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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas
Autoren: Hubert Prolongeau
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cache ce garçon ? »
    C’était le moment. Jusqu’à ce qu’il ait
répondu, Judas pouvait encore reculer. Après, ce serait trop tard. Il ferma les
yeux et vit la foule assaillant le palais pour libérer Jésus, vit ce dernier s’adressant
à elle et l’enflammant… Cette image s’imposa avec une force telle qu’il fut à
cet instant absolument convaincu qu’elle ne pourrait être que vraie. Et il
parla.
    « il vit chez un charpentier de Béthanie,
Caleb ben Iosseph. Il y a dans le même quartier un champ avec un petit pressoir
d’huile, juste après la rue des teinturiers. Il y va là tous les soirs prier. Demain,
à la tombée du jour, il y sera.
    — Nous viendrons avec des soldats.
    — Si vous voulez. Mais n’arrêtez que lui :
les autres ne sont que des comparses sans importance, de joyeux rêveurs qui l’accompagnent
en chantant ses louanges.
    — Qu’est-ce qui nous prouve qu’il n’y
aura pas là une troupe armée qui nous attendra ?
    — Pour quoi faire ? Envoyez une
centurie entière si vous avez peur : vous n’aurez que le ridicule d’écraser
une mouche avec un marteau.
    — Demain dans le champ du pressoir à
Béthanie ?
    — Oui.
    — Nous y serons. Gare à toi si tu nous as
menti. »
    Judas retint le crachat qui gonflait sa bouche.
Il ne les regarda pas et sortit.
    La voix de Moïse le rattrapa.
    « Je doute que tu fasses cela pour la
beauté du geste. Quelle récompense veux-tu ? Trente deniers te
conviendraient-ils ? C’est le prix d’un esclave, et celui que tu nous
livres ne vaut guère mieux.
    — Trente deniers ? »
    Judas éclata d’un rire méprisant.
    « Tu veux m’acheter pour trente deniers ?
Penses-tu que c’est pour cela que je t’offre l’homme que j’ai servi et aimé ? »
    Il eut presque un sanglot.
    « Mais alors que veux-tu ?
    — Rien. Ma récompense, je viens de l’avoir. »
    Et il s’enfuit en courant.
    Il ne voulut pas revoir
Jésus du lendemain et resta en ville, prévenant les siens, s’efforçant de
placer aux meilleurs endroits les hommes qui allaient entraîner la foule. Quand
le soir vint, il se rendit au jardin où il savait trouver Jésus. En entrant, il
n’aperçut que lui. Les apôtres étaient tous endormis au pied du pressoir à
olives. Judas les regarda avec mépris.
    Il n’avait pas pensé venir. Mais il voulait, sinon
expliquer ce qui allait suivre, au moins voir et serrer contre lui une dernière
fois son ami. En entrant dans le jardin, il le héla.
    « Tu es bien seul. »
    Jésus se retourna et lui sourit. Il avait les
traits creusés, les yeux fatigués, comme si la tempête intérieure qui le
rongeait depuis plusieurs jours avait eu raison de sa volonté.
    « Pardonne-leur leur faiblesse. L’esprit
est puissant, mais la chair est faible. »
    Judas s’avança et baisa Jésus à la main, comme
tout disciple son maître. Mais Jésus le prit par les épaules et l’enlaça, s’abandonnant
contre lui. Judas en retira à nouveau le sentiment que Jésus s’attendait à son
geste et qu’il lui pardonnait.
    À ce moment, cent hommes du régiment péréen d’Hérode
et cinquante des troupes du Temple investirent le jardin.
    « C’est lui », crièrent-ils en
désignant Jésus.
    Judas se détacha de Jésus.
    Les soldats bondirent, comme s’il allait s’enfuir.
    Le bruit réveilla les apôtres. Ils furent
immédiatement debout, le glaive à la main. Pierre se jeta devant les soldats.
    « Jésus, fuis », criaient d’autres.
    Le glaive de Pierre s’abattit sur un soldat, dont
il trancha l’oreille. L’homme poussa un hurlement, et porta à sa tête une main
entre les doigts de laquelle jaillit un flot de sang.
    Les Romains à leur tour avaient dégainé.
    Jésus cria :
    « Arrêtez. »
    Tous les combattant se regardèrent. Les deux
soldats qui avaient empoigné Pierre le lâchèrent.
    « Ces hommes sont là pour moi. Ils savent
qui je suis et viennent m’arrêter. C’est la volonté de mon père. »
    Il parut souffrir intensément en prononçant
ces mots.
    « Rangez vos armes, et laissez cela s’accomplir. »
    Pierre cria.
    « Mais nous n’allons pas les laisser t’emmener !
    — Si, vous allez le faire. »
    Jésus vint de lui-même se ranger entre les
soldats. Les disciples, désarçonnés, ne bougèrent pas. Jean, ne pouvant
supporter la scène, s’était déjà enfui, laissant son manteau entre les mains du
soldat qui avait tenté de le retenir.
    « Nous n’avons
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