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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille
Autoren: Georges TABET , André TABET
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Southend-on-sea, et des pintes de bière au pub « The Cat And The Fiddle ».

    *
    * *

    Le soleil resplendissait sur une mer de vapeurs légères, un brouillard que l’œil du pilote ne pouvait percer.
    — Peter ! appela encore Reginald. Venez !
    Le navigateur quitta son habitacle et se rendit dans la cabine de pilotage, sa fameuse carte à demi calcinée entre les mains.
    — On devrait être arrivé, dit Reginald, j’appelle la terre, pas de réponse !
    — Pas étonnant, dit le radio Mac Intosh penaud : tout est bousillé…
    — C’est une raison, admit le squadron-leader. Et prenant encore Peter à partie :
    — Êtes-vous navigateur, oui ou non !
    — Euh !… je crois.
    — Alors, je vous le demande : où sommes-nous ?
    Peter s’éclaircit la voix, et dépliant sa carte indiqua du doigt un vague point au milieu du vide qu’y avait découpé l’éclat d’obus :
    — Là…
    — C’est-à-dire ?
    — Sans m’avancer beaucoup, je peux certifier que nous nous trouvons au-dessus de Calais.
    Reginald regarda sous lui la couche épaisse des nuages. Comme pour lui plaire, elle se déchira soudainement, laissant apparaître dans la lumière bleue du matin la Tour Eiffel, cernée par un fantastique entassement de maisons.
    Reginald ressentit un choc.
    — Calais ! dit-il avec reproche. Regardez ! Est-ce que cette ville ressemble à Calais ?
    Peter se pencha aussi et commença sérieusement à douter de son sens de l’orientation…
    — Pilote à équipage… Sauve qui peut ! dit calmement Reginald dans son micro.
    Et plaisantant comme tout Anglais qui se respecte, quand il se trouve dans une situation désespérée, il poursuivit en français, avec un atroce accent de Piccadily :
    —  Pardonne, Moussiou, le rue di Londres, s’elle vaou play ?
    Un obus lui répondit, perçant violemment une des ailes du bombardier.
    C’est qu’en bas, à Paris, on avait sonné l’alerte, déclenché le hurlement des sirènes, mobilisé les artilleurs de la flack allemande. Dans les rues, les passants se hâtaient vers les abris, avec des remarques qui variaient selon les opinions.
    — C’est le débarquement ! Enfin !
    Un passant, croisant un soldat allemand, lui lança, certain qu’il ne comprendrait pas :
    — Ce soir, on dira : gute nacht, mais demain : good morning !
    D’autres se réjouissaient déjà :
    — Je vais bientôt revoir mon fils qui est chez de Gaulle !
    — Qu’est-ce qu’ils vont prendre, les frisés !
    Les « attentistes » bougonnaient :
    — Et nous avec !
    C’était plutôt l’appareil anglais qui prenait, pour l’instant. De toutes les batteries antiaériennes dispersées aux quatre coins de la capitale montaient des traits de feu.
    Á l’horizon, plus aucun nuage anglophile où se cacher.
    Dans le ciel transparent de Paris, qui, pour une fois, avait perdu sa brume couleur grisaille, le bombardier constituait une cible idéale.
    — Pan ! dans le fuselage !
    — Pan ! dans le gouvernail !
    — Pan ! dans la carlingue !
    Les artilleurs allemands exultaient.
    Reginald accomplissait des prodiges d’adresse pour décrire des zigzags et échapper au tir meurtrier. Mais si quelques commandes fonctionnaient encore, bien des manœuvres qu’elles indiquaient n’étaient plus transmises. Tous les câbles étaient coupés.
    Reginald poussa un soupir déchirant et lança à son équipage :
    — Parez à l’abandon de l’air-craft ! On va sauter !
    Les hommes s’attendaient à cet ordre et se pressèrent à l’issue de dégagement, cet Emergency Exit qu’on espère ne jamais utiliser.
    Reginald allait l’ouvrir, quand un obus prévint son geste, et arracha la porte, ainsi que le morceau de carlingue qui tenait encore autour.
    Les hommes couraient partout dans l’avion.
    Il fallait immédiatement sauter en parachute. Tomber bien, ou tomber mal. Se faire descendre comme un pigeon sans défense ou atterrir sain et sauf. Une fois à terre, être fait prisonnier, ou s’en sortir. Dans ce dernier cas, bien improbable, tous savaient qu’ils devaient se rendre au fameux Bain Turc de la Mosquée de Paris.
    C’était le point de ralliement où Reginald comptait sur Mezziane, un ami sympathisant qui les vêtirait, les hébergerait, et les conduirait ensuite en zone libre. Là, ils possédaient des filières pour franchir la frontière espagnole et aller reprendre le combat en Angleterre. Souvent, on en avait parlé en pensant que
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