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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille
Autoren: Georges TABET , André TABET
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Stanislas et d’Augustin, celles-là mêmes que le major avait fait diffuser :
    — Nous venons à l’instant de capturer ces deux hommes !…
    Le major alors poussa un âcre juron de joie.
    Bouffi d’orgueil, il se leva et mit les photos sous le nez de Peter :
    — Vos amis ! Prisonniers… ici !
    Mais Peter, les yeux au plafond, garda son self-contrôle et répliqua posément :
    — Je m’appelle Peter Cunningham. J’appartiens à la Royal Air Force. Mon numéro matricule est : one two one, two, two, two.

XXXVI
    Dans un nuage de poussière brillante, le chariot surgit d’un virage et la religieuse tira vigoureusement sur les rênes.
    Les chevaux arrêtés, Marie-Odile se retourna vers les tonneaux.
    — Ils ont pris Augustin et Stanislas ! Qu’est-ce qu’il faut faire ?
    Nul ne lui répondit.
    Elle frappa, avec le manche de son fouet, la première barrique. Pas de réponse. Elle frappa de plus en plus fort. Les barriques rendaient un son « plein ».
    Affolée, elle s’agenouilla, prit un gros maillet et tapa avec la furie de désespoir sur le couvercle du tonneau.
    Le bouchon sauta d’un seul coup. Un jet de bourgogne jaillit rouge comme du sang.
     
    *
    * *

    Dans la cave de la Kommandantur, les deux fûts sans bourgogne reposaient sur le sol.
    Le couvercle de la première barrique se dévissa de l’intérieur, se souleva, et le visage ravi de Mac Intosh apparut.
    Les caves de la Kommandantur étaient bourrées de provisions « prélevées » sur les épiceries françaises : les « magnums » de Champagne, aux marques des « veuves » les plus célèbres de Reims voisinaient avec les bouteilles de liqueurs, de rhum, les caisses de fine Napoléon accompagnaient les plantureux jambons de Bayonne, les saucissons de tout calibre. La floraison de fromages eût contenté l’amateur le plus exigeant.
    Mac Intosh frappa à la barrique voisine.
    Le couvercle du tonneau voisin s’ouvrit, et la tête du Squadron-Leader surgit :
    — Encore une cave ! Nous en avons de la chance !… Et nous voilà en zone libre, mon ami ! J’ai bien entendu parler allemand au passage de la ligne, puis plus rien. Enfin ! tout s’est admirablement passé… La sœur va venir sans doute… que fait-elle ?
    Il lança d’une voix flûtée :
    — Sœur Marie-Odile… sœur Marie-Odile…
    Mais il entendit pour toute réponse des pas lourds dans l’escalier accompagnant des voix allemandes…
    Les deux aviateurs comprenant soudain que quelque chose n’avait pas fonctionné, renfermèrent d’un coup sec et avec un synchronisme parfait leur couvercle sur eux.
    Dans l’escalier, le sous-officier bigleux et l’un de ses hommes venaient en complices goûter subrepticement le bon vin français arrivé à l’instant.
    Armé d’un vilebrequin et d’une casserole, le sous-officier louchait voluptueusement vers la barrique. Il enfonça néanmoins tout droit la vrille dans le flanc du tonneau, et commença à tourner pendant que l’autre tendait la casserole :
    Un cri retendit :
    — Aïe !
    Les deux Allemands se regardèrent de travers mais n’eurent pas le temps de réagir. Le couvercle de Reginald se leva, et le Squadron-Leader assomma les deux larrons.
    —  Nine, ten, out ! dit-il comme sur un ring.
    Mac Intosh, alors, jaillit de son tonneau :
    — Compliments, chef !
    — Merci, mon ami. Mais nous ne sommes pas en zone libre, il me semble… Que s’est-il passé ?

XXXVII
    Augustin et Stanislas étaient détenus dans un poussiéreux débarras de la Kommandantur où se trouvaient remisés registres d’état civil, buste de Marianne reniée, portrait du président Lebrun, vestiges des temps heureux d’une petite mairie souriante.
    Stanislas cloué sur des archives, le souffle contracté, l’œil mauvais, était maintenant le plus abattu des deux.
    — Cette fois on est foutu ! Ah ! Un homme comme moi finir comme un homme comme vous ! se lamentait-il.
    Augustin arpentait la cellule. Il ne savait que faire de ses mains, les mettant dans ses poches, les retirant, donnant des coups de poing sur les paperasses entassées :
    — Je suis peut-être qu’un minable, un homme du peuple, mais vous verrez à l’interrogatoire. Ils peuvent me tuer, je ne parlerai pas…
    — Moi non plus ! Ils peuvent vous tuer, je ne parlerai pas…, déclara Stanislas avec une abominable sincérité due à une seconde d’étourderie.
    Augustin fut suffoqué par cet égoïsme démasqué :
    — Je
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