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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe
Autoren: Kate Mosse
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éprouve des difficultés à se concentrer, à se remémorer l'ordre dans lequel le cérémonial doit se dérouler, même après se l'être maintes fois répété.
    Dans la salle s'élève le timbre haut et clair d'une cloche, auquel se joint une psalmodie, d'abord très basse, puis allant crescendo à mesure que s'y mêlent des voix. Des bribes de phrases résonnent et se répercutent sur les parois de son crâne : montanhas, noublesa, libres, Graal  : montagnes, noblesse, livres, Graal…
    La prêtresse traverse lentement la pièce. D'elle, l'homme ne perçoit que le frôlement de son pas. Il imagine sa robe dorée et scintillante, ondulant à la lueur frémissante des chandelles. C'est le moment qu'il attendait.
    Je suis prêt, se dit-il in petto . Et cette fois, il l'est vraiment.
    La prêtresse se campe devant l'impétrant. Son parfum parvient jusqu'à lui, subtil et aérien parmi les lourdes senteurs d'encens. Le souffle en arrêt, il la voit se pencher pour lui prendre la main. Au contact de ses doigts frais, soigneusement manucurés, il sent une décharge électrique lui parcourir le bras, presque une bouffée de désir quand elle pose sur sa paume un objet circulaire et lui referme les doigts dessus. Résistant à l'indicible envie de découvrir son visage, il garde les yeux résolument baissés, comme on le lui a recommandé.
    Les quatre aînés se joignent alors à la prêtresse. La tête de l'homme est maintenue en arrière pendant qu'elle lui verse dans la bouche un liquide douceâtre et épais. À cela également il avait été préparé, aussi n'offre-t-il aucune résistance. Alors que les effets du breuvage se répandent dans son corps, il lève les bras pendant que les officiants lui drapent les épaules d'un manteau doré. Pour les témoins de cette cérémonie, ce rituel est coutumier pourtant, l'homme perçoit clairement leur malaise.
    Soudain, il a l'impression qu'un étau de fer lui écrase la trachée. Instinctivement, il porte ses mains à sa gorge et cherche un air qu'il ne trouve pas. Il veut crier, mais aucun son ne parvient à ses lèvres. Le tintement de la cloche se fait de nouveau entendre, régulier, persistant, dans lequel il croit se noyer tout entier. Une vague de nausées le submerge. Il suffoque. Alors qu'il se sent défaillir, il serre l'objet dans sa main comme pour y trouver un ultime réconfort. Si fort que les ongles lui entrent dans la paume de la main. La douleur aiguë l'aide à ne pas tomber. À présent, il comprend que les mains posées sur ses épaules, loin de chercher à le soutenir, veulent, au contraire, le maintenir de force à genoux. Une nouvelle vague nauséeuse déferle, tandis que l'agenouilloir de pierre semble se dérober sous lui.
    Ses yeux inondés de larmes ne voient plus maintenant que la lame argentée du poignard apparu il ne se sait comment dans la main de la prêtresse. Il voudrait se lever, mais la puissante drogue a déjà annihilé ses énergies. Ses bras et ses jambes ne réagissent plus.
    Non ! voudrait-il crier. Il est trop tard.
    D'abord, il a seulement la sensation d'un coup de poing assené entre les épaules. Puis une douleur sourde lui envahit le corps, alors qu'un liquide tiède et visqueux ruisselle le long de son échine.
    Sans crier gare, les mains le lâchent et il s'effondre nez contre terre, désarticulé comme une poupée de chiffon. Au moment où sa tête heurte le dallage, il ne ressent nulle douleur, seulement la fraîcheur presque apaisante du sol contre sa joue. Les bruits, la peur, sa confusion d'esprit s'estompent peu à peu. Ses yeux se ferment. Il n'a plus conscience de rien, excepté la voix de la prêtresse qui lui parvient d'un monde auquel il n'appartient déjà plus.
    Une leçon. Pour tous, semble-t-elle dire en termes sibyllins.
    Dans un ultime sursaut de vie, l'homme accusé d'avoir livré des secrets, condamné pour avoir parlé quand il aurait dû garder le silence, tient serré dans sa main l'objet tant convoité, jusqu'à ce que se brise le fil ténu de son existence, et que le petit cercle gris, pas plus gros qu'une pièce de monnaie, roule sur le sol.
    D'un côté, y est gravée l'initiale NV. De l'autre, un labyrinthe.

    IV
    Pic de Soularac
    Durant un instant, tout est silencieux.
    Ensuite l'obscurité se dissipe. Alice n'est plus dans la grotte. Elle flotte dans un éther blanc, limpide et apaisant.
    Elle est libre. Elle est sauve.
    Elle a la sensation de glisser hors du temps, de passer dans une autre
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