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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille
Autoren: Georges TABET , André TABET
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Garnier.
    D’un geste vif, le beau Mac Intosh tira à lui son parachute, descendit du cheval aérien et se plaqua contre le soubassement du dôme doré. Avec mille précautions, il se glissa tout le long de ce mur, jusqu’au moment où une lucarne ouverte se présenta devant lui.
    Il s’y engouffra.
    De la salle de spectacle montait le tumulte cuivré de l’orchestre en répétition…
    Une soirée de gala à l’Opéra, réquisitionné par l’Armée d’occupation, était annoncée pour le soir même. L’événement qu’on s’apprêtait à fêter, c’était la nomination à Paris, de l’Obergruppenführer Otto Weber. Le chef nazi était l’envoyé personnel d’Hitler. Sa mission était de faire perdre aux Parisiens leur insouciance légendaire, de les traiter implacablement en vaincus qu’ils étaient et de leur faire comprendre le sens de la « collaboration » : celle de l’âne et du cavalier.

VII
    Au même moment, justement, la voiture d’Otto Weber, une longue Mercedes noire, arrivait de la gare du Nord et se dirigeait vers un somptueux hôtel particulier de l’avenue Foch ; le haut dignitaire nazi allait en prendre possession pour y établir ses quartiers.
    Un peintre perché sur son échafaudage mettait la dernière main au ravalement de la façade, tout en fredonnant le refrain à la mode «  Je suis seul ce soir ».
    Sous lui, une compagnie d’honneur S.S., l’arme au pied, attendait dans la cour de marbre l’arrivée du grand personnage.
    Tout était calme. Une cérémonie simple, austère, et digne allait se dérouler suivant le rite.
    Pourquoi a-t-il fallu qu’à ce moment précis, Peter Cunningham tombe sur l’échafaudage du peintre en bâtiment Augustin Bouvet, «  peintures en tous genres, nettoyages et ravalement  » ? Pourquoi a-t-il fallu qu’un péril mortel fasse ainsi une entrée fracassante dans la vie paisible de ce brave garçon naïf, timide, et inoffensif ?
    Les suspentes du parachute de Peter s’étaient accrochées à un coin des montants de l’échafaudage. L’aviateur britannique se trouvait suspendu dans le vide. La planche sur laquelle se tenait Augustin Bouvet se mit à tanguer.
    En bas, la Compagnie de S.S., l’œil fixé droit devant elle, ne voyait rien.
    Le pauvre Augustin, pris d’une frayeur subite en voyant apparaître cet Anglais, lui adressait des signes désespérés pour qu’il ne fasse aucun bruit. Mais à force de multiplier les « Chut », c’est le peintre qui eût pu se faire dangereusement remarquer par les automates d’en bas.
    Peter, empêtré dans ses suspentes, tentait désespérément de se soustraire à cette situation critique.
    Croyant tirer une des attaches de son parachute, il tira sur la corde de l’échafaudage qui bascula. Augustin glissa et faillit aller s’écraser vingt mètres plus bas, au milieu de l’escorte S.S.. Il se reprit en chancelant, et, tirant convulsivement à son tour sur l’autre corde il réussit à rétablir l’équilibre de l’échafaudage. Mais voilà que les pots de peinture se mirent à glisser en sens inverse. Comme par miracle, ils s’arrêtèrent à temps.
    Peter s’agrippa à ses attaches et tira encore de son côté, obligeant Augustin à faire de même du sien. Les pots de peinture ne savaient plus où aller.
    Á ce moment, précédée d’une escorte de motards, la Mercedes de l’Obergruppenführer, apparut à la grille de la cour et, décrivant un cercle gracieux, vint s’immobiliser devant le perron.
    Les talons claquèrent, une fanfare éclata en notes martiales, des tambours crépitèrent.
    Un S.S. tout noir, à brassard rouge et à lunettes d’acier, se précipita pour ouvrir la porte de la voiture qui semblait neuve tant elle était astiquée.
    Otto Weber descendit, le regard sévère et olympien, véritable divinité, prototype parfait de la pure beauté aryenne. Comme sa voiture, lui aussi était astiqué au point d’avoir l’air de sortir d’une usine spécialisée.
    Il salua à l’hitlérienne.
    Un officier se détacha du groupe des soldats et ayant accompli devant le chef quelques piaffements automatiques, il rendit le salut.
    La haie d’honneur était rangée dans un ordre irréprochable, un garde-à-vous figé rappelant de façon irrésistible que les Allemands sont les plus forts du monde pour fabriquer les soldats de bois qu’on admire à la Foire du jouet de Nuremberg.
    En haut, Peter l’Anglais et Augustin le Français restèrent également au
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