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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque
Autoren: Paul C. Doherty
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traits.
    — N’hésitez pas, mon doux frère, tirez votre poignard, vidons cette querelle sur-le-champ. Mais je vous avertis...
    Il empoigna le pommeau de son épée.
    — Votre tête volera de vos épaules avant que cette dague n’ait quitté son fourreau ! Et à présent, jouez donc les braves !
    La main de William retomba.
    — Voilà qui est sage !
    Henry s’apprêtait à faire demi-tour quand William murmura :
    — Qui est le Hibou ?
    — Eh bien, mon frère, c’est un truand, un bandit de grand chemin, un individu qui fomente des troubles.
    — Mais pourquoi vous menace-t-il ? Pourquoi ces messages attachés à la grille du manoir ou fichés dans les portes et les volets ? C’est un bon archer, mon frère, mais pourquoi vous gabe-t-il ?
    — Je suis un puissant seigneur, expliqua Lord Henry. Je descends, comme vous, d’une vieille famille. J’ai des ennemis, parmi mes proches parents et amis, mais aussi ailleurs ! Un jour j’organiserai une chasse, non au daim ou au cerf, mais au Hibou. Quand je l’aurai capturé, je le pendrai à la grille du château et cette affaire prendra fin.
    — Il doit fort vous haïr ?
    — Mon frère, mieux vaut être haï que méprisé.
    — Et les Français ? interrogea William. Pourquoi ont-ils demandé au roi... ?
    — Pourquoi ont-ils demandé au roi... ? l’interrompit Lord Henry en s’approchant si près que William sentit son haleine chargée de vin. Pourquoi le roi m’a-t-il demandé de conduire une ambassade à Paris pour représenter la Couronne aux fiançailles de Lord Édouard et de la princesse Isabelle ? Oui.
    Il écarquilla les yeux en feignant l’étonnement.
    — Oui, c’est ce que je suis en train de faire, William ! Parce que je ne suis pas comme vous ! Je suis un seigneur influent, ami et confident du roi. On me craint aux alentours, mais aussi dans des endroits où vous n’êtes même jamais allé.
    — Oui, on vous craint et on vous hait ! cracha William. Vous me narguez, comme hier soir...
    — Mes excuses {3} , mon frère.
    Henry s’approcha encore.
    — Je n’ai fait qu’allusion à ce que je sais, mais à présent je vais tout vous révéler ! Je suis au courant pour Gaveston {4} , le sodomite !
    Et, pivotant sur ses talons, Lord Henry rejoignit ses compagnons.
    — Notre proie ne tardera pas, leur rappela-t-il. Parions-nous, Messires, que mon arc abattra le premier cerf ? qu’il le touchera droit au coeur ?
    Le murmure des conversations se tut. Lord Henry vida son gobelet et le jeta.
    — Allons, allons, mes amis, n’y a-t-il personne pour relever ce défi ?
    — Moi, dit Amaury de Craon en levant la main. Dix livres en or, monseigneur.
    L’envoyé français s’avança, main tendue. Lord Henry la lui serra et plissa des yeux quand Craon, le tenant avec force, l’attira vers lui. Les yeux noirs du Français ne cillaient jamais.
    — Et quand vous viendrez à Fontainebleau, Lord Henry, je vous emmènerai chasser dans nos forêts.
    — Seigneur Amaury, j’accepte votre pari. Je prendrai et votre or et ma main.
    Craon éclata de rire et le lâcha.
    — En France, précisa Lord Henry bouillonnant de colère devant l’impudence de l’envoyé français, j’ai bien l’intention de courir autre chose que le cerf.
    Sa réflexion énigmatique eut l’effet désiré. Craon s’humecta les lèvres avec nervosité et détourna le regard.
    — Oh, ne vous faites pas de souci ! le rassura Lord Henry en glissant son bras sous celui du Français et en l’entraînant à l’écart. Ils ne comprennent rien à mes paroles.
    — Vous allez venir en France, Lord Henry ?
    — Je voyagerai avec vous.
    — Et le signor Pancius Cantrone ?
    — Mon mire l’ignore encore, mais il nous accompagnera.
    — Mon maître, chuchota Amaury de Craon, sera bien aise de voir le signor Cantrone et de réduire au silence sa bouche de menteur. Mais comment nous y prendrons-nous ?
    — Nous nous rendrons à Rye. Ma maison viendra avec moi, y compris mon frère William que je préfère garder à l’oeil. Nous ferons alors ce qui doit être fait.
    Amaury de Craon se dégagea.
    — Et le roi ne s’étonne-t-il pas que nous vous ayons demandé de prendre la tête de la délégation anglaise ?
    — Mon cher Amaury, j’ai déjà mené de semblables ambassades. Je possède des terres en Gascogne. Je suis le conseiller le plus fidèle du roi. Pourquoi n’irais-je point à Paris ? Les négociations de mariage entre
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