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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe
Autoren: Kate Mosse
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dimension. Le fil entre passé et présent se dissout dans l'éternel et infini espace.
    Puis, à la manière d'une trappe s'ouvrant sous un gibet, Alice a un sursaut avant de choir, de tomber à pic à travers le ciel vers le flanc des montagnes boisées. L'air vif siffle à ses oreilles alors qu'elle chute de plus en plus vite en direction du sol.
    L'impact ne survient jamais. Ses os ne volent pas en éclats dans les éboulements d'ardoise et de silex, mais elle atterrit plutôt en courant, trébuchant, sur un layon rocailleux bordé d'arbres de haute futée, si serrés qu'elle ne distingue pas ce qui se trouve au-delà.
    Trop vite.
    Alice s'agrippe désespérément aux branches comme si elles pouvaient la ralentir, mettre un terme à ce vol impétueux vers un lieu inconnu. Mais ses mains ne saisissent que le vide, comme si elle était un spectre ou un esprit. Des poignées de feuilles lui restent entre les doigts, comme des cheveux arrachés à une brosse. Même si elle n'en sent pas le contact, la sève laisse toutefois des traces vertes sur ses doigts. Et quand elle veut en sentir l'âcreté, aucune odeur ne parvient à ses narines.
    Malgré son point de côté, Alice ne s'arrête pas, parce que quelque chose la poursuit, qui se rapproche dangereusement. Sous ses pas, la pente devient plus abrupte. Elle se rend compte qu'au lieu de mousse et de brindilles, elle foule à présent des roches et des racines. Autour d'elle, le silence. Pas de chant d'oiseau, aucune voix alentour, seulement son souffle rauque et précipité. Le sentier serpente, revient sur lui-même, l'astreignant à maintes circonvolutions jusqu'au moment où, après un dernier détour, elle se heurte à un mur de flammes qui lui interdit tout passage. Une colonne de feu silencieuse et continue, tourbillonnant en flammes blanches, rouges et dorées.
    Instinctivement, Alice lève les mains pour protéger son visage de la chaleur intense, même si elle ne la ressent pas. Elle distingue dans le brasier des visages grimaçants, des bouches tordues dans une silencieuse agonie, que le feu consume en une brûlante caresse.
    Elle tente de s'immobiliser. Elle le doit. Ses pieds écorchés saignent, la lourde étoffe de sa longue jupe la ralentit, mais son poursuivant est toujours à ses trousses. Quelque chose au-delà de sa volonté la pousse à se jeter dans l'étreinte mortelle du brasier.
    Pour éviter d'être dévorée par les flammes, elle n'a d'autre choix que de sauter. Elle monte en spirale dans les airs comme une volute de fumée, très haut par-dessus le rideau de feu. La soulevant de terre, le vent semble l'emporter, la libérer de l'attraction terrestre.
    Quelqu'un l'appelle, une voix féminine, qui prononce son nom d'étrange façon.
    Alaïs …
    Elle est sauve. Elle est libre.
    Puis c'est l'étreinte de doigts glacés enserrant ses chevilles pour la ramener au sol. Non, ce ne sont pas des doigts, plutôt des chaînes qui l'entravent. Elle se rend maintenant compte qu'elle tient entre les mains un objet, un livre, refermé par des lacets de cuir, et comprend qu'on veut le lui reprendre. Qu'ils veulent le lui reprendre. C'est la perte de ce livre qui les rend si furieux.
    Si seulement elle parvenait à parler, peut-être pourrait-elle engager le dialogue. Mais sa tête est vide de mots et sa bouche incapable de prononcer une syllabe. Elle se débat pour se libérer. En vain. L'étreinte d'acier autour de ses jambes est trop forte. Se sentant tirée vers les flammes, elle pousse un cri silencieux.
    Elle crie encore, lutte intérieurement pour être entendue. Cette fois, le son jaillit et le monde réel resurgit rapidement. Les bruits, la lumière, le sens du toucher, le goût de métal et du sang dans sa bouche, jusqu'à ce qu'après une courte trêve, un froid translucide l'enveloppe. Ce n'est pas celui de la grotte, c'est une sensation différente, intense, brillante. À l'intérieur de ce froid oppressant, Alice entrevoit les contours indistincts d'un beau visage. La même voix l'appelle encore par son prénom.
    Alaïs …
    C'est la dernière fois que cette voix l'appelle. C'est une voix amie, et non celle de quelqu'un qui lui voudrait du mal. Alice s'efforce d'ouvrir les yeux, sachant qu'en recouvrant la vue elle comprendrait. Elle n'y parvient pas encore.
    Le rêve se dissipe, la libère.
    Il est temps de me réveiller. Je dois me réveiller.
    Une autre voix résonne dans sa tête, différente de la première. Les sensations reviennent dans
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