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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille
Autoren: Georges TABET , André TABET
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de vapeur brûlant suivi d’une douche glacée, massage, coiffeur, shampooing et voilà le militaire d’attaque pour donner l’assaut, si j’ose dire, aux Parisiennes.
    Il se leva les yeux au ciel :
    — J’en ai connu de superbes… des filles impétueuses… des corps mignons, tout en virages comme la route Napoléon.
    Son geste compléta si singulièrement sa phrase que, tout autour de lui, les yeux pétillaient, on en oubliait de finir sa pinte.
    — Un jour, avec une jolie danseuse nue des Folies-Bergère, figurez-vous que j’ai…
    Il se pencha vers l’oreille d’un de ses camarades et lui fit une confidence d’une telle verdeur qu’aussitôt l’autre, un petit blond hilare, en rougit, si on peut dire, jusqu’aux oreilles.
    Tout le monde voulut connaître le détail croustillant, mais, soudain pudique, Reginald mit un doigt sur ses lèvres.
    — Impossible à dire en public ! Les oreilles ennemies nous écoutent ! Censuré !
    Il y eut le « oh » de déception que toutes les censures du monde provoquent.
    Daisy, la barmaid, qui avait un faible pour le « héros », et lui avait accordé ses faveurs un soir, sur la plage glacée de Westcliff-on-sea, lui décocha d’une voix jalouse :
    — Qu’est-ce qu’elles ont de plus que moi, les Françaises ?
    Reginald sourit sans charité, et avec un regard en coin vers la poitrine débordante de Daisy :
    — Elles auraient plutôt quelque chose en moins ! dit-il.
    L’officier savoura un beau rire d’admiration qui éclata parmi les consommateurs.
    Daisy était révoltée. Mais déjà, Reginald, bon garçon, l’enlaçait avec une gentillesse bourrue, et lui plaquait sur la joue un baiser autoritaire.
    —  I love you ! déclara-t-il sur un ton sans réplique.
    La barmaid en fut attendrie. Des souvenirs voluptueux passaient devant ses yeux gris.
    C’est à ce moment que le téléphone sonna brusquement. Daisy se dégagea et se précipita vers l’appareil.
    — Quoi ?… Oui… D’accord… O. K. !
    Ayant raccroché, elle notifia aux hommes :
    — Reggy, Peter, Mac Intosh, toute la bande, votre nourrice vous réclame ! Allez, quick ! Á la maison… Go home !
    Les aviateurs ne se le firent pas dire deux fois, et quittant en désordre « THE CAT
    AND THE FIDDLE », s’élancèrent dans leurs jeeps en direction de l’aérodrome de Southend-on-sea. Reginald piaffait de plaisir. Il sentait dans ses os qu’il s’agissait enfin du grand raid des mille.

II
    Il ne se trompait pas.
    Une heure après, l’escadre aérienne commandée par Reginald Lloyd prit l’air, en même temps que celle de Detling, Gravesend, Hornchurch, Northolt, et celles du groupe 2, 10 et 12. D’Ecosse s’étaient déjà envolées d’autres flottes, à la seconde exacte, pour le grand rendez-vous.
    L’opération de mille avions sur la Ruhr commençait.
    Á minuit douze, exactement, les sirènes d’Essen, Duissbourg, Mannheim, Ludwigshafen, Karlsruhe, se mirent à hurler, toutes à la fois.
    Un nuage d’insectes de duralumin portant dans leurs flancs le fer et le feu s’approchait en vrombissant du centre industriel allemand. Tous les servants des batteries de la flack nazie étaient en place, au sol, prêts à descendre les oiseaux porteurs de la réponse de Churchill. De tous les terrains, les chasseurs germaniques avaient pris l’air et avançaient au-devant de l’escadre aérienne britannique pour lui interdire le passage.
    Quand la rencontre eut lieu, une formidable et volcanique symphonie explosa. L’orchestration semblait avoir été conçue par Pluton lui-même. Aux voix aiguës des mitrailleuses armant les chasseurs répondaient celles des canons anglais plus graves et plus déchirantes. Comme sur la scène d’un théâtre, des projecteurs balayaient le décor de leurs pinceaux de lumière.
    La voix de Mac Intosh crépita dans les récepteurs collés aux oreilles de Reginald :
    —  Left… Left… gauche… gauche…
    Reginald accusa réception, répétant la phrase. Il suait à grosses gouttes sous son masque à oxygène.
    —  Steady… Right…
    Tout droit et à droite !
    Mac Intosh, un grand garçon blond aux yeux bleus et félins qui ressemblaient étrangement à ceux de Michèle Morgan, était rivé sur son viseur. Quand il vit apparaître au sol le carré qu’on lui avait désigné pour être copieusement arrosé, il hurla :
    — Laissez-les descendre !
    C’était évidemment des bombes qu’il s’agissait.
    Les
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