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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille
Autoren: Georges TABET , André TABET
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descendre vers leurs gueules grandes ouvertes un breakfast authentiquement anglais.
    Reginald frémit des pieds à la tête en entendant des rugissements de bienvenue monter vers lui.
    Fort heureusement, la brise et le destin le déportèrent sur la droite vers le roc où les singes caquetant semblaient se désintéresser complètement de la R. A. F. et des conflits humains.
    Mais les tigres étaient là, tout près, séparés par un fossé invisible d’en haut. Ils faisaient les cent pas avec impatience, jetant de temps en temps un coup d’œil vers Reginald, qui tardait comme pour se faire désirer davantage. Ils soufflaient fortement par les narines, gonflant le cou…
    — J’aurais préféré encore les lions qui sont l’emblème de l’Angleterre ! se dit le Squadron-Leader. Déjà il fermait les yeux, renonçant d’avance au combat avec ces félins pourvus de griffes et de dents acérées, alors que lui, pauvre humain, n’avait pour se défendre que des ongles limés à ras, des incisives sans force et par surcroît ridiculement espacées.
    Á dix mètres il se dit : « C’est fini ! » et pensa avec nostalgie à Daisy, la barmaid.
    Mais le vent se leva, anglophile comme certains nuages, et le poussa juste assez pour qu’il descende et sombre dans une pièce d’eau. Le petit lac, en le recevant, fit entendre un « plouf » indigné de personne dérangée dans son sommeil.
    Le parachute, suivant l’amerrissage, vint s’affaler mollement sur la surface de l’eau verte, tel un énorme nénuphar.
    Quand Reginald, après avoir touché le fond, revint à l’air, sa mae-west automatiquement se gonfla, ne trouvant aucune différence entre l’eau agitée de la Manche et l’eau fade et stagnante de cette étroite mare.
    Les moustaches du squadron-leader pendaient lamentablement de chaque côté de sa bouche, en signe de défaite, comme un drapeau en berne.
    Soudain, il se trouva nez à nez avec un phoque qui lui ressemblait comme un frère, par la moustache tombante, l’air étonné, et jusqu’aux dents séparées de part et d’autre de la gueule.
    Reginald, à la vue de ce montre marin, au visage si sympathique, retrouva son sens de l’humour et dit à l’animal, comme s’ils se rencontraient tous deux, faisant trempette sur la plage de Juan-les-Pins :
    — L’eau est bonne ce matin, darling, ne trouvez-vous pas ?
    Le phoque, sans doute interloqué d’entendre soudainement ce drôle de bipède parler anglais, préféra plonger sous l’eau afin de mieux réfléchir à cette rencontre insolite.
    Le gardien du zoo, un méridional hilare, était en train de nourrir les girafes, ce qui n’est pas une sinécure. Il planta là son travail et accourut.
    Enjambant la balustrade de l’étang aux phoques, il se mit en devoir d’aider cet homme tombé des nues. Il s’empêtrait dans les fils et les attaches du parachute, tout en se renseignant :
    — Américain ?
    —  No ! English ! dit Reginald.
    — C’est la même chose, souffla l’autre.
    Pour lui, seuls existaient les Allemands et les Américains : Ennemis et amis.
    Il parvint avec mille difficultés à extraire l’Anglais de l’eau et l’entraîna vers le petit pavillon où il logeait.
    — Vite ! Quick ! Le zoo ouvre dans trois minutes !
    Rapidement, ils disparurent à l’intérieur de la petite maison.
    Déjà, par les immenses grilles, des Allemands permissionnaires pénétraient dans le jardin zoologique armés uniquement d’appareils-photo. Ça les changeait des grenades incendiaires.
    Derrière ces prioritaires, des enfants se précipitaient pour admirer les grands fauves sereins amollis par la douce réclusion et résignés au régime-jockey de l’occupation.

VI
    Peter Cunningham fut servi dans sa chute. Il avait pour passe-temps favori les grandes randonnées à cheval dans la campagne verte et fleurie environnant Southend. Aussi, tomba-t-il dans un style impeccable sur l’énorme croupe de l’un des chevaux aux ailes de pierre, les Pégase de la mythologie grecque, qui ornent de façon grandiose les coins des terrasses de l’Académie Nationale de Musique.
    En bas, dans les rues qui cernent le plus majestueux Opéra du monde, des motocyclistes ennemis, bardés de cuir vert, casqués, le visage recouvert d’énormes lunettes, s’élançaient à la poursuite des aviateurs anglais. Mais fort heureusement ils ne regardaient pas sur les toits des maisons et encore moins sur celui trop élevé du Palais
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