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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan
Autoren: Michel Zévaco
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Passe-Partout.
C’est là que je loge. Vous demanderez le chevalier de Pardaillan et, que j’y sois ou que je n’y sois pas, vous laisserez quelques-unes de vos fleurs qui embaument, en échange desquelles on vous remettra une pièce d’or.
    – Je n’y manquerai pas, monsieur le chevalier, promit Brin de Muguet en répondant par une révérence au large coup de chapeau que lui donnaient très poliment les deux Pardaillan.
    Le père et le fils, se tenant par le bras, s’éloignèrent. Quelques pas plus loin, d’un même mouvement ils s’arrêtèrent et se retournèrent. Brin de Muguet était toujours à la même place où ils l’avaient laissée. Elle les regardait d’un air profondément rêveur. Ils ne la virent pas. Ils cherchaient plus loin. Ils cherchaient Odet de Valvert qui, les voyant toujours là, n’osait pas sortir de derrière son pilier.
    – Pauvre Odet, murmura Jehan, le coup sera dur pour lui quand il saura.
    – Oui, dit Pardaillan assombri, et c’est grand dommage… car il est capable d’en mourir. Corbleu ! qui aurait dit cela de cette petite à qui on donnerait l’absolution sans confession !
    – Elle est peut-être mariée, monsieur. Elle ne paraissait ni honteuse ni gênée.
    – J’ai remarqué, en effet, qu’elle n’avait pas l’air d’une coupable. Il n’en est pas moins vrai que la voilà perdue pour Valvert et que cela me chagrine pour lui, qui est un brave et digne enfant que j’aime.
    Ils reprirent leur marche et tournèrent à gauche dans la rue d’Orléans (absorbée par l’actuelle rue du Louvre). Au bout de quelques pas, Jehan soupira :
    – Encore une fausse émotion. Ah ! monsieur, je commence à croire que jamais je ne retrouverai ma pauvre petite Loïsette.
    – Et moi, chevalier, je te dis que nous la retrouverons. Je ne suis venu ici que pour cela, corbleu ! Et puis, je ne la connais pas, moi, cette petite Loïsette, et je veux la connaître avant de partir pour le grand voyage dont on ne revient jamais. Par Pilate, il ferait beau voir qu’un grand-père s’en aille sans avoir embrassé sa petite-fille. Nous la retrouverons, te dis-je.
    – Dieu vous entende, monsieur.
    – Bon, dit Pardaillan de son air railleur, nous nous remuerons tant, nous ferons un tel bruit qu’il faudra bien qu’il finisse par nous entendre. Dieu, vois-tu, et c’est assez naturel étant donné son grand âge, est un peu dur d’oreille. Mais j’ai toujours vu qu’il entendait ceux qui savent se remuer pour se faire entendre de lui. Nous nous remuerons, chevalier, et je te réponds qu’il nous entendra.
    Ils tournèrent encore une fois à gauche, dans la rue des Deux-Ecus, ce qui devait les ramener forcément rue de Grenelle.
    q

Chapitre 3 LA DAME AUX YEUX NOIRS SE FAIT CONNAITRE
    E h bien, madame, disait La Gorelle revenue près de la litière, vous avez vu ? Elle aussi, elle m’a reconnue tout de suite.
    – Oui, répondit la dame invisible, elle t’a reconnue, non sans frayeur. Cette enfant ne me paraît pas avoir gardé un excellent souvenir de toi et des soins que tu prétends lui avoir prodigués.
    – C’est une ingrate, prononça La Gorelle en manière d’excuse.
    – Dis plutôt que tu as dû la martyriser. Elle s’en souvient, la pauvre petite. C’est assez naturel.
    La dame invisible relevait, comme on voit, la méchante accusation portée par La Gorelle. Pourtant sa voix gardait la même immuable douceur. Vraiment, on n’aurait su dire si elle plaignait « la pauvre petite », comme elle venait de dire, et si elle s’indignait de la conduite de La Gorelle. Pareille à un juge souverain, elle semblait noter avec impartialité le bien et le mal, le pour et le contre, avant de rendre son jugement. Elle reprit :
    – Je t’ai observée pendant que tu lui parlais. Je crois que tu n’as pas tenu compte comme il convenait des recommandations que je t’avais faites. Je te le répète, et c’est la dernière fois : n’entreprends jamais rien contre cette enfant… si tu tiens à la vie. Ni en bien ni en mal, ne t’occupe jamais plus d’elle. Evite-la, agis comme si elle n’existait plus pour toi. Je te conseille de ne jamais oublier ces recommandations comme tu as oublié les précédentes. Je te le conseille dans ton intérêt, tu comprends…
    Cette fois encore, elle n’avait pas jugé nécessaire de hausser la voix. Mais cette fois encore, le ton et le regard qui soulignaient les paroles étaient tels que La Gorelle,
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