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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque
Autoren: Paul C. Doherty
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devenu trop confiant. Il atteignait le bout de la sente quand il entrevit l’éclair de l’acier sous le couvert. Il recula, juste à temps, loin du cruel piège à homme qu’on y avait caché. S’emparant d’un bâton, il fouetta avec rage l’instrument qui se referma dans un furieux bruit métallique, si fort que le Hibou trébucha, glissa dans la boue et dégringola en bas du talus. Il tomba dans le fond ; tout en jetant des coups d’oeil inquiets autour de lui, il porta immédiatement la main à son poignard. Il avait perdu son arc, qui se trouvait à un mètre de lui. Il se mit à ramper, en s’appuyant sur une main. Il tendait le bras quand il sentit ses doigts, enfoncés sous un tapis de terreau et de feuilles, toucher quelque chose de froid et de mou, quelque chose qui n’aurait pas dû se trouver là.
    Le Hibou s’accroupit et, fouissant comme un animal, enleva les feuilles et la mince couche de terre. Un visage en décomposition le fixait. La chair en était livide. À présent qu’il avait ôté détritus et feuilles, il sentait l’odeur de la corruption : le corps était en pleine putréfaction.
    — Tu es sans doute là depuis des semaines, chuchota-t-il.
    Il se remit à creuser, écartant terre, feuilles et fougères jusqu’à ce qu’apparaisse tout le cadavre gonflé. Ongles et doigts étaient soignés et il se demanda ce que le corps d’une telle femme faisait dans cette tombe peu profonde au fond des bois. Il déplaça la dépouille et dut se détourner devant l’odeur de pourriture. Des bêtes avaient grignoté des morceaux du corps. Quand les vagues de la nausée eurent cessé, il examina la face. Les mots gravés sur la porte de l’église de St Oswald lui traversèrent l’esprit : « Tu seras ce que nous sommes. » Jadis le visage avait été attrayant, voire beau, avec ses hautes pommettes, ses lèvres pleines et rouges et ses yeux, quand ils étaient ouverts, pétillants de vie. Les cheveux, d’un châtain sombre, étaient coupés court et le cou portait d’ordinaire un collier d’or ou une guimpe et non cette affreuse meurtrissure bleu-noir teintée de violacé. Une blessure de flèche, réfléchit-il. Le trait l’avait atteinte en pleine gorge. Une mort rapide ! Mais qui était-ce ? Et comment avait-elle abouti là ?
    Le Hibou s’assit sur ses talons. Il savait ce qu’on racontait dans la forêt. Larrons et bandits attaquaient, mais tuaient très rarement leurs victimes : ils se contentaient de voler les objets de valeur et fuyaient comme des ombres. Une femme comme celle-ci, avec sa peau douce et ses mains soignées ?... Quand quelqu’un dans son genre disparaissait, on organisait des recherches, on enquêtait, on placardait des offres de récompense. L’homme prit une profonde inspiration. Sauf, bien sûr, si c’était l’oeuvre de Fitzalan. Ce grand seigneur aimait la chair douce et parfumée. Cette jeune femme lui avait-elle déplu ? Avait-elle été pourchassée au coeur de la nuit ? Mais pourquoi une flèche dans la gorge ? Et Lord Henry aurait sûrement trouvé des fosses plus profondes et des endroits plus discrets ! Et qu’était-il advenu de ses vêtements ? De ses biens ? Elle semblait en avoir été dépouillée.
    Le Hibou leva les yeux sur les corneilles qui tournaient en cercle au-dessus de leurs nids. Que pouvait-il faire à présent ? La laisser ici ? Le cadavre lui rappela ses propres souvenirs, raviva ses cauchemars et la haine qu’il éprouvait pour Lord Henry. Il ne pouvait laisser le corps céans, livré aux charognards. Ce serait un poids sur sa conscience qui attiserait sa peur d’être lui aussi abandonné mourant dans un endroit écarté, sans que l’on s’occupe de ses restes mortels. Il se souvint de son véritable état et, s’inclinant, murmura un requiem suivi des mots de l’absolution.
    Dans l’air matinal, il entendit le carillon lointain des cloches du prieuré de St Hawisia qui appelaient les jeunes femmes à leurs dévotions. Il sourit. Les nonnes n’étaient-elles pas chargées des bonnes oeuvres ? de soigner les malades et d’enterrer les morts ? La forêt était sans danger. Les verdiers et les chasseurs de Lord Henry devaient se trouver près de l’abri de chasse, bien loin des chemins qu’il devait emprunter. Oui, c’est ça qu’il allait faire. Il ne l’emporterait pas à St Oswald ; ce serait injuste. Il allait offrir à Lady Madeleine et à ses bonnes nonnes l’occasion de se montrer
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