoyé par moi.
    — D’accord. J’amènerai quelques onguents.
Personne ne me reconnaîtra ?
    — Ceux qui t’ont vu chez moi traînent peu
dans les prisons, ricana Nicodème.
    — Essaie. Fais-moi prévenir chez Caleb. J’y
attends ta réponse. »
    Deux heures plus
tard, un messager apportait à Judas un laissez-passer et un message de Nicodème.
    « Tu peux venir et l’examiner. Tu
disposeras d’une demi-heure. Tiens-moi au courant. »
    Judas, qui avait déjà préparé quelques baumes,
suivit l’homme jusqu’à la prison. L’odeur était épouvantable. Des excréments
souillaient le sol. Dans un coin, deux cadavres de rats avaient été à demi
rongés, et Judas frémit en songeant que c’était sans doute par les prisonniers.
    Il fut introduit dans un cachot.
    Jésus était méconnaissable : ses lèvres
étaient fendues, un de ses yeux fermé, et ses cheveux ensanglantés lui
tombaient sur le visage en lourdes mèches sales sans qu’il fit même un geste
pour les repousser.
    « Judas… Mais comment…
    — Ne parle pas trop. J’ai pu obtenir un
laissez-passer. Voici quelques onguents.
    — Merci. »
    Jésus prit les baumes et commença à en passer
sur ses blessures. Le contact avec sa chair à vif le fit tressaillir.
    « Que viens-tu faire là ?
    — Je viens te dire que tout est prêt. Tu
n’as plus qu’à prendre la tête de nos troupes et la ville est à nous. »
    Jésus soudain eut l’air intéressé.
    « Et je sortirais d’ici ?
    — Ils ne peuvent pas te garder très
longtemps, à moins que tu ne leur donnes des prétextes pour.
    — Ils arrêteraient de me torturer ? »
    L’espoir se lut sur son visage. Il regarda
Judas. Pendant un instant, un dernier instant, il crut que c’était gagné. D’un
coup, à cette heure où la réussite lui apparaissait évidente, le remords l’envahit.
    Mais la main de Jésus, qu’il lui avait
abandonnée, se crispa soudain. Il se jeta à terre et pleura.
    « Mais je ne peux pas, je ne peux pas. »
    Judas ne comprenait plus.
    « Qu’est-ce que tu ne peux pas ? N’as-tu
pas toi-même dit que tu étais roi ? Bien sûr, c’était trop tôt. Mais tu l’as
dit. Répète-le une fois dehors, quand tous les hommes seront là et… »
    Jésus se calma et répondit d’une voix
redevenue parfaitement déterminée.
    « Je ne peux pas faire ce que tu veux. Ma
mission est ailleurs. Elle n’est pas sur cette terre. Ne comprends-tu pas ?
    — Mais tous, là, dehors, ils t’attendent.
Tu es leur seul espoir. Ils ont besoin de toi. N’entends-tu pas leurs cris ? »
    Jésus eut la force de sourire, et son sourire
eut cette bonté qui bouleversait Judas.
    « Je ne peux rien leur donner. Judas, pourquoi
faut-il que ce soit toi, mon premier
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