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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque
Autoren: Paul C. Doherty
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félicitait de la renommée croissante du prieuré, non seulement en tant que centre d’études et de piété pour dames de haut lignage, mais aussi en tant que lieu consacré de pèlerinage. Du coin de l’oeil, elle entrevit une silhouette et se tourna, agacée. Soeur Veronica, la cellérière, lui jetait un regard anxieux, son mince visage revêche tendu par l’inquiétude.
    — Qu’y a-t-il ? s’enquit Lady Madeleine en se penchant vers elle.
    — Oh, Madame, bégaya la cellérière. Le corps d’une jeune femme a été découvert devant la poterne.
    La prieure ferma les yeux : une journée pleine de soucis commençait.

 
    CHAPITRE PREMIER
    Quelques heures plus tard, juste avant midi, Lord Henry Fitzalan et ses compagnons de chasse se regroupèrent derrière la barrière qui enserrait Savernake Dell, une clairière naturelle dans la grande forêt, l’endroit le plus adéquat pour que s’y déroule le massacre. Ils entendaient au loin sonner la trompe d’un chasseur, les cris et les taïaut ! des rabatteurs et l’aboiement des chiens, grave comme une cloche. Lord Henry s’étira, fit craquer ses articulations et observa le vallon. Tout était prêt ; la palissade improvisée formait un demi-cercle dissimulant les arbres. Si les chasseurs faisaient leur travail, et tout spécialement Robert Verlian, le chef verdier, les cerfs s’y engouffreraient et la partie de chasse serait fort agréable. Il claqua des doigts et un jeune écuyer se précipita avec un gobelet enchâssé d’or que Lord Henry lui arracha des mains et vida. Le vin, le meilleur des bordeaux, était fort. Le puissant châtelain rendit le récipient au jouvenceau et se tint le ventre à deux mains ; les douleurs dont il avait souffert la nuit précédente avaient disparu. On passerait l’après-midi à chasser et la soirée à festoyer de la plus succulente des venaisons dans la grand-salle du manoir d’Ashdown. Il jeta un regard par-dessus son épaule vers son frère William, qui le contemplait avec hargne et ressentiment.
    — Venez, venez, mon frère ! cria Lord Henry dans un accès de bonne humeur.
    William s’approcha, ses bottes à hauts talons de cavalier s’enfonçant avec un bruit de succion dans la terre meuble. Il rejeta sa cape noire par-dessus son épaule et Henry l’examina rapidement des pieds à la tête. Sa tunique était tachée de vin et ses chausses déjà couvertes de boue. Son frère était un vaillant soldat, mais un piètre courtisan et, surtout, un mauvais perdant. Henry sourit plus largement encore quand il agrippa l’épaule de William pour l’attirer vers lui.
    — Aujourd’hui, mon doux frère, siffla-t-il, sourire aux lèvres, je profite d’une journée de chasse. Je distrais les hôtes du roi.
    Il désigna de la tête le seigneur Amaury de Craon. L’envoyé de la cour de France, pâle visage de renard et cheveux roux, devisait à voix basse avec son entourage.
    — Peu me chaut les Français, mon frère ! rétorqua William d’un ton sec. Vous m’aviez juré que le manoir de Manningtree serait mien quand j’aurais passé mon trentième anniversaire.
    — J’ai changé d’avis, répondit Lord Henry. Je garderai Manningtree.
    — Et moi ? accusa William. Dois-je rester chez vous, mon frère ? devenir un vassal à votre cour ? me nourrir des miettes de votre table ?
    — Vous êtes mon frère préféré. Vous êtes mon héritier, commenta Lord Henry avec une grimace. Du moins jusqu’à ce que je me marie et engendre mille et un fils.
    — Pourquoi ne puis-je disposer de Manningtree ?
    — D’abord, parce que j’en ai décidé ainsi.
    Ensuite, parce que j’en ai besoin. Et enfin, mon frère, parce que je veux que vous restiez près de moi. Je ne désire point que vous partiez errer et comploter avec, disons, quelques-uns de mes chevaliers malcontents. Je vous ai donné le choix. Vous pouvez demeurer céans et, en toutes choses, être mon frère. Ou je peux vous offrir une centaine de livres, deux bons chevaux, une armure complète et vous pouvez aller chercher fortune ailleurs. En attendant...
    Sa poigne s’alourdit.
    — ... vous ferez bonne mine quand je vous le dirai ! Vous ferez ce que je vous dirai !
    Le cadet se libéra et recula en portant la main à la dague pendue au ceinturon qui entourait sa taille.
    — Qu’allez-vous faire, mon frère ? railla Henry. Régler les choses ici ?
    Il s’approcha, la bonne humeur ayant disparu de ses
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