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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque
Autoren: Paul C. Doherty
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le prince de Galles et Lady Isabelle ont été ordonnées par Sa Sainteté le pape et, en fin de compte, amèneront la paix entre nos deux royaumes.
    Amaury de Craon examina ce lord anglais, rusé et secret. Grand et bien bâti, il portait sa chevelure noire rejetée en arrière. Dans son visage vermeil, ses sournois yeux bleu clair rappelaient à l’envoyé français ceux de son maître, Philippe IV de France : glacés, impitoyables et constamment à l’affût. Amaury n’ignorait pas pourquoi Philippe désirait que ce grand seigneur se rende à Paris et, par-dessus tout, pourquoi il tenait à ce que ce traître de Cantrone, qui s’était enfui de la cour de France, y soit ramené.
    — La cour d’Angleterre n’émettra-t-elle pas des objections au sujet de Cantrone ?
    Craon s’obligea à sourire, craignant que leurs compagnons ne s’étonnent de leur conversation en aparté.
    — Amaury, Amaury, se moqua Lord Henry en prenant l’accent français, vous vous inquiétez trop ! Ce n’est certainement pas la première et ce ne sera sûrement pas la dernière fois que quelqu’un meurt ou disparaît à Paris. Et pourquoi la cour anglaise ferait-elle des difficultés ? Cantrone n’est point sujet de ce royaume. C’est un Italien qui parcourt le monde. La célébration des fiançailles fera tomber tout cela dans l’oubli.
    Amaury leva les yeux vers le chêne en surplomb. Il observa un écureuil qui sautait de branche en branche. Il entendit un oiseau tout en haut des arbres lancer ses notes limpides, insoucieux de la félonie tramée sur terre et du carnage qui se déchaînerait quand les lointains chasseurs auraient contraint leur proie affolée à se réfugier dans l’enceinte de mort.
    — Messire Henry, dit Craon en brossant quelques miettes de sa tunique de laine rouge et en glissant son pouce dans son ceinturon, je ne crains ni vous ni votre roi ni ce qui peut arriver.
    — Corbett ! le taquina Lord Henry. Vous craignez Sir Hugh Corbett ! J’ai entendu parler de la rivalité entre vous deux.
    Lord Henry se remémora le visage fermé et secret, encadré de cheveux noir corbeau, du garde du Sceau privé du roi, du confident le plus loyal d’Édouard, Sir Hugh Corbett, qui, à maintes reprises, avait croisé le fer avec son adversaire français.
    — Nous avons entendu dire qu’il était mort, déclara Craon avec irritation.
    — J’en suis sûr ! jeta Lord Henry en riant. Et les cloches de Paris ont dû sonner jusqu’aux cieux !
    — On nous a affirmé qu’il était mort à Oxford, d’une flèche dans le coeur.
    — Il a été blessé. Il a été attaqué par un assassin que son serviteur, Ranulf-atte-Newgate, a tué. Le carreau était destiné à la chasse ; ce n’était pas une arbalète de guerre. Il a brisé l’os, mais il paraît qu’à présent Corbett rend grâce à Dieu d’avoir porté un épais justaucorps de cuir et d’avoir été pansé par les mires royaux. Il a recouvré la santé.
    Le sourire de Lord Henry s’élargit.
    — En fait, il se pourrait qu’il vienne nous saluer.
    Craon se racla la gorge et cracha.
    — Est-il vrai, continua à railler Lord Henry tout en retenant son interlocuteur par la manche, est-il vrai que votre maître a mis sa tête à prix ?
    — C’est ridicule ! s’exclama sèchement Craon. Si Philippe de France le faisait, Édouard d’Angleterre se vengerait.
    — Oui, oui, c’est certain.
    Lord Henry se retourna ; les participants à la chasse commençaient à s’agiter. Les trompes à présent sonnaient plus près et l’aboiement des chiens emplissait le vallon.
    — Nous devrions regagner nos postes, Messire.
    Lord Henry s’approcha de la barrière vers laquelle un écuyer se précipitait pour lui tendre un long arc d’if. Il choisit une flèche empennée d’une plume d’oie grise. Homme vivant dans l’instant, il avait déjà oublié Craon, Corbett, les bouderies de son frère et les messages offensants du Hibou. Il se remémora le ravissant minois au teint mat d’Alicia, la fille de son chef verdier, et jeta un coup d’oeil à la ronde.
    — Où est Verlian ? Où est mon chef verdier ?
    — Il n’est pas encore revenu, Messire ! cria l’un de ses écuyers en désignant la clairière. Il est sans doute là-bas pour s’assurer que tout se passe bien.
    — L’imbécile ! Il sera dans la ligne de tir. Il ne sera pas le premier à être tué pendant une partie de chasse.
    Lord Henry haussa les
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