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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan
Autoren: Ernest Capendu
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Marcof. Mon frère lui-même m’engagea vivement à me rendre en Sicile et me fit promettre de vous ramener près de lui si vous viviez encore. Cette espèce de similitude qui régnait entre les malheurs qui vous avaient accablés tous deux, lui faisait considérer mademoiselle de Fougueray comme faisant réellement partie de sa famille. Julie elle-même désirait vivement vous connaître, car elle vous savait désormais seule au monde. Aller à Messine et vous ramener près d’eux était donc d’abord le premier but de mon voyage en Italie.
    – Et le second ? demanda Marie-Augustine.
    Au lieu de répondre, Marcof appela un mousse qui rôdait autour du mât d’artimon. L’enfant accourut.
    – Descends dans ma cabine, dit le chef, et apporte-moi le portefeuille en cuir rouge que tu trouveras sur ma table.
    – Oui, commandant, répondit le mousse en se précipitant pour exécuter l’ordre qu’il venait de recevoir.
    Il reparut promptement tenant à la main le portefeuille indiqué. Marcof le prit et l’ouvrit ; il en tira une large enveloppe toute constellée de cachets ; au centre étaient empreintes sur la cire les armes papales. La suscription portait :
    À Mademoiselle Julie de Château-Giron.
    Les cachets étaient volants. Marcof tendit l’enveloppe à mademoiselle de Fougueray.
    – Prenez ! dit-il.
    – Qu’est-ce que cela ? répondit-elle en tournant l’enveloppe de tous côtés.
    – Veuillez ouvrir et lire.
    Marie-Augustine s’empressa d’user de la permission. Elle déploya une large feuille de parchemin couverte d’écritures.
    – Ah ! fit-elle après l’avoir parcourue du regard. Sa Sainteté consent à relever mademoiselle de Château-Giron des vœux qu’elle avait prononcés. Il lui est permis de demeurer près de son époux et de reprendre le titre auquel elle a droit. C’est donc pour cela que nous avons touché à Civita-Vecchia et que vous êtes allé à Rome ?
    – Pour cela même, mademoiselle.
    – Et vous voulez, n’est-ce pas, que ce soit moi qui remette cette lettre à la marquise ?
    – Je vous en prie !
    En ce moment Bervic, son chapeau ciré à la main, s’approcha du groupe.
    – Tout est paré pour le mouillage, dit-il.
    – Bien, répondit Marcof.
    Puis, se tournant vers Keinec qui était demeuré immobile près de Jahoua, sans mêler un mot à la conversation qui venait d’avoir lieu :
    – Veille à la manœuvre, lui dit-il.
    Keinec s’élança sur le banc de quart et Jahoua s’approcha du bastingage. Marcof les suivit des yeux et laissa échapper un geste d’impatience.
    – Qu’avez-vous, mon ami ? demanda Marie-Augustine.
    – J’ai que je serais complètement heureux si ces deux gars pouvaient l’être également.
    – Pauvres jeunes gens !
    – Oui, plaignez-les, car ils sont véritablement à plaindre. Jadis ennemis acharnés, maintenant frères dévoués l’un à l’autre, le bonheur du premier doit faire le malheur du second.
    – Leur amour n’a pas faibli ?
    – Nullement.
    – Et lequel Yvonne aime-t-elle ?
    – Elle préfère Jahoua, mais la pauvre enfant s’efforcera d’aimer Keinec ; c’est lui qu’elle doit épouser.
    – Pourquoi ?
    – Ne vous rappelez-vous pas l’histoire de ce serment, que je vous ai racontée ?
    – La jeune fille devait épouser celui qui la sauverait ?
    – Oui, et Keinec est celui-là.
    – Pourtant, il semble plus triste que son compagnon.
    – Il l’est davantage, en effet. C’est un cœur d’or que celui de ce garçon-là. Depuis un an il lutte en secret contre son amour pour ne pas être un obstacle au bonheur d’Yvonne et de Jahoua. Moi seul connais ce qui se passe dans son âme. Il y a un an, avant qu’Yvonne s’embarquât pour suivre Philippe et Julie, Keinec devait l’épouser. Il a volontairement retardé le mariage. Lors de notre arrivée à Algésiras, il a voulu faire ce voyage d’Italie avec moi. C’est entre eux une lutte perpétuelle de générosité. Chacun emploie la ruse pour ne pas se laisser vaincre ; ainsi Jahoua n’est pas marin, eh bien, il n’a jamais voulu quitter mon bord pour ne pas demeurer seul à terre près d’Yvonne. Oh ! les pauvres enfants sont véritablement malheureux. Cependant il faut que cet état de choses ait un terme. Nous allons débarquer, et le mariage doit avoir lieu : eh bien, j’ai peur, je crains un funeste dénouement.
    – Que Dieu nous aide ! murmura Marie-Augustine.
    – Mouille ! interrompit
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