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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque
Autoren: Paul C. Doherty
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    PROLOGUE
    On prétendait que la forêt d’Ashdown était aussi vieille que l’île elle-même. Les chroniqueurs, ceux qui se piquaient de connaissances en la matière, affirmaient qu’autrefois des dragons y vivaient et que Gog et Magog, deux monstrueux géants, avaient élu domicile parmi ses sombres chênaies. Ces ogres y auraient célébré leurs sanglants festins, dévorant la chair et broyant les os de leurs victimes. Des créatures de toute espèce étaient censées se tapir dans ses impénétrables profondeurs marécageuses. Les ragots décrivaient l’homme bleu, un redoutable colosse hirsute, avec un oeil rouge et des dents crochues, qui rôdait parmi les arbres, la nuit, en quête de proies.
    Le brigand, le bandit connu sous le nom du « Hibou », ignorait ces rumeurs. S’il était vrai que la forêt d’Ashdown était déserte et sinistre, elle fourmillait pourtant de vie : le blaireau y creusait son terrier et le renard sa tanière ; le faucon et la crécerelle y nichaient, en haut des branches, avec la corneille et le corbeau ; le lapin et le lièvre bondissaient dans ses clairières tapissées de mousse. Cerfs, daims et chevreuils glissaient avec la légèreté de fantômes dorés sous ses frondaisons vertes. Et, par-dessus tout, elle appartenait à Lord Henry Fitzalan auquel le Hibou réservait toute sa haine et sa crainte. Le Hibou tenait son sobriquet, non de sa façon de se vêtir, en sombre drap vert de Lincoln, bottes de cuir épais et capuchon de cuir goudronné, mais de son silence : l’homme se complaisait à agacer et à contrarier Lord Henry par la manière dont il se faufilait entre les arbres et y laissait sa marque, quand il le voulait.
    À l’aube de la Saint-Matthieu 1303, le Hibou avait quitté son repaire pour lancer une grande offensive contre son ennemi. Parvenu au bord d’une clairière, il contempla l’église déserte de St Oswald-sous-les-Arbres. Le frère Cosmas était installé dehors, sur un banc, chope en main. De son abri, sous le couvert, le Hibou le regarda avec affection. Il n’osait approcher ce fougueux franciscain qui ne ménageait ni lui-même ni ses ouailles. Un prêcheur qui savait évoquer l’Enfer et citer copieusement des passages de l’Apocalypse, au sujet des trois esprits impurs qui jaillissaient de la gueule du Grand Dragon.
    Derrière l’église se dressait l’ossuaire. Le Hibou observa la fumée qui s’en élevait. Ce que le peuple de la forêt, les paroissiens de frère Cosmas, racontait était donc vrai : il avait décidé de nettoyer le cimetière, d’en extraire les vieux os pour les mettre dans le charnier et d’en faire brûler certains. L’église, bien qu’elle semblât déserte, était un lieu animé ; elle servait aux bûcherons, aux charbonniers, aux verdiers aux braconniers et, oui, aux truands eux-mêmes, qui hantaient les profondeurs des bois.
    Le Hibou arrêta son regard sur la porte d’entrée au-dessus de laquelle le grand Jugement dernier sculpté dépeignait la Mort surprenant un roi, sa reine, des nobles et des évêques. On avait gravé dessous des mots bien connus du Hibou :
    Nous étions ce que tu es,
    Tu seras ce que nous sommes !
    Il eut un large sourire : quel avertissement salutaire ! C’était fort dommage que Lord Henry Fitzalan n’en tienne point compte. Maître impitoyable, Fitzalan faisait respecter avec vigueur les lois de la forêt et réclamait son dû en toutes saisons. Même le vol dérisoire d’un farthing ne trouvait pas grâce à ses yeux. Mais ce grand seigneur ne venait pas céans. Comme tous les propriétaires de terres, il possédait sa propre chapelle, et, quand cela s’avérait nécessaire, il allait rendre visite aux dames de la noblesse et à leur prieure, Lady Madeleine, celle qui portait sa tête comme si elle était aussi précieuse et sacrée que la relique de sainte Hawisia, dont elle et son prieuré s’enorgueillissaient tant.
    Le Hibou s’arrêta pour vérifier les flèches dans son carquois. Sans être vu du frère Cosmas, ce mystérieux coquin d’Ashdown s’agenouilla alors et se signa en récitant rapidement sa prière préférée :
    Christ près de moi.
    Christ derrière moi.
    Christ à ma droite,
    Christ à ma gauche.
    Suivie d’une courte supplique à saint Christophe.
    Il écarta son justaucorps et sortit une médaille d’argent suspendue à une cordelette. Il regarda le saint qui portait l’Enfant Jésus sur l’épaule. On disait qu’un coup
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