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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe
Autoren: Kate Mosse
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qui s'est passé.
    C'est tout ce qu'il demande.

    III
    Chartres
    Plus tard, ce même jour, à neuf cents kilomètres plus au nord, quelque part sous les rues de Chartres, un autre homme attend dans une galerie faiblement éclairée que commence une cérémonie.
    Ses paumes sont moites, sa bouche sèche. Il ressent chaque fibre, chaque muscle de son corps, les pulsations de ses veines contre ses tempes. Il se sent oppressé, tendu, sans savoir s'il le doit à la fébrilité de l'attente ou au vin qu'il a absorbé. L'aube de coton dont il est revêtu lui pèse sur les épaules, et le cordon qui ceint sa taille pend gauchement sur la hanche décharnée. Il observe à la dérobée les deux silhouettes qui l'encadrent en silence, mais leurs capuchons lui cachent leurs visages. Il ignore si les hommes qui l'escortent partagent son angoisse ou si ce rituel leur est familier. Tout ce qu'il sait d'eux, c'est qu'ils portent la même robe que lui, sauf que la leur est dorée et la sienne blanche, qu'eux portent des chaussures, quand lui va nus pieds sur les dalles glaciales.
    Très au-dessus de l'invisible dédale de galeries, les cloches de la cathédrale gothique se mettent à sonner. Il sent aussitôt ses accompagnateurs se raidir. C'est le signal qu'ils attendaient. Aussitôt, il baisse le front et tente de se concentrer sur l'instant à venir.
    « Je suis prêt », murmure-t-il, davantage pour se rassurer que pour être entendu. Les deux hommes qui l'encadrent demeurent imperturbables.
    Alors que le dernier tintement de cloche se fond dans le silence, son acolyte de gauche s'avance et, de la pierre qu'il tient dans la main, heurte par cinq fois la porte. De l'intérieur lui parvient la réponse : «  Dintrar. Entrez. »
    L'homme croit reconnaître la voix féminine. Mais il n'a pas le temps de se rappeler où et quand il l'a entendue, car la porte s'ouvre et lui révèle la pièce où il aspire à entrer depuis fort longtemps.
    Les trois silhouettes encapuchonnées avancent ensemble d'un pas mesuré. Pour avoir maintes fois répété les phases du rituel, l'homme n'ignore rien de ce qui l'attend. S'il sait également ce qu'on attend de lui, sa démarche n'en est pas moins hésitante. Après l'obscure froideur des couloirs, l'endroit lui semble agréablement chauffé. Des chandelles disposées dans des alcôves et sur un autel dispensent un éclairage diffus, projetant sur le sol des ombres vacillantes.
    L'adrénaline afflue dans ses veines, bien que ce cérémonial n'éveille en lui qu'une vague indifférence. Il ne peut toutefois réprimer un sursaut en entendant la porte claquer derrière lui.
    Quatre aînés se tiennent aux quatre points cardinaux de la pièce. L'homme désespère de regarder ce qui l'entoure, mais il s'astreint à rester tête basse, le visage dissimulé sous son capuchon. Il devine plus qu'il ne voit l'assemblée des initiés, alignés par trois sur deux rangs, répartis sur les quatre côtés. Il sent la chaleur des corps, perçoit le rythme des respirations, même si personne ne bouge ni ne souffle mot.
    Il se remémore le plan qu'on lui a préalablement remis et, conscient des regards qui pèsent sur lui, se dirige vers le sépulcre dressé au centre de la pièce. Un instant, il se demande si, dans l'assistance, certaines personnes ne sont pas des proches, tant il est vrai que, collègues ou épouses, n'importe qui peut être membre de cette confrérie. Un fin sourire lui monte aux lèvres quand il se prend à imaginer les innombrables bienfaits qu'il retirera de sa cooptation en cette vénérable assemblée.
    Il revient vite à la réalité lorsqu'il trébuche et manque tomber sur l'agenouilloir de pierre disposé au pied du tombeau. La pièce est plus exiguë qu'il ne l'avait imaginée, plus confinée aussi. Il pensait la distance entre la porte et la pierre plus grande qu'elle ne l'est en réalité.
    Comme il s'agenouille, il entend près de lui quelqu'un prendre une respiration saccadée, et se demande pourquoi. Subitement, son cœur bat à rompre, et il s'avise que ses phalanges sont blanches d'avoir les poings serrés. Embarrassé, il tape des mains, puis se ressaisit et garde les bras le long du corps, comme on le lui a prescrit.
    Légèrement concave au milieu, la pierre est dure et froide pour ses genoux recouverts de la fine étoffe de sa tunique. Il se déplace un peu, davantage pour dissiper son malaise que pour trouver une position moins inconfortable. Encore hébété, il
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