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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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partir comme marin. Je ne veux plus vivre à terre. La Bretagne est saccagée, ma ferme est brûlée ; je n’ai plus rien. Engagez-moi !
    – Ta place est prête à mon bord. Tu prendras celle qu’avait Keinec.
    – Merci !
    Keinec se leva brusquement.
    – Où vas-tu ? demanda Marcof.
    – À bord du lougre ; puisque tu pars demain, il faut que je transporte à terre le peu que je possède.
    – Je vais avec toi, dit vivement le fermier.
    – Non, non, demeure ; avant une heure je serai de retour.
    Et, sans attendre une réponse, le jeune homme s’élança au dehors. Marcof frappa du pied avec impatience. Yvonne s’était levée avec inquiétude. Jahoua allait sortir, lorsque le marin le retint.
    – Laisse-le faire, dit-il ; moi-même je vais à bord pour donner les derniers ordres, je saurai bien le ramener.
    *
    * *
    Une heure du matin venait de sonner à la charmante église de la petite ville, et un morne silence régnait dans le jardin attenant l’habitation du marquis. Une fenêtre du rez-de-chaussée donnant sur un massif était seule ouverte. Yvonne, la tête enveloppée dans ses petites mains, y était accoudée. La pauvre enfant pleurait en étouffant ses sanglots. Tout à coup les branches du massif s’écartèrent, une ombre traversa rapidement l’allée et s’approcha de la fenêtre. Yvonne surprise releva la tête.
    – Jahoua ! murmura-t-elle.
    – Oui, répondit le fermier, Jahoua qui voulait te voir une dernière fois et te parler.
    – Keinec ?
    – Il n’est pas revenu.
    – Mon Dieu !
    – Oh ! sois sans crainte ! il est à bord avec Marcof. Mais écoute, Yvonne, le temps presse, il faut que je te parle. Yvonne, tu sais si je t’ai aimée, si je t’aime encore. Je donnerais sur l’heure la moitié de ce qui me reste à vivre pour qu’il me fût permis de passer l’autre moitié près de toi. Hélas ! un pareil bonheur m’est refusé ! Tu pleures, tu es émue, tu m’aimes encore peut-être ?
    – Oui, murmura la jeune fille.
    – Alors, c’est au nom de notre amour à tous deux, que je te conjure de m’oublier. J’aime Keinec presque autant que je t’aime. Tu lui appartiens. Nous nous devons au serment prononcé lorsque nous te croyions à jamais perdue pour nous. Keinec t’a sauvée. Keinec a vengé la mort de ton père. Keinec t’aime autant que je t’aime. Épouse-le, Yvonne, épouse-le sans regrets. Deviens sa compagne et rends-lui amour pour amour. C’est un grand cœur, fais qu’il soit heureux !
    – Oh ! s’écria la jeune fille, demain je serai sa femme, et je te jure, par la mémoire de mon père, d’être pour lui une compagne aimante et fidèle ; mais que veux-tu, Jahoua ! demain il faudra que je sourie ; laisse-moi pleurer cette nuit.
    – Pleure donc, pauvre enfant, pleure, et que ces larmes te donnent la force nécessaire pour accomplir le sacrifice.
    – J’aurai du courage, Jahoua ! Jahoua ! je saurai lutter et être digne de toi et de lui.
    – Adieu alors ! adieu pour longtemps, pour toujours peut-être.
    – Mon Dieu ! ne te reverrai-je donc plus ?
    – Keinec connaît mon amour ; Keinec sait que tu m’as aimé ; ma présence pourrait le faire souffrir plus tard. Il ne le faut pas. Demain, après la bénédiction, je m’embarque avec Marcof, et j’irai chercher l’oubli dans les dangers. Adieu donc, Yvonne ! adieu ; c’est là tout ce que je voulais te dire. Sois forte maintenant ; sois digne de celui qui va recevoir ta foi.
    Et le jeune homme, serrant avec force la main de la jeune fille, s’élança sans oser tourner la tête, et disparut dans le jardin. Yvonne leva les yeux vers le ciel, et, refermant la fenêtre, alla s’agenouiller devant une image de la Vierge apposée dans un angle de la chambre. Le silence régna de nouveau dans le petit jardin. Alors du massif même qu’avait traversé Jahoua sortit un homme qui, pendant toute la conversation précédente, s’était tenu blotti sans mouvement. Cet homme était Keinec.
    Depuis deux heures il guettait, pour ainsi dire, les sanglots d’Yvonne sans avoir eu le courage de se montrer. Enfin il allait le faire, lorsque Jahoua était arrivé. Alors il avait écouté. Lorsque le jardin était devenu désert et silencieux, il s’était relevé doucement, ainsi que nous venons de le dire. Il demeura un moment immobile. Il fit ensuite quelques pas dans la direction de la fenêtre d’Yvonne, puis il s’arrêta de nouveau.
    Enfin, prenant un

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