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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille
Autoren: Georges TABET , André TABET
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un drôle de pétrin ! dit-il à l’Anglais, avec reproche.
    —  What is pétrin ? demanda Peter qui grimaçait de douleur.
    Augustin n’eut pas le temps de traduire, des balles miaulaient à leurs oreilles et ricochaient sur les cheminées.
    Les deux hommes se baissèrent et rampèrent contre la pierre. Puis, Augustin entraîna l’aviateur le long des couvertures de zinc.
    — Allez, on se cavale…, le climat n’est pas fameux par ici !
    Ils s’enfuyaient sur les toits, sautant, galopant, franchissant les obstacles d’une maison à l’autre.
    Peter, blessé, perdit encore l’équilibre et dégringola sur le métal des revêtements. Augustin dut se précipiter et le repêcher de nouveau au bord d’une gouttière.
    De là, il voyait en bas les Allemands qui s’agitaient comme des fourmis autour d’un trognon de pomme.
    Il se releva, pris de vertige : – C’est haut ! hoqueta-t-il. Plus loin, une tabatière vitrée était entrouverte, c’était l’issue rêvée. D’autant plus que des bruits de bottes sur les toits se faisaient entendre.

VIII
    Reginald sortit avec un parfait naturel du pavillon où le gardien du zoo l’avait un moment hébergé. Il était déguisé en français moyen : costume fatigué et béret basque.
    — Nom de nom, dit le gardien, j’oubliais la moustache !
    Et il alla chercher une grosse écharpe de laine dans laquelle le Squadron-Leader put dissimuler le bas de son visage.
    — Vos moustaches rousses ! Dangerousses ! déclara-t-il égayé par la rime involontaire.
    Reginald se confondait en remerciements.
    — Surtout, brûlez mon parachute ! C’est une preuve contre vous pour m’avoir protégé, articulait-il avec son rocailleux accent britannique.
    — Que je brûle cette bonne toile ! protestait le gardien à la manière d’un héros de Pagnol. Vous êtes fous, en Angleterre ! J’ai six gosses, moi ! Et il y a là de quoi leur faire des chemises jusqu’à la fin de la guerre !
    Un vacarme les fit rentrer précipitamment dans la maison : dix voitures grises de la Wehrmacht passaient, à toute vitesse, recherchant les parachutistes.
    — Ouf ! Ils sont partis ! Vous pouvez sortir, dit à voix basse le gardien dès que l’escouade motorisée eut disparu.
    Reginald se glissa au-dehors.
    Les deux hommes se serrèrent les mains, vaguement émus.
    —  Good luck ! murmura le gardien en anglais.
    — Bonne chance ! répondit Reginald en français.
    Et comme un homme enrhumé, s’entourant le bas du visage avec le cache-nez, il s’en alla vers le métro le plus proche. Il possédait, comme tous les aviateurs, de quoi circuler dans tous les pays occupés : argent, tickets de transports et bons de rationnement.

    *
    * *

    Jim Reading et Tom Tobby, poussés par les invisibles courants d’une brise légère et compatissante, atterrirent séparément, dans des champs perdus de Seine-et-Oise.
    Recueillis par des paysans, fermiers, B. O. F. en mal de main-d’œuvre, ils furent prestement déguisés en ouvriers. On se souvient encore peut-être que le vœu de la « Révolution Nationale » était le retour à la terre. Ils y obéirent docilement pour leur plus grand bien.
    Rien ne leur arriva que d’aider leurs nouveaux maîtres à emplir leurs lessiveuses bien connues.
    Et l’Histoire n’a rien pu retenir de leur histoire heureusement sans histoires.

IX
    Il n’en fut pas de même pour les autres dont les aventures ne faisaient que commencer.
    Mac Intosh était perdu dans le dédale des couloirs qui serpentent sous le dôme de l’Opéra. Il avançait à pas feutrés, son parachute sous le bras, jetant sans cesse autour de lui des regards inquiets d’homme pourchassé.
    Il entendit soudain les notes grêles d’un piano désaccordé qui jouait le ballet de Coppélia. S’étant rapproché de ce bruit plutôt pacifique, il passa avec précaution devant la porte entrouverte du foyer de la danse.
    Là, sans être vu de personne, il prit, plein les yeux, une provision d’images gracieusement féminines, et pour toute la durée de la guerre. Agrippées à la barre, devant un haut miroir, les danseuses de l’Opéra, dépeignées, à demi nues, luttaient contre leurs articulations rétives. Il s’agissait visiblement pour elles de lever la jambe aussi haut que possible.
    Mac Intosh restait béat d’admiration devant ce spectacle chorégraphique qui, bien avant lui, avait séduit Degas. Instinctivement, il faisait mentalement le même effort que
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