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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan
Autoren: Michel Zévaco
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Gorelle comprit à merveille. Une fois de plus, une lueur menaçante s’alluma dans ses prunelles. Malgré tout, comme elle n’était pas femme à renoncer si facilement, elle allait insister. A ce moment, elle aperçut les deux Pardaillan qui écoutaient. Ses yeux se mirent à papilloter éperdument comme un oiseau de ténèbres que la lumière du jour éblouit. Et elle bredouilla :
    – Allons, je vois que tu continues à te méfier de moi. Tu as tort, ma petite, je ne te veux pas de mal, ni à toi ni à l’enfant. Adieu.
    Et elle battit précipitamment en retraite vers la rue de Grenelle.
    Un peu ébahie de ce départ si précipité qui ressemblait à une fuite, Brin de Muguet respira plus librement. A ce moment, le chevalier de Pardaillan s’approcha d’elle, rafla les quelques fleurs qui lui restaient et posa une pièce d’or sur son éventaire. Et, comme elle faisait mine de fouiller dans son sac pour rendre la monnaie, avec un geste large de grand seigneur :
    – Gardez, ma belle enfant, gardez, fit-il avec douceur.
    Brin de Muguet remercia par une gracieuse révérence que Pardaillan et son fils admirèrent en connaisseurs qu’ils étaient. Et, voyant qu’elle allait s’éloigner, Pardaillan l’arrêta du geste et reprit d’un air détaché :
    – Vous parliez, je crois, d’une enfant que vous avez enlevée à cette vieille femme qui la maltraitait.
    En disant ces mots, il l’étudiait, sans en avoir l’air, de son regard clair. Et il faut croire que cet examen lui était favorable car il gardait aux lèvres ce sourire très doux qu’il ne trouvait que pour ceux qui étaient dignes de son amitié. Au reste, Brin de Muguet supportait cet examen sans manifester ni trouble, ni inquiétude. Seulement, elle se fit très sérieuse, sérieuse jusqu’à la gravité pour répondre :
    – En effet, monsieur.
    – Une enfant qui s’appelle Loïse ?
    – Oui, monsieur.
    Pardaillan parut réfléchir une seconde, et, redoublant de douceur :
    – Excusez-moi, mon enfant, si je vous pose quelques questions qui vous paraîtront peut-être indiscrètes, mais qui me sont dictées par les raisons les plus sérieuses, et non point par une curiosité déplacée, comme vous seriez en droit de le supposer. Voulez-vous me faire la grâce d’y répondre ?
    – Très volontiers, monsieur, fit-elle comme malgré elle, sans rien perdre de sa soudaine gravité.
    Le père et le fils échangèrent un coup d’œil qui disait : « C’est une nature franche et loyale, Celle-là ne mentira pas. » Elle, elle attendait, toujours grave. Et maintenant c’était elle qui les fouillait de son regard lumineux.
    – Savez-vous l’âge exact de cette petite Loïse ? reprit Pardaillan.
    – Trois ans et demi.
    La réponse – Pardaillan le remarqua – était brève comme toutes celles qu’elle avait faites jusque-là. Mais, comme les précédentes réponses, elle tombait aussitôt après la question, sans la moindre hésitation. Et les grands yeux lumineux, d’un beau bleu sombre, demeuraient sans ciller, franchement fixés sur les yeux de Pardaillan. Telle qu’elle était, cette réponse, il faut croire, n’était pas du goût de Jehan qui ne put réprimer un geste de contrariété. Pardaillan, lui, ne sourcilla pas. Il reprit :
    – Cette enfant est une parente à vous ?
    – C’est ma fille.
    – Votre fille ! sursauta Pardaillan.
    – Oui, monsieur.
    Malgré eux, les deux Pardaillan lancèrent un coup d’œil furtif du côté du pilier derrière lequel se cachait toujours Odet de Valvert qui sans la comprendre, assistait de loin à cette scène. Et ils ramenèrent leurs regards sur Brin de Muguet, qui attendait très calme. Pardaillan ne doutait pas de la sincérité de cette jeune fille ; ses réponses étaient si nettes, si précises, son attitude si tranquille. Mais il s’étonnait :
    – La vieille femme que vous avez appelée La Gorelle ne paraissait pas soupçonner que cette petite Loïse est votre fille dit-il.
    – Elle l’ignore en effet. Et je me garderai bien de le lui faire savoir.
    – Vous êtes bien jeune, il me semble, pour avoir un enfant de trois ans et demi.
    – Je parais plus jeune que je ne suis. Je vais avoir dix-neuf ans, monsieur.
    – Vous m’en direz tant ! Je vous rends mille grâces, madame, de l’obligeance avec laquelle vous avez bien voulu me répondre. Quand vous passerez rue Saint-Denis, entrez de temps en temps à l’auberge du
Grand
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