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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille
Autoren: Georges TABET , André TABET
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avion sans moteur ! C’est pas un baptême, c’est un enterrement ! répondit Stanislas, contenant une envie d’injurier.
    Reginald leur ordonna :
    — Poussez-vous… Laissez-moi les commandes ! tout en refermant vivement le cockpit sur sa tête.
    Mac Intosh s’élança vers le second planeur en quelques enjambées et s’engouffra près de Marie-Odile, que sa brûlante intrépidité rendait encore plus belle.
    La voiture prenait de la vitesse. Peter bloqua l’accélérateur avec la manivelle, puis il sauta en marche. Il rejoignit la carlingue en deux bonds d’acrobate.
    Mac Intosh était aux commandes…
    — Ça ira ! dit-il avec une tranquille infaillibilité.
    Il mentait pour se donner du cœur, pour espérer quand même…
    Á l’instant les half-tracks, sans avoir ralenti, freinaient brusquement devant la clôture démantelée du hangar, sur une piste envahie par le gazon.
    L’Hotchkiss roulait toute seule et à toute vitesse, crissant de ses roues tordues. Le volant, non tenu, avait un fort « shimmy ». Le ravin avançait vers elle. Tous, ils découvraient le gouffre sans fond au bout de la falaise.
    Dans un planeur, Reginald, acrobate du ciel, riche de milliers d’heures de vol, luttait, crispé au palonnier.
    Augustin se disait :
    « C’est triste ! Je suis de ces gens dont la mort n’intéresse personne. »
    Stanislas ruminait :
    « Je suis perdu ! Quelle fin idiote ! En vérité, il a fallu que la guerre me touche personnellement pour m’apprendre que j’étais heureux… Avant, je ne le savais pas… j’étais ingrat… Mais à quoi sert l’expérience quand on va mourir ?… »
    Dans le deuxième planeur, Marie-Odile, avec un élan grave, priait. Ses lèvres remuaient doucement, paupières religieusement baissées.
    L’Hotchkiss, entraînant les planeurs, fonça vers le précipice, pendant que le major ordonnait :
    —  Resch ! Schnell !
    Une vibration assourdissante couvrait ses paroles.
    La voiture bascula dans le vide, et après plusieurs tonneaux, s’enflamma.
    Le premier planeur, dont le filin s’était décroché, piqua silencieusement vers la vallée, entraîné par son poids excessif. Á peine avait-il décollé qu’il allait tomber dans le vide, continuant la descente quasi verticale. Le fuselage semblait près de craquer, de se disloquer. Le désastre devenait certain.
    Achbach, le cou tendu au bord du précipice, surveillait les planeurs qui dégringolaient désespérément vers le fond de la vallée.
    — Ils vont se tuer ! opina-t-il comme un amateur qui admire loyalement une performance sportive. Ils sont forcés de couler à pic !
    Les planeurs chutaient en catastrophe. Soudain, comme par une brusque saute dans un corridor de vent, ils s’élevèrent un peu, rasant les arbres. Mais, ils retombèrent dans l’air raréfié. Ce fut pour tous un instant de terreur quand ils virent les toits des maisons se rapprocher.
    Reginald tirait au maximum sur son palonnier, avec la volonté inusable des pilotes. Mac Intosh se raidissait en un effort d’une surhumaine tension.
    L’avion d’observation se maintenait toujours, tournant implacablement, en arc de cercle aisé.
    Stanislas et Augustin, les épaules effondrées, se souriaient, résignés à périr côte à côte. Les différences de classe paraissent dérisoires quand on guette la mort, d’une seconde à l’autre.
    Soudain, comme si les pilotes avaient ménagé dès le début un envol sensationnel, les planeurs se redressèrent, se cabrèrent juste devant l’obstacle des maisons et s’évadèrent vers le ciel.
    Mais vers la falaise.
    Ils s’élançaient tout droit vers le mur de granit, que le Squadron-Leader tentait d’éviter. Ils retournaient vers les Allemands.
    — Pas par-là ! trépigna Augustin congestionné…
    — C’est le courant qui nous entraîne ! cria Reginald, luttant.
    Le vent sifflait dans les oreilles, un vent perdu qui ne trouvait rien à secouer que les planeurs.

XLI
    Achbach avait vu les planeurs remonter vers lui, comme s’ils venaient lui offrir une cible idéale. Il glapit des ordres…
    Le servant de la mitrailleuse du premier half-track empoigna son arme et la fit pivoter.
    Jaillissant du précipice, les planeurs rasaient presque les Allemands.
    Les fugitifs entendirent les balles siffler, des balles rageuses comme des guêpes.
    Les mitrailleuses, cadrant les appareils dans le collimateur, crachaient furieusement la mort.
    Soudain, un panache de fumée
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