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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan
Autoren: Ernest Capendu
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la voix rude de Keinec.
    La chaîne fila sur le fer de l’écubier et une légère secousse indiqua que l’ancre venait de mordre le fond de sable.
    – Commandant, dit Bervic en s’approchant, une chaloupe à tribord.
    – C’est Philippe, Julie et Yvonne ! s’écria Marcof en se penchant sur le bastingage.
    Puis, s’adressant à Marie-Augustine :
    – Venez, dit-il, venez, mademoiselle, que je vous présente votre nouvelle famille.
    Mademoiselle de Fougueray, très émue, se leva et s’appuya sur le bras que lui offrait Marcof. Un canot accostait le lougre, et Philippe, s’élançant sur le pont, se retournait pour donner la main à sa charmante femme. Yvonne venait après elle. Keinec descendit lentement du banc de quart ; Jahoua le saisit par le bras.
    – Viens donc aussi, lui dit-il ; viens saluer ta fiancée !
    – Tu souffres bien, n’est-ce pas ? répondit Keinec.
    – Non, fit le bon fermier en s’efforçant de sourire ; je suis heureux puisque tu vas l’être, et ton bonheur, vois-tu, c’est le mien.
    Et Jahoua entraîna Keinec au-devant d’Yvonne. Pendant ce temps, Marcof avait présenté mademoiselle de Fougueray à son frère et à la marquise de Loc-Ronan. Tous trois s’accueillirent mutuellement comme de vieux amis.
    – On vous a bien fait souffrir en mon nom, dit Marie-Augustine en pressant dans les siennes les mains que Julie lui avait tendues. Pourrez-vous jamais oublier assez pour m’aimer un peu ?
     
    II – Le Moniteur du 25 FRIMAIRE AN III
    Philippe de Loc-Ronan habitait une charmante petite maison située sur le bord de la mer, et enfouie au milieu de touffes de jasmins, d’orangers et de grenadiers.
    Le lendemain du jour qui suivit l’arrivée du Jean-Louis , la joie la plus vive régnait parmi la petite famille.
    Marie-Augustine avait trouvé une sœur dans la personne de Julie de Loc-Ronan.
    Marcof, heureux du bonheur dont, à juste titre, chacun le prétendait l’auteur, Marcof, disons-nous, n’avait plus qu’une préoccupation, celle de voir terminer l’union d’Yvonne et de Keinec. Mais Keinec était sombre et rêveur : Yvonne lui prodiguait en vain des témoignages de tendresse. Jahoua affectait inutilement une indifférence complète à l’égard de la jeune fille, rien ne parvenait à dissiper les nuages qui couvraient le front du jeune gars. Philippe de Loc-Ronan partageait les préoccupations de son frère. Il aimait Yvonne qui l’avait entouré de soins dignes d’une fille dévouée. Son cœur reconnaissant voulait le bonheur de Keinec, qui avait risqué ses jours pour sauver les siens, et il admirait la grandeur d’âme du fermier qui, plus fort que le Spartiate, riait quand le désespoir et le chagrin le dévoraient. Mais Jahoua tenait son serment ; Jahoua se sacrifiait, et il essayait de cacher ses souffrances.
    Le soir du jour dont nous venons de parler, les différents personnages qui habitaient la petite maison d’Algésiras étaient réunis dans une vaste salle du rez-de-chaussée. Marcof venait d’entrer en tenant à la main un paquet de journaux.
    Le courrier anglais de Gibraltar avait apporté, le jour même, des nouvelles de France.
    Chacun était avide de connaître ce qui s’y passait. Philippe ouvrit les journaux et les parcourut rapidement. Tout à coup il fit un geste d’étonnement, et son regard exprima une joie vive et inattendue.
    – Qu’est-ce donc, mon ami ? demanda la marquise.
    – Ce journal… répondit Philippe en désignant le numéro du Moniteur qui portait la date du 25 frimaire an III de la République française.
    – Eh bien ? fit Marcof.
    – Il s’agit de Carrier.
    – De Carrier ?
    – Oui.
    – Encore de nouveaux crimes ?
    – Non ; un juste châtiment.
    – Il est mort ?
    – Guillotiné à Paris, le 13 décembre dernier.
    – Ah ! s’écria Marcof ; il y a une justice au ciel !
    Et, s’emparant du journal, il lut à haute voix les détails de la condamnation du terrible proconsul.
    Après avoir donné rapidement connaissance du procès, il en arriva aux lignes suivantes :
    « … Séance du 25 frimaire an III de la République française une et indivisible.
    « Après de longs débats, après une défense habilement conçue, le représentant du peuple Carrier, sur la déclaration de nombreux témoins, dont les paroles ont fait plus d’une fois frémir l’auditoire, a été déclaré coupable d’avoir donné des ordres d’exécution, sans jugement préalable,
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