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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille
Autoren: Georges TABET , André TABET
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l’urne brisée.
    Avec une prestesse habile, sans nullement attirer l’attention, les Anglais se précipitèrent dans l’escalier de la cave…
    Dans le bureau où Achbach s’était installé, une affiche de propagande intitulée « Notre chemin de croix » accrochait l’attention. On y voyait Napoléon, dans sa pose familière, à Sainte-Hélène, Jeanne d’Arc prier dans les flammes, et un « poilu » de 14 traînant une lourde croix. Une inscription : l’amitié anglaise.
    Le major, tel un juge d’instruction passionné de répression, menait son interrogatoire, alternant la menace et l’ironie, selon une méthode policière éprouvée.
    Il désignait l’affiche :
    — Voilà vos « bons amis » pour qui vous allez être ligotés au poteau, dit-il en manière d’exorde d’une voix aimable.
    Un silence, puis :
    — Douze balles pour vous ! Douze pour vous aussi ! Vingt-quatre balles ! Quel gâchis pour des terroristes. Qui vous a donné ces chiens ? Qui vous a procuré ces uniformes ? Qui sont vos complices ?
    Il s’agissait pour les prisonniers de gagner du temps.
    Stanislas usa d’une arme qu’il savait manier à merveille, après ses années à l’Opéra : la flagornerie envers les puissants :
    — Monsieur le major, vous avez gagné… je m’incline… Vous êtes très fort… Je suis décidé à vous aider… Je vais tout vous dire… mais alors, absolument tout… tout-tout… tout…
    Cela sonnait comme two two two.
    Mais cette précaution oratoire fit l’effet escompté :
    — Á la bonne heure… vous devenez raisonnable, Monsieur le chef d’orchestre… parce que je vous fais peur.
    — En effet… Reprenons du début…, attaqua Stanislas, comme s’il était au pupitre de l’Opéra.
    Il réfléchit, comme s’il sollicitait loyalement des souvenirs lointains et se mit à improviser :
    — Voilà, j’avais rendez-vous le lundi 15 novembre 1941…, non 42. Non, je crois bien que c’était en 40.
    Il fut interrompu par Augustin qui se mouchait avec bruit, sous le regard courroucé du major…
    — Excusez-moi, dit le peintre confus. Ma sinusite qui se réveille.
    Stanislas reprit son récit :
    — Donc , le lundi 15 novembre. Non c’était bien en 42… Donc je devais retrouver le capitaine Jean-Pierre, qui, en réalité est le Sergent Henri, mais dont le vrai nom est Maréchal dans la Résistance.
    Augustin intervint alors, sans ménagement :
    — Permettez… vous faites erreur… Faut être précis… C’était pas un lundi, mais un dimanche… C’était pas en novembre, c’était en janvier, en 40 et, à ce moment-là, Henri ne s’appelait pas encore Maréchal…
    — Vous avez raison, fit Stanislas comme frappé par cette soudaine évidence… Il s’appelait Jules ! Non, Adolphe… Non, Jules, je dis bien.
    S’adressant au greffier, Achbach ordonna :
    — Notez tous les noms de ces gens-là… Noten zie !
    —  C’est loin, tout ça, s’excusa Stanislas.
    Augustin se lançait à évoquer des souvenirs charmants avec Stanislas, laissant carrément Achbach au dehors de ces confidences familières, comme si elles ne le concernaient plus…
    — Je suis d’autant plus sûr de la date que, ce soir-là, vous dirigiez Rigoletto.
    Et il se mit à ténoriser :

    « Comme la plume au vent
    Femme est volage
    Et bien peu sage
    Qui s’y fie un instant… »

    — Pas si vite… léger, léger… Rubato… Á tempo… vivace, indiqua le maestro ravi, tout en chantant en duo avec le peintre le célèbre air de bravoure des ténors…
    Achbach s’interposa entre eux sans colère.
    — Encore une fois, je suis fâché que je dois arrêter la musique ! Bien que j’aime Verdi, mais moins que notre Wagner ! Revenons à nos troupeaux !
    Il prenait des notes :
    — Qui est ce Maréchal Jules ?
    — Je ne sais plus, moi, allégua Stanislas excédé… Il m’interrompt tout le temps. De toute façon, c’est Jules Maréchal.
    — C’était place des Victoires le rendez-vous, en face de la statue de Louis XIV ! s’exclama Augustin comme illuminé par un détail important.
    — Vous avez vu une statue, vous ? objecta Stanislas.
    — Mais oui ! s’entêta le peintre. Comme je vous vois !
    — C’est impossible.
    — Pourquoi ?
    — Parce qu’à ce moment-là les Allemands avaient déjà enlevé toutes les statues pour récupérer les métaux… Hop ! Fauché ! N’est-ce pas, Monsieur le major ? Aidez-moi, vous… Il ne sait
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