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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille
Autoren: Georges TABET , André TABET
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y a deux hommes en bas, ils vont brûler…
    Mais deux Allemands se dégagèrent soudain de la cohue, saisirent la sœur, bien qu’elle se débattît de toutes ses forces pour leur échapper.
    Ils lui parlèrent. Elle se calma aussitôt, et, folle de joie, bousculant tout sur son passage, la religieuse se glissa vers la sortie avec Stanislas et Augustin.
    Pendant ce temps, Achbach, secoué par une suffocante quinte de toux, soulevait le masque de plusieurs soldats sans pouvoir retrouver ses prisonniers.
    Dans la cour de la Mairie, une baïonnette crevait méthodiquement les pneus de toutes les voitures allemandes.
    Peter, ayant accompli cette mission, s’enfuit.
    La voiture des pompiers opérait devant le perron. Des pompiers manœuvraient la pompe, aspergeant la façade. D’autres grimpaient sur des échelles, inondant la Kommandantur par les fenêtres…
    Reginald s’installa au volant d’une auto allemande qu’il avait choisie pour y faire s’enfuir tous les amis.
    Mais la voiture s’affaissa, avec le sifflement d’air d’un pneu qui se dégonflait…
    — Vous n’en avez laissé aucune ! dit-il, furieux, à Peter… Comment partir d’ici ?
    Marie-Odile sauta sur son siège, pendant que les deux Français grimpaient à l’arrière. Elle cingla ses chevaux, le chariot fit un bond en avant.
    Peter, Reginald et Mac Intosh l’attrapèrent au vol.
    Achbach, dans un flot de soldats qui roula jusque dans la cour, parvint à sa Mercedes.
    — Rattrapez-les…
    Les officiers avaient pris place dans des voitures aux pneus crevés. Ce fut un gym-kana d’autos patinant sur le gravier, roulant cahin-caha, pour s’arrêter, frappées d’ataxie locomotrice.

XXXIX
    Tel le « stage coach » des westerns, le chariot de Marie-Odile fonçait à tombeau ouvert.
    Par-dessus les tonneaux, les mains se serraient frénétiquement. Les Anglais, en uniforme allemand, barytonnaient en sourdine, traînant sur les mots pour les goûter mieux :
    « She is a jolly good fellow. »
    Augustin et Stanislas, cramponnés aux ridelles, reprenaient en chœur. Le chef se déchaînait, avec cette joie un peu douloureuse qu’on éprouve quand on vient d’échapper à un danger.
    La religieuse, dressée augustement comme Ben-Hur sur son char, se retourna, criant dans le vent :
    — Vous chantez trop tôt, mes fils !… On est trop chargés… Jetez les barriques, sinon on va nous rattraper.
    Elle parlait d’une voix saccadée, dont l’émotion entrechoquait les mots.
    Les tonneaux basculèrent. L’un d’eux éclata, répandant sur la route des cascatelles d’une jolie couleur rubis qui firent soupirer Reginald.
    — Quel gâchis ! murmura-t-il.
    Les half-tracks, bondés de soldats, survenaient en file à la Kommandantur. Le feu avait été maîtrisé rapidement, les pompiers remballaient les tuyaux, les échelles, devant les badauds accourus, de tous côtés, sur la petite place de Meursault. Les dégâts ne paraissaient pas importants, sauf dans les caves où les jambons et saucissons étaient un peu trop fumés. Bah ! ces « Messieurs » en seraient quittes pour accentuer leurs exigences, dans les réquisitions futures.
    Dans la cour, Achbach, installé à un téléphone-radio de campagne, organisait une grande chasse : son honneur était en jeu, et s’appropriant une formule célèbre, il affirmait n’avoir perdu qu’une manche, mais non la partie.
    — Envoyez immédiatement un avion d’observation, dit-il d’une voix où sifflait la colère. Une enquête rapide m’a appris qu’ils ont fui sur une voiture à chevaux… J’ai examiné la carte… Il n’y a que quelques routes… Je suis donc absolument sûr, dès qu’ils seront repérés, de les rattraper… Dites au pilote de rester en contact avec moi… sur la bande des 40 mètres.
    Marie-Odile rejetait sa tête en arrière. Elle clignait des yeux sous l’attaque du soleil. Au détour du chemin, brusquement, elle tira sur les rênes. Les chevaux arrêtèrent leur galop dru, en hennissant, tout autour, l’herbe des près s’allongeait étincelante.
    — C’est par là…, je crois…
    Le chariot prit une bifurcation latérale à angle droit.
    C’était une route poussiéreuse et crayeuse sans arbre, qui semblait couper au couteau un large plateau semé de marguerites et de boutons d’or.
    Un avion de reconnaissance allemand « Fieseler-storch » tournait en rond au-dessus de la voiture, tel un oiseau de proie.
    Dans l’avion, le pilote,
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