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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque
Autoren: Paul C. Doherty
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épaules.
    — Mais il sait bien que la chasse se rapproche, il l’aura présent à l’esprit !
    Autour de lui, ses compagnons préparaient leur arc, têtes tournées vers la forêt dans l’attente du cerf. Lord Henry, pourtant, était encore distrait. Si seulement Alicia lui cédait ! Était-ce pour cela que son père était si maussade et renfermé ? Lord Henry banda son arc, aux aguets. Mais il cessa vite de se tourmenter car, au fond du coeur, il se souciait peu des dommages qu’il provoquait. Il embrassa la scène d’un bref regard et remarqua que William était parti. Où était-il allé ? Remâcher son ire sous les arbres ? Un nouveau son de trompe. On entendit des craquements dans les fourrés et un cerf surgit, tête dressée, courant si vite que ses sabots semblaient à peine toucher le sol. La rapidité de l’animal déconcerta les chasseurs. On saisit les arcs et on les tendit, on lâcha des flèches, mais le cerf paraissait être ensorcelé. Il traversa la clairière, aperçut la barrière et, décrivant une courbe, la franchit d’un bond.
    Des quolibets accompagnèrent la disparition de la proie. Lord Henry rougit de colère. Son trait, comme celui des autres, avait manqué sa cible et il perçut fort bien le rire chevalin de Craon. La trompe résonna une nouvelle fois, forte et claire. Un autre cerf fonçait entre les arbres. Lord Henry leva son arc ; il tira, mais l’animal dérapa, ce qui lui sauva la vie, car les flèches de tous les chasseurs soit sifflèrent au-dessus de sa tête soit se fichèrent en claquant dans le sol autour de lui. Lord Henry, fou de rage, s’empara d’un autre trait et leva son arme. Cette fois il serait prêt. Il aperçut une tache confuse juste avant qu’une flèche ne le frappe en pleine poitrine. Il tituba et laissa tomber son arc. Presque inconscient de la douleur, il fixa la flèche, pétrifié d’horreur, puis se retourna et vit l’effroi de son écuyer. Il finit par s’écrouler sur les genoux et s’effondra en silence sur le flanc, les yeux papillonnant, le sang jaillissant déjà de sa bouche.
    — Hugh ! On vous croyait mort !
    Édouard d’Angleterre était assis dans la grand-salle du palais d’Eltham, sur la rive sud de la Tamise. Au-dessus de la porte était fixée une grande ramure de cerf et, sur les murs, étaient accrochés les écus des principaux chevaliers de son royaume. À l’autre bout de la pièce, l’un de ses chapelains avait allumé une bougie rose qu’il avait posée devant la statue de la Vierge à l’Enfant. Édouard repoussa les cheveux gris fer qui encadraient son dur visage buriné. Puis il remplit à nouveau son gobelet et celui de son compagnon, John de Warrenne, comte de Surrey. Il soupira et adressa un sourire au garde du Sceau privé, affalé, à l’autre bout de la table, dans une chaire.
    — M’entendez-vous, Hugh ? On vous croyait mort !
    Le roi eut un large sourire.
    La chevelure noire de Corbett, sillonnée de mèches grises, entourait son visage mat et rasé de près. Ses yeux sombres et déterminés ne le trahissaient guère. Il avait une figure avenante, mais secrète. « Vous êtes un livre fermé, Corbett », pensa le souverain. Le clerc avait jeté sa chape sur le dos de sa chaire contre laquelle son serviteur, Ranulf-atte-Newgate, s’appuyait à présent. Le roi observa ce dernier : Ranulf, avec son visage pâle et anguleux, ses cheveux roux, soigneusement coiffés et huilés qu’il attachait sur la nuque, était l’image même de la santé. Comme son maître, il portait un surcot noir sur une chemise blanche.
    — Êtes-vous sourd ?
    Warrenne avala une lampée de vin et ses yeux bleus et globuleux, encore plus saillants qu’à l’ordinaire, lancèrent un regard courroucé à l’autre bout de la table. Il n’avait jamais compris la tolérance que montrait Édouard pour ce clerc énigmatique.
    — Ou, railla-t-il, peut-être êtes-vous effectivement mort ?
    Corbett tendit la main. Ranulf soupira, ouvrit son escarcelle et fit choir deux pièces d’argent dans la paume de son maître.
    — Mille pardons, Messire, se justifia Corbett avec un sourire, mais j’avais parié avec Ranulf qu’on me poserait cette question dix fois avant que je connaisse la raison de ma convocation céans.
    Il fit un petit salut à l’adresse de Warrenne.
    — Mes excuses, Messire, mais vous étiez le dixième !
    Édouard tambourina des poings sur la table et rugit de rire. Il poussa du coude
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