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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan
Autoren: Ernest Capendu
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parti décisif, il traversa le jardin, franchit le petit mur qui servait d’enclos, et gagna le bord de la mer.
    Le Jean-Louis se balançait à une demi-lieue en rade. Aucune embarcation n’était sur la grève. Keinec se déshabilla, attacha ses effets sur une planche, se jeta à la nage, et, poussant la planche devant lui, il se dirigea vers le lougre. Arrivé sous le beaupré, il saisit une amarre et grimpa lestement à bord. Bervic veillait sur le pont.
    – Où est Marcof ? demanda le jeune homme en reprenant ses habits.
    – Dans sa cabine, répondit le vieux marin.
    – Merci.
    Et Keinec s’élança dans l’entrepont.
    Marcof effectivement était assis dans son hamac, et paraissait absorbé dans ses rêveries.
    Keinec courut à lui.
    – Que veux-tu ? demanda vivement le marin en remarquant la profonde altération des traits de son ami.
    – Je veux qu’Yvonne soit heureuse ! répondit Keinec d’une voix sourde ; je veux que tu m’aides à assurer son bonheur, et je vais te dire ce qu’il faut que tu fasses.
     
    III – LE MARIAGE
    À l’aube naissante du jour, Julie et Marie-Augustine vinrent frapper à la porte d’Yvonne. Les deux femmes voulaient parer de leurs mains la jeune fille. Chacune lui apportait un souvenir d’amitié et un témoignage d’affection : Yvonne souriante, la pauvre enfant avait séché ses larmes, Yvonne écoutait avec une respectueuse reconnaissance les douces paroles murmurées à son oreille.
    Julie surtout, la sainte créature qui, mieux que personne, comprenait l’abnégation de soi-même, Julie, qui avait deviné depuis longtemps ce qui se passait dans le cœur de la jeune fille, lui prodiguait les mots les plus affectueux. À sept heures et demie Yvonne était prête.
    Le mariage devait avoir lieu à huit. Yvonne voulut aller saluer le marquis. Les trois femmes croyaient Keinec et Marcof auprès de Philippe. Elles n’y trouvèrent que Jahoua qui, paré de ses plus beaux habits, devait servir de témoin à la jeune fille.
    – Keinec n’est-il donc pas ici ? demanda Julie avec étonnement.
    – Non, répondit Philippe ; il se prépare sans doute. Il aura passé la nuit à bord du Jean-Louis , et Marcof va nous le ramener.
    – Nous allons sans doute voir les embarcations du lougre, ajouta Jahoua en s’approchant de la fenêtre qu’il ouvrit.
    Le fermier poussa un cri étouffé. Puis il passa la main sur ses yeux et regarda encore.
    – Mon Dieu ! dit-il.
    – Qu’est-ce donc ? s’écria Julie effrayée en accourant près de lui.
    –  Le Jean-Louis n’est plus au mouillage !
    – Impossible ! s’écria Philippe en s’élançant à son tour.
    – Mon Dieu ! qu’est-ce que cela veut dire ? murmura Yvonne en pâlissant.
    – La rade est nue ! fit le marquis avec stupeur.
    En ce moment on ouvrit la porte du salon et un domestique entra.
    – Que voulez-vous ? demanda Philippe en voyant le valet s’avancer vers lui.
    – C’est une lettre, monseigneur, que le commandant m’a dit de vous remettre.
    – Marcof ?
    – Oui, monseigneur.
    – Et quand vous a-t-il donné cette lettre ?
    – Ce matin, à quatre heures.
    – Pourquoi ne pas me l’avoir remise plus tôt ?
    – Parce que le commandant m’avait ordonné expressément de ne la remettre à monseigneur qu’au moment de la célébration du mariage, et huit heures viennent seulement de sonner.
    Philippe prit la lettre, fit un signe, et le valet sortit.
    Tous attendaient avec anxiété.
    Le marquis brisa le cachet d’une main tremblante.
    Puis sa physionomie si noble s’illumina ; et tendant le papier à Julie :
    – Lisez, dit-il, je me sens trop ému.
    Julie parcourut la lettre ; et faisant un doux geste de la main :
    « Cher frère, lut-elle, au moment où tu recevras ces lignes, le Jean-Louis sera en plein détroit. Il met le cap sur la France. Keinec est à bord. Le brave gars a voulu jusqu’à la fin se sacrifier au bonheur de celle qu’il aime.
    « Sa volonté expresse est qu’Yvonne épouse Jahoua ce matin même. Il l’ordonne au nom de son propre bonheur. Keinec a voulu se tuer cette nuit.
    « Maintenant il est calme ; et ce calme vient de la certitude où il est que sa volonté sera accomplie. Je lui en ai engagé ma parole. Que Jahoua et Yvonne obéissent et ne l’oublient pas. Pour moi, mon frère, je vais où tu sais : servir mon pays, et combattre les ennemis de la France.
    « À bientôt, si j’en crois mes pressentiments secrets.
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