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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille
Autoren: Georges TABET , André TABET
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rien, il confond tout…
    Et se mettant à son tour à interroger l’Allemand.
    — Aviez-vous, oui ou non, récupéré Louis XIV ? demanda Stanislas.
    Le Major s’impatientait.
    — Nous sommes loin des deux aviateurs anglais !…
    — C’est juste, consentit Stanislas… Mais nous y viendrons…, rassurez-vous…
    Ah ! comme c’est triste, tout ça… Que c’est terrible, la guerre !
    Puis sans transition, obéissant à quelque pensée baroque, il jeta dans le détail :
    — Moi, je suis né en 14 !
    Cette fois, sans le vouloir, il avait atteint en plein cœur le Major qui s’apitoya avec componction :
    — Ah ! 1914 ! Je me souviens, j’étais étudiant à Heidelberg ; quatre années de guerre sans voir mon père, dans les tranchées, en Argonne… la boue, la neige… le fort de Douaumont !
    Le gros homme, à cette image de la grande guerre, s’attendrissait, oubliait le présent et s’abandonnait à l’affliction, comme s’il était en famille.
    Mais brusquement, il se rendit compte du ridicule de sa situation. Il se reprit, tapa sur la table et fulmina :
    — En voilà assez ! De moi vous osez vous fouter ! Tous les deux ! Vous savez bien où ils sont, vos deux amis Anglais. Moi, je suis sûr qu’ils ne sont pas loin !
    Depuis quelques minutes déjà, l’atmosphère se surchauffait de plus en plus dans la pièce. On transpirait, on était mal à l’aise. Sournoisement, par les bouches de chaleur, s’exhalait une légère fumée, qui prenait à la gorge.
    Dans la cave, les flammes dansaient, montaient et léchaient les murs, par rafales.
    Les trois Anglais, suivant leur plan qui consistait à mettre le feu à la Kommandantur, pour la faire évacuer et s’enfuir ainsi, jetaient dans le brasier tout ce qui leur tombait sous la main : paille, journaux, planches, caisses.
    Le Squadron-Leader jubilait, une bouteille de fine dans chaque main, brisant les goulots, versant l’alcool sur la fournaise, qui grondait, crépitait, pétillait…
    Reginald, alcooliquement heureux, ouvrit une bouteille, avala une glorieuse lampée de fine et s’égosilla en s’écriant :
    — Vive Napoléon !

XXXVIII
    Le chariot de Marie-Odile revint devant le perron de la Kommandantur. La religieuse se précipita vers le planton :
    — Je me suis trompée de barriques !
    — Quelles barriques ? fit le nouveau planton, qui avait depuis quelques minutes relayé l’autre.
    La Sœur agacée, survoltée d’angoisse, désigna les barriques de vin de son chariot :
    — Oui… celles que vous avez prises… pas bonnes… il faut les changer et me les rendre.
    Á ce moment, d’un soupirai s’envola une épaisse fumée noire. Le soldat constata qu’un incendie venait de se déclarer dans le sous-sol.
    Il courut donner l’alerte.
    Le feu maintenant dévorait toute la cave. Désormais, les Anglais n’avaient plus qu’à laisser le foyer s’étendre. Ils sortirent les masques à gaz qui pendaient dans leurs étuis fixés à leurs ceinturons.
    Le sous-officier bigleux et son complice, en caleçon et maillot, adossés aux tonneaux, ligotés, bâillonnés, furent jovialement libérés par les aviateurs. Les trois Anglais remontèrent, leurs visages dissimulés sous les masques à gaz. Du vestibule, on entendait le « pin pon » lointain des pompiers. La panique était bruyante. On se démenait pour fuir, et comme toujours dans ces cas-là, l’affolement de la bousculade créait l’embouteillage qui empêchait de sortir.
    La porte de la cave s’ouvrit. Comme des démons environnés de fumée satanique, les trois Anglais masqués foncèrent vers la porte d’Achbach.
    Revolver au poing, ils firent irruption dans le bureau du major… Quelques secondes après, ils en sortirent avec Stanislas et Augustin, laissant Achbach et son greffier enfermés à leur place.
    Le gros Prussien enfonça la porte et se rua dans le vestibule :
    —  Alarm ! Alarm ! éructa-t-il, le cou tendu.
    Le hall était submergé par une foule de soldats qui, en raison de l’âcre fumée, avaient mis leur masque à gaz. Comment, dans cette cohue masquée, reconnaître les fuyards ?
    Les plantons déménageaient des bureaux dossiers, livres, classeurs, machines à écrire, pour les soustraire au feu qui soufflait en tempête.
    Marie-Odile guidait les pompiers français vers la cave. Elle pensait que les Anglais y étaient toujours.
    Les pompiers traînaient leurs lances et leurs tuyaux.
    — Vite, disait la sœur… Il
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