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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan
Autoren: Ernest Capendu
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signés de lui, et que le tribunal lui représente.
    « Deux de ses coaccusés, le citoyen Pinard et le citoyen Grandmaison, l’un comme lieutenant de la compagnie Marat, l’autre comme membre du comité du département, convaincus de complicité avec le citoyen représentant, sont également déclarés coupables.
    « En conséquence, les accusés Carrier, Pinard et Grandmaison sont condamnés à la peine de mort.
    « Les autres accusés, considérés comme instruments passifs, sont renvoyés purement et simplement, déclarés innocents des crimes reprochés aux trois premiers. »
    – Ainsi, s’écria Marcof en s’interrompant, ce misérable Carfor n’avait pas été tué par moi, comme je l’espérais. Je l’avais cependant vu tomber, et ma balle l’avait atteint à la tête.
    – Mon Dieu ! dit Marie-Augustine, qui donc avait pu pousser cet homme au crime ?
    – Rien autre que ses propres instincts, répondit Jahoua. J’ai connu jadis ce Ian Carfor en Bretagne. Avant d’être berger, sorcier et espion, il avait été garçon de ferme chez mon père. Obéissant à ses vices épouvantables, il avait volé et laissé accuser un pauvre gars innocent. Ce fut moi qui découvris son crime et qui avertis mon père. Un hasard me fit surprendre Carfor au moment où il accomplissait un nouveau vol. Chassé honteusement de la ferme, il me voua une haine mortelle. Trop lâche pour me braver ouvertement, il chercha à exploiter la haine d’un ami.
    – La mienne, interrompit Keinec. Le monstre m’avait conduit à commettre un assassinat, et Dieu sait ce qui serait arrivé sans l’intervention de Marcof !
    – Il a conservé jusqu’au dernier moment toute l’atrocité de son caractère, ajouta Philippe, qui venait d’ouvrir un autre journal. Voici ce que l’on écrit sur l’exécution de ces trois hommes : « Carrier et ses deux coaccusés ont marché tous trois à l’échafaud, le premier protestant énergiquement de son innocence, et disant qu’il n’avait fait qu’exécuter les ordres de la Convention. Au moment de l’exécution, et tandis que les aides du bourreau s’emparaient de Grandmaison qui devait mourir le premier, Pinard, transporté d’une sorte de rage, se précipita tête baissée sur Carrier, et, le frappant à la poitrine avec violence, le jeta presque sans vie sur les degrés de l’échafaud. Peut-être allait-il se porter à de nouveaux excès sur son complice, lorsqu’on parvint à l’entraîner et à le lier sur la bascule. Carrier, toujours inanimé, subit le dernier la peine capitale. »
    – Les brigands sont morts, dit Marcof ; mais j’aurais voulu les frapper moi-même.
    – Ne parlez pas ainsi ! fit Julie en saisissant la main du marin.
    – Pourquoi ? j’écraserais sans pitié le scorpion que je rencontrerais sur ma route. Agir ainsi, c’est rendre service à l’humanité.
    – N’importe ! ajouta Marie-Augustine ; ces nouvelles sont un grand soulagement pour nous : et puisque vous êtes résolu à retourner en France, au moins saurons-nous que vous n’aurez pas à redouter les poursuites de ces hommes.
    – Tu es donc décidé, frère ? demanda Philippe.
    – Il le faut, repartit Marcof.
    – Tu pars… et je reste.
    – Il le faut également. Tu n’es plus seul et tu as près de toi une pauvre femme qui a souffert, et qui mourrait de ta mort. Vis donc pour elle et consacre-toi à son bonheur ! Puis n’insiste pas. Mon parti est pris, mes ordres sont donnés. Demain le Jean-Louis reprend la mer. Peut-être pourras-tu bientôt rentrer en France. Nous avons emporté en partant une partie de la fortune de ta femme ; je te promets, quoi qu’il arrive, de te rapporter le reste dans moins d’une année. Allons, mes amis, ne vous attristez pas ; je pars demain ; que mes derniers moments soient gais, et qu’ils demeurent au fond de mon cœur comme un souvenir doux et bienfaisant qui m’aidera à supporter les fatigues et les dangers.
    – À quelle heure l’appareillage ? demanda Yvonne.
    – Après ton mariage, ma fille ; je veux assister à la bénédiction nuptiale avant mon départ.
    – Eh bien, dit Jahoua en souriant, vous pourrez lever l’ancre de bon matin ; car j’ai prévenu le prêtre aujourd’hui même, et il bénira les époux au point du jour. Maintenant, Marcof, j’ai une grâce à vous demander.
    – Laquelle ?
    – Laissez-moi partir avec vous.
    – Volontiers, mon gars.
    – Oui, mais j’entends
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