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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille
Autoren: Georges TABET , André TABET
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l’occasion ne se présenterait pas. Et voilà que le moment était arrivé ! Pour l’instant, il fallait d’abord sauter.
    Reginald répéta sa dernière recommandation à ses hommes :
    — Au bain turc, dans la buée, on risque de ne pas se voir… Sifflotez Tea for two !… C’est cette chanson qui servira de signal.
    Pas une seconde il ne devinèrent que les Allemands avaient interdit toutes les chansons anglo-saxonnes, et imposé les refrains d’outre-Rhin à la France occupée.
    Les gars se lancèrent dans le vide, appelés tour à tour par le Squadron-Leader.
    —  Peter Cunningham !
    — Mac Intosh !
    — Dick Ronald !
    — Jim Reading !
    — Alan Bailey !
    — Tom Tobby !
    Avant de sauter, chacun avait planté ses yeux dans ceux du chef. Et, dans ces regards d’une fraction de seconde, Reginald avait compris :
    — Au revoir, ou adieu ! Espérons qu’avec la chance, on s’en sortira. Vous êtes un chic gars… On a bossé ensemble, toujours contents les uns des autres. Bien souvent, vous avez gueulé comme un âne contre l’un ou l’autre d’entre nous. On savait bien que vous ne pensiez pas un seul des mots désagréables éructés à notre égard. On est ami. Au revoir, dans ce monde ou dans l’autre !
    Quand ils eurent tous franchi le pas, Reginald eut une pensée d’adieu pour son bombardier, son vieux lancaster blessé à mort :
    —  Good bye ! You’ve been a good horse. Vous avez été un bon cheval !
    Comme une ampoule se trouvait encore allumée, il tourna sans y penser, par habitude et un peu sottement, le bouton qui l’éteignait. Puis il se précipita tête la première vers le royaume des êtres pourvus d’ailes, lui qui n’en avait plus.
    Dans le ciel de Paris, sept fleurs blanches, sept corolles se balançaient dans l’air frais, avec, au bout de chaque fil dérisoirement mince, la vie d’un homme.

    *
    * *

    Dans les rues parisiennes, à travers tous les quartiers, des patrouilles pétaradantes de la Wehrmacht mécanisée sillonnaient la ville en tous sens, afin de cueillir au moment où elles toucheraient terre, ces fleurs étranges tombées du ciel.
    Á l’Oberkommando der Wehrmacht O. K. W. pour la France, on ne savait trop comment interpréter la chose : « Les Anglais se sentaient-ils donc soudain si forts, qu’ils envoyaient un avion solitaire au-dessus de Paris ? Et en plein jour ! »
    Il fallait en avoir le cœur net, et ne pas laisser échapper les aviateurs britanniques à leurs atterrissages. On les cuisinerait, on emploierait tous les moyens pour les faire parler. Quelle ruse de guerre avait encore inventée la Perfide Albion ?
    Á tout prix, il fallait savoir. Sinon, que dirait Hitler ? Que dirait le petit homme effrayant, tapi dans le Repaire du Loup, le coléreux écumant sous une moustache ressemblant à celle d’un clown génial, sans être comique pour autant…

III
    Sur la terrasse du Palais de Chaillot, un groupe de touristes et de militaires allemands en compagnie de grandes et blondes Souris Grises étaient tout occupés à écouter le laïus de leur guide. L’alerte passée, nul ne se souciait de ce qui se déroulait dans le ciel. En uniforme, avec tout le sérieux appliqué qui fait la force du peuple germanique, le Herr Professor expliquait d’un ton un peu déclamatoire :
    — Le Palais de Chaillot est le résultat du travail conjugué des architectes Carlu, Boileau et Azema. Il a remplacé le vieux Trocadéro qui bouchait la vue. Le Palais de Chaillot, aux lignes sobres, ménage à l’œil une incomparable perspective sur la Tour Eiffel et l’École Militaire fondée par Louis XV, au milieu de la place… Joffre !
    Ce dernier nom passait avec difficulté.
    Le guide pointa le doigt sur la merveilleuse découverte. Tous les touristes se retournèrent d’un seul mouvement vers la Tour de fer, symbole de Paris.
    C’est à cet instant que Dick tomba, apportant avec brusquerie, un élément tout à fait imprévu dans le décor des architectes français. Il s’abattit au milieu du groupe que son parachute vint brutalement recouvrir. Se croyant attaqués par une arme secrète, les Allemands empêtrés, aveuglés, se mirent à hurler en chœur.
    Sous le parachute, Dick essayait de se frayer un chemin à travers des corps emmêlés, jambes en l’air, et qui s’efforçaient aussi de sortir de cette situation.
    C’est ainsi que Dick fit des découvertes sur lesquelles il aurait bien aimé se pencher plus
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